Bernard Pons, ministre des DOM-TOM en pleine crise calédonienne, est décédé

Bernard Pons, homme politique et médecin français, né le 18 juillet 1926 à Béziers (Hérault), ministre RPR des DOM-TOM de 1986 à mai 1988.
Âgé de 95 ans, Bernard Pons, ancien ministre des DOM-TOM dans le gouvernement Chirac au moment des évènements en Nouvelle-Calédonie, est décédé à Aigues-Mortes (Gard) ce mercredi 27 avril 2022.

Son nom restera pour toujours étroitement lié à l'histoire de la Nouvelle-Calédonie et des évènements des années 80. Bernard Pons, qui avait été chargé de la gestion de la prise d'otage de la grotte d'Ouvéa en 1988, est décédé le 27 avril à l'âge de 95 ans, à son domicile d'Aigues-Mortes (Gard) annonce sa famille.

Fidèle de Jacques Chirac, il s'était vu confier deux ans plus tôt le ministère des Départements et Territoires d'Outre-mer (DOM-TOM) au sein de son gouvernement, en plein cohabitation. Envoyé au cœur de la tourmente calédonienne, Bernard Pons a porté la parole de l'État, à la tête de l'opération militaire Victor. Objectif : récupérer les gendarmes retenus en otage par des indépendantistes kanak dans la grotte d'Ouvéa.

Bernard Pons, le 5 mai 1988, à Nouméa, au lendemain de l'assaut meurtrier sur la grotte d'Ouvéa. A sa droite le général Vidal, commandant supérieur des FANC. A sa gauche le capitaine Legorjus, du GIGN.

La grotte d'Ouvéa, une "tragédie"

"C'était une affaire qui impliquait l'honneur de la France, déclarait-il à l'époque, préférant le terme de "tragédie" que celui de "massacre" pour raconter cet évènement, dans lequel 19 kanak et deux militaires perdent la vie.

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Trente ans plus tard, il confirme ces propos devant la caméra d'Outre-mer la 1ère : "On a massacré personne. C'est une tragédie avec des morts, des blessés, des héros."

Le référendum ne réglera pas tous les problèmes. Il y avait des problèmes, il y a des problèmes aujourd'hui et il y aura encore des problèmes en Nouvelle-Calédonie demain.

Bernard Pons

Une passion pour les Outre-mer

Avant la Nouvelle-Calédonie, Bernard Pons avait développé son attrait pour les Outre-mer alors qu'il préparait, aux Antilles, la présidentielle de 1969 pour Georges Pompidou. "J'ai eu une révélation et un coup de foudre", nous confiait-il en 2018 à l'occasion de la sortie de son autobiographie, intitulée Aucun combat n'est jamais perdu.

Bernard Pons, ministre des DOM-TOM (1986-1988), ici photographié à Nouméa lors d'une visite le 3 août 1987.

Frappé par la "déshérence" des infrastructures dans les territoires ultramarins, il s'engage dans la préparation d'une loi-programme afin de favoriser le développement des Outre-mer. Ce sera la loi Pons, en 1986, la première loi de défiscalisation pour les Outre-mer.

Je considère que l'Outre-mer est plus que jamais la très grande chance de notre pays auquel il assure une présence dans l'ensemble du monde.

Bernard Pons

Président du groupe RPR à l'Assemblée nationale à l'issue de ses fonctions au ministère des DOM-TOM, il conservera toute sa vie une amitié très forte avec des personnalités ultramarines, comme Gaston Flosse ou Lucette Michaux-Chevry, dont il admirait le franc-parler. Le hasard avait fait que Bernard Pons avait commencé sa carrière dans le Lot, sur les terres du Guyanais Gaston Monerville, président du Sénat mais aussi député, sénateur puis président du conseil général du Lot.  

Retraite en Martinique

En 2002, Bernard Pons prend sa retraite à la fin de son mandat de député de la 16e circonscription de Paris. Il s'installe alors en Martinique mais, sa famille, lourdement frappée par l'épidémie de dengue, renonce et vient s'installer à Aigues-Mortes, dans le Sud de la France, à une centaine de kilomètres de sa ville natale, Béziers.

Bernard Pons en compagnie de son épouse et de sa fille Isabelle Secrétan (au centre) qui a relu et corrigé ses mémoires.

La médaille d'honneur de l'engagement venait tout juste de lui être attribuée par le ministère des Outre-mer, pouvait-on lire dans le Journal officiel du 25 avril.