L’avenir économique de la Guyane lié à la stratégie sur l’or

Mineur sur le massif de nickel du Koniambo en Nouvelle-Calédonie
Avec ses trois grandes usines et ses nombreux sites miniers, le nickel est au cœur de l’activité économique et du rééquilibrage politique en Nouvelle-Calédonie. Cette expérience unique pourrait servir de référence au projet industriel et minier guyanais Montagne d’Or.
En Guyane, la possibilité d’un développement minier responsable s’appuyant sur les opportunités minières et géologiques de l’or entend répondre aux énormes besoins d’investissements et d’emplois du département français d’Amérique du Sud.

Revendications guyanaises

Le projet industriel et minier Montagne d’Or va-t-il évoluer ? Dans une interview exclusive accordée à Guyane La 1ère, Christiane Taubira, ex ministre de la Justice et garde des Sceaux renvoie presque dos à dos opposants et partisans du projet guyanais, tout en rappelant : « En 1994, il avait été envisagé de créer une société d’économie mixte pour gérer la question minière en Guyane, cette proposition reste encore d’actualité ».
De son côté, Rodolphe Alexandre le Président de la Collectivité Territoriale de Guyane (CTG) a réaffirmé, toujours sur Guyane La 1ère, son soutien au projet minier "alors que la Guyane compte 32 % de chômeurs", tout en indiquant, "nous sommes en train de négocier l’entrée au capital de Montagne d’Or, à partir du moment où nous apportons le foncier (le site minier ndlr), un peu comme en Nouvelle-Calédonie". 

Dans le même ordre d’idée, un rapport encore confidentiel d’économistes français, réalisé à la demande de la compagnie minière guyanaise, valide la faisabilité du projet et notamment les 3.700 créations d’emplois dans la région de Saint-Laurent-du-Maroni. Ce rapport poserait néanmoins la question d’une participation publique guyanaise au capital de Montagne d’Or. Le projet est aujourd’hui financé par deux compagnies minières internationales, Nordgold et Colombus Gold.


Et en Nouvelle-Calédonie ? Sur place, les grands acteurs de l’industrie minière font l’objet d’alliances entre des partenaires institutionnels calédoniens et des industriels français ou internationaux. Un schéma participatif donné en exemple par Emmanuel Macron lors de son dernier déplacement…en Guyane.

Nickel : participations calédoniennes

La SLN : 34 %. La Société Territoriale Calédonienne de Participation Industrielle (STCPI), qui représente les trois provinces calédoniennes, détient 34% du capital de la Société Le Nickel (SLN), premier employeur privé de Nouvelle-Calédonie, et 4% de celui de sa maison mère, le groupe métallurgique et minier français Eramet. Cette participation comprend 34 % de la grande usine de nickel de Doniambo et du domaine minier.

KNS : 51 %. Le complexe industriel et minier de l’usine du Nord, également appelé Koniambo Nickel, est détenu à 51 % par la Société Minière du Sud Pacifique (SMSP) qui représente les intérêts calédoniens dans la co-entreprise (KNS) fondée avec la multinationale anglo-suisse Glencore.

VNC : 5 %. La grande usine du Sud, est détenue à 95 % par la compagnie minière brésilienne Vale. Les intérêts calédoniens représentent 5 % du capital du grand complexe industriel et minier. La Société de Participation Minière du Sud Calédonien (SPMSC) représente les 3 provinces de Nouvelle-Calédonie.

Le poids du nickel

L’activité minière et industrielle représente près de 10.000 emplois directs et indirects en Nouvelle-Calédonie. Le nickel constitue la principale richesse de l'économie du Territoire, dont la santé est très dépendante du cycle des cours de cette matière première, fixé chaque jour à la Bourse des métaux de Londres (LME). On le surnomme le Roi Nick, tant le nickel incarne un personnage prédominant de la vie du Caillou, qui a marqué son histoire, sa démographie, son développement, mais aussi ses paysages. L'île abrite, selon l'USGS (United States Geological Survey), 9% des réserves mondiales, et se situe au sixième rang des producteurs mondiaux.  

Les ambitions de l'or

En Guyane, les importantes réserves d’or sont actuellement exploitées à 90% par des orpailleurs illégaux. Ces exploitations artisanales illégales utilisent, sans le recycler, le mercure, dont l’usage est pourtant interdit et qui ne se dégrade, contrairement au cyanure qui s’oxyde. En outre, le taux d’or récupéré sur le minerai est de 30%, contre 90% dans le procédé industriel par lixiviation en cuve que propose Montagne d'Or, réduisant d’autant les volumes de résidus.