"Beaucoup d'annonces mais très peu d'actes" : le harcèlement scolaire soulevé par un député guadeloupéen

Le député guadeloupéen Christian Baptiste, à l'Assemblée nationale.
Lors des questions au gouvernement ce mercredi 24 janvier à l'Assemblée nationale, le député guadeloupéen Christian Baptiste a demandé pourquoi les enquêtes prévues après le suicide de Lucas, 13 ans, ont été enterrées ou bâclées. La ministre de l'Éducation lui a répondu en annonçant la très prochaine publication d'un état des lieux.

Victime de harcèlement scolaire, Nicolas, 15 ans et d'origine guadeloupéenne, s'est suicidé à Poissy le 6 septembre 2023. En mai dernier, c'était Lindsay, 13 ans, qui passait à l'acte dans le Pas-de-Calais. 13 ans, c'était aussi l'âge de Lucas qui mettait fin à ses jours en janvier 2023 à cause du harcèlement scolaire qu'il subissait en raison de son homosexualité.

S'il s'associe à la peine des parents de tous ces enfants, le député guadeloupéen Christian Baptiste se concentre sur ce dernier cas lors des questions au gouvernement. "Le journal Mediapart a révélé que l'enquête administrative annoncée dans la foulée du suicide du jeune Lucas, 13 ans, n'a jamais eu lieu et que celle menée par le parquet a été bâclée", lâche-t-il.

Dénonçant une "homophobie latente [...] omniprésente dans l'établissement" depuis l'arrivée de Lucas, l'élu guadeloupéen interroge aussi le travail de la justice en déclarant que "le principal de l'établissement qui minime les faits de harcèlement n'a jamais été auditionné". "Malheureusement rien n'a été fait pour poursuivre les coupables."

"M. Attal, désormais Premier ministre, n'a jamais voulu répondre, c'est pour cela que je viens reposer la question devant la représentation nationale, précise-t-il. Pourquoi cette enquête annoncée par le gouvernement n'a jamais été lancée ? Pourquoi avoir communiqué sur une enquête administrative qui n'a jamais existé ?"

"Une démarche inédite"

Sa successeure Amélie Oudéa-Castéra n'a pas davantage répondu à la question, en tout cas pas directement. Après une pensée pour toutes les familles de victimes de harcèlement scolaire, elle a mentionné un état des lieux global sur le harcèlement scolaire qui inclurait la question des enquêtes.

"Lors de la journée 'Non au harcèlement', sept millions d'élèves du CM2 à la terminale ont répondu à un questionnaire pour déceler les situations de harcèlement et de mal-être à l'école, a-t-elle recontextualisé. Dans quelques jours, nous aurons la synthèse détaillée de cette démarche qui est inédite et je communiquerai une photographie claire et précise d'où nous en sommes dans les écoles et les établissements ainsi que sur toutes les enquêtes en cours."

Elle a aussi dressé un tableau de ce qui a été réalisé par le gouvernement : "On a considérablement renforcé notre action contre le harcèlement, notamment avec la loi [...] qui en fait un délit et avec la mise en place du programme pHARe [...] mettant fin à cette ère du pas de vague."

Amélie Oudéa-Castéra a rappelé également que "150 postes de responsables" ont été déployés au niveau des académies. "[Le Premier ministre] nous a donné la feuille de route : 100% prévention, 100% détection, 100% solution." Ce à quoi a répondu en conclusion le député : "Beaucoup d'effets d'annonce mais très peu d'actes."