"On voit actuellement le meilleur Rudy Gobert qui ait jamais été", a confié à l'AFP le pivot d'origine guadeloupéenne. Le basketeur signe sa meilleure saison en NBA avec le Jazz, équipe dont il s'affirme de plus en plus comme un leader.
Comment jugez-vous la première partie de saison du Jazz ?
On effectue un bon début de championnat (4e l'Ouest). Le but, c'est d'utiliser la saison régulière pour vraiment progresser et arriver armés en play-offs, si possible dans la meilleure forme possible.
L'équipe a-t-elle progressé selon vous ?
J'ai l'impression qu'on a gagné en maturité, je trouve qu'offensivement on a franchi un cap. Le ballon circule mieux... Il s'agit de répéter le plus souvent possible ces bonnes habitudes. Après, défensivement, il y a eu des périodes où on était un peu moins bon. Il faut qu'on comprenne que cet effort doit être collectif. Ca fera de nous une meilleure équipe, car derrière on sait qu'on va scorer quoi qu'il arrive.
Vous avez d'ailleurs appelé vos coéquipiers à se sacrifier plus en défense. Vous sentez-vous de plus en plus l'âme d'un leader ?
J'essaie de faire tout ce qui est en mon pouvoir pour aider cette équipe à être la meilleure possible. Quand on voit le talent qu'il y a, me dire qu'on n'exploite pas le maximum de notre potentiel est un regret. J'essaie donc de motiver tout le monde et surtout de montrer l'exemple.
Avoir le triple meilleur défenseur de la NBA dans leurs rangs n'autorise-t-il pas, inconsciemment, vos coéquipiers à croire que vous pouvez faire tout seul ce job ?
C'est humain de penser ça, oui. Quand on a beaucoup de talent, il arrive qu'on se relâche en pensant que ce talent suffit. Mais c'est bien de se brûler les doigts un peu. Défendre dur, s'entraider, ça doit devenir quelque chose de naturel.
Vous avez manqué cinq matches à cause du Covid et Utah a sérieusement flanché. Beaucoup on réalisé votre importance...
Oui. C'est quand je ne suis pas sur le terrain qu'on voit ce que j'apporte à l'équipe, plus que quand je joue! (rires). C'est dommage, mais mon absence aura été un mal pour un bien de ce point de vue. Cela aura aussi permis à des jeunes joueurs de gagner des minutes, d'apprendre, de s'exprimer. Ces moments difficiles nous serviront sur le long terme.
On a l'impression que vous n'avez jamais été aussi fort...
Oui, c'est aussi mon impression. Je pense qu'on voit actuellement le meilleur Rudy Gobert qui ait jamais été. J'ai franchi un cap et c'est le fruit d'un travail technique, physique et mental, sans discontinuer. Mais j'ai encore une énorme marge de progression.
Vous êtes aussi mis plus à contribution en attaque...
Les JO (où il a remporté la médaille d'argent avec les Bleus, ndlr) ont aidé en ce sens, autant que mon travail au quotidien. Je sens que mes coéquipiers me cherchent de plus en plus et je dois justifier cette confiance qu'ils ont en moi. On a compris à quel point je peux être dominant, pas seulement par ma seule présence mais aussi balle en mains. Et je sais que je peux apporter encore beaucoup plus. C'est assez excitant pour moi.
Vous êtes en tête du classement des meilleurs rebondeurs. Est-ce un objectif, en plus d'un 4e titre de meilleur défenseur ?
Pas vraiment. Les statistiques donnent une idée plus claire de ce qu'on fait sur le terrain, mais il y a tout ce que je fais et qui ne se voit pas forcément. La communication, les écrans pour donner des shoots plus ouverts à mes coéquipiers, la dissuasion, aussi, face aux attaquants adverses. Certains d'entre eux me le disent, il n'y a qu'un seul joueur dans la ligue qui les oblige parfois à changer leur façon de jouer offensivement. Ca me pousse aussi à anticiper sur ce qu'ils vont essayer de faire et je sens que j'ai aussi progressé dans cette approche. J'ai réussi à sortir de ma zone de confort, je me sens à l'aise pour défendre dans n'importe quelle position.
Tout ceci semble mener à une 3e sélection d'affilée pour le All-Star Game le 20 février, non ?
J'espère ! Ce serait un honneur d'y retourner, pour représenter la France parmi les meilleurs joueurs du monde.