Avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie : la séquence politique s'ouvre à Paris

La délégation indépendantiste sort du ministère de l'Intérieur, le mardi 5 septembre 2023.
Les délégations indépendantiste et non indépendantiste ont été reçues chacune leur tour par des conseillers place Beauvau ce mardi. Ces rencontres visaient à préparer le rendez-vous -peut être trilatéral- qui aura lieu demain en présence de la Première ministre et du ministre de l'Intérieur.

Après des réunions techniques à huis clos consacrées au nickel, la page politique de cette nouvelle séquence calédonienne s'est ouverte mardi 5 septembre. Les membres des délégations indépendantiste et non indépendantiste ont été reçus par les conseillers du ministre de l'Intérieur, place Beauvau, à Paris. Les réunions, d'une heure et demie chacune environ, se sont enchaînées toute la journée.

Seuls les membres de la délégation non indépendantiste ont accepté de s'exprimer en sortant du ministère. La délégation indépendantiste a préféré ne pas réagir, Louis Mapou réservant ses déclarations pour les prochains jours.

Une semaine potentiellement "historique"

"C'est une semaine qui peut être historique, s'enthousiasme Philippe Dunoyer (Calédonie Ensemble). Elle devrait témoigner demain -je l'espère en tout cas- du début des réunions plénières pour aborder le sujet de l'avenir institutionnel, pour que l'on sorte par le haut de l'Accord de Nouméa".

La tenue d'une réunion trilatérale "sera déjà un gage de réussite" selon le député, qui salue "la mobilisation" du gouvernement et souligne "le positif" que représente en soi la présence des deux délégations à Paris. Il y a un an, en septembre 2022, les indépendantistes n'avaient pas répondu à l'invitation du ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, qui les conviait à "un comité des signataires" dans la capitale. Philippe Dunoyer se dit confiant pour parvenir à un accord : "Il n'y a pas d'autre solution. (...) Si l'on se donne jusqu'à l'automne, on devrait pouvoir aboutir à un accord."

Personne ne demande à personne de renoncer à ses convictions. (...) L'enjeu, c'est d'aboutir à un nouvel équilibre. Un peu à l'instar de ce qui s'est fait en 1988 et 1998.

Philippe Dunoyer

Même confiant, le député considère qu'il "y a urgence ". "Si nous parvenons à un accord de consensus local, il faudra ensuite trouver un consensus national pour modifier la constitution. Ce sera une année chargée", résume-t-il.

Chez les loyalistes, on s'impatiente

"Ce qu'on attend maintenant, c'est que l'État nous donne un calendrier clair pour modifier la constitution", explique le loyaliste Gil Brial, qui a été reçu au ministère peu après les représentants de Calédonie Ensemble. Il regrette une "période d'incertitude" et souhaite clore le chapitre rapidement. "On ne veut pas que nos enfants vivent avec cette épée de Damoclès sur la tête (...) On a besoin d'avancer", estime-t-il. Outre l'épineuse question du gel du corps électoral, ont été abordées la question de la relance économique et celle du droit à l'autodétermination.

Nous considérons que si les indépendantistes continuent de jouer la montre, il revient à l'État de proposer une réforme constitutionnelle de manière unilatérale.

Virginie Ruffenach

Si les discussions politiques ont débuté ce mardi, "la séquence démarre à proprement dit demain", rappelle Virginie Ruffenach. Dans l'après-midi de mercredi, les délégations ont rendez-vous avec la Première ministre et le ministre de l'Intérieur et des Outre-mer pour une potentielle réunion trilatérale, la première depuis le troisième référendum sur l'autodétermination, organisé il y a près de deux ans. Des échanges sont également prévus avec le ministre de l'Économie et des Finances, Bruno Le Maire, et celui de l'Industrie, Roland Lescure, pour aborder la question de la filière nickel. Les discussions avec le gouvernement doivent se poursuivre jusqu'au 8 septembre.