Les discussions pour l'avenir de la Nouvelle-Calédonie se sont engagées mercredi 26 mai à Paris, à l'Hôtel Matignon. Premier coup de théâtre : Pierre Frogier a annoncé sa décision de quitter les discussions. Synthèse de cette première journée.
Le Premier ministre Jean Castex a reçu ce mercredi 26 mai les délégations d'élus calédoniens à Paris dans le cadre des discussions sur l'avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie. Premier rendez-vous d'une semaine de discussion à l'approche de la troisième consultation sur l'indépendance.
Prise de contact
Pour cette première journée des discussions parisiennes sur l'avenir de la Nouvelle-Calédonie, rendez-vous était donné à Matignon. Contrairement à la tradition des Comités des Signataires, les délégations des différentes formations politiques n'ont pas été reçues ensemble par le Premier ministre et le ministre des Outre-mer, mais les unes après les autres. Objectif affiché du gouvernement : marquer un temps de rencontre avec chaque délégation.
C'est l'Avenir en Confiance qui est arrivée la première, suivie de l'UC et de Calédonie Ensemble. Premier coup de théâtre, après moins d'une heure de discussion, Pierre Frogier (l'Avenir En Confiance) a annoncé qu'il avait décidé de quitter les discussions (voir sa déclaration ci-dessous).
Les premiers échanges ayant pris du retard, les trois répresentants de Calédonie ensemble, à savoir les députés Philippe Dunoyer et Philippe Gomes et le sénateur Gérard Poadja, sont allés directement rencontrer le Premier ministre sans passer devant la presse présente dans la cour de Matignon.
Un dîner de travail s'est ensuite déroulé dans la soirée avec des représentants des formations politiques calédoniennes du groupe "Leprédour" (5 indépendantistes - 5 loyalistes), sans le sénateur Pierre Frogier. Juste avant, Jean Castex a tenu un discours en privé pour les invités du dîner, à l'issue des premières rencontres avec les délégations.
Déclarations
►Membre de la délégation de l'Avenir en Confiance, Pierre Frogier a indiqué à sa sortie de l'entretien avec le Premier ministre qu'il quittait les discussions. Voici sa déclaration à sa sortie : Nous sommes mandatés pour obtenir de l'Etat que ce référendum ait lieu le plus tôt possible (...) et c'est ce qu'exigent nos concitoyens. Les indépendantistes conformément à la loi ont demandé qu'il ait lieu, sauf que c'est le gouvernement qui définit la date. Les indépendantistes dans le même temps exigent, ce n'est pas mon propos, c'est le leur, que ce référendum ait lieu le plus tard possible. Ce que j'ai indiqué au Premier ministre c'est que dans la mesure où ce référendum n'a pas lieu le plus tôt possible, c'est à dire avant l'échéance présidentielle, cela voudra dire que ce gouvernement aura basculé dans le camp des indépendantistes. Il aura fait le choix de l'exigence du camp indépendantiste. Dans ces conditions, puisqu'aucune réponse ne nous est donnée pour l'instant, je ne participerai pas pour ma part aux différents échanges qui vont se dérouler sur le Oui ou le Non, parce que je considère que cela n'a pas de sens. Peut-être dans un second temps, mais pas pour le moment.
►De son côté, Sonia Backès a expliqué que lors de l'entrevue avec Jean Castex, l'Avenir en Confiance lui a demandé "d'être courageux". Regardez sa déclaration :
► Les indépendantistes de l'UC ont eux salué un "contact franc" avec Jean Castex qui, a expliqué Roch Wamytan, souhaitait faire connaissance, "sans rentrer dans les détails" des discussions. "Le Premier ministre nous a dit "vous ne me connaissez pas, je ne vous connais pas, c'est la première fois que je vois vos visages et il est important qu'avant d'entamer le travail que nous sommes venus faire à Paris de se connaître."", a expliqué le président du Congrès calédonien. "Je pense qu'il s'est exprimé avec son coeur (...) et il a insisté sur ce qui nous guide depuis les accords de Matignon, de Nouméa, c'est à dire le dialogue, la concertation, pour pouvoir trouver une solution pour la Nouvelle-Calédonie, pour trouver un format institutionnel qui puisse nous tirer vers le haut et que nous sortions de cette longue période gagnant-gagnant. L'Etat français aussi a des intérêts dans le Pacifique. Nous avons nos propres intérêts locaux. (...) Nous venons avec une chose, c'est que notre droit a la décolonisation, à former demain un Etat, soit bien compris et pris en considération. Il était important que pour la première rencontre nous puissions échanger à ce niveau-là, la date du référendum viendra ensuite. On est prêts à dialoguer. J'ai fait 16.000 km quand même et on est là pour discuter, chacun avec ses positionnements et on va commencer à discuter demain. On trouvera bien une solution."
La déclaration de Roch Wamytan à Paris :
► Gilbert Tyuienon, vice-président du gouvernement de Nouvelle-Calédonie, parle lui aussi d'un contact "très franc", "très poli", qui pose "les bases d'une discussion avec dialogue, respect". "L'UC va assumer sa responsabilité de signataire des accords de Matignon-Oudinot, de l'accord de Nouméa mais toujours dans la fidélité de la ligne de défense du parti, à savoir conduire le pays à son émancipation."
Le programme de jeudi
Ce jeudi 27 mai, les délégations calédoniennes ont rendez-vous au ministère des Outre-mer pour entamer la restitution des travaux de l’Etat sur les implications du Oui et du Non. Dans la matinée, il sera question des conséquences en matière de droit international et de droit interne. Dans l'après-midi, ce sont les enjeux concernant la monnaie, les accords commerciaux et le nickel qui seront examinés. Enfin, les débats porteront sur les finances publiques.
Synthèse en vidéo