Le bilan du gouvernement sur la sécurité Outre-mer : qu’en pensent les élus ? [REACTIONS]

Conférence nationale pour la sécurité Outre-mer le 6 mars 2017
Le gouvernement a présenté ce lundi un bilan de sa politique sur la sécurité Outre-mer par la voix du Premier ministre Bernard Cazeneuve. Neuf mois après le lancement du plan sécurité, qu’en pensent les élus d’Outre-mer ? Y-a-t'il un véritable changement ?
"Les Outre-mer connaissent globalement un niveau de délinquance et de violence supérieur à celui de la France hexagonale", souligne Bernard Cazeneuve. Fort de ce constat, le gouvernement a mis en oeuvre en juin dernier un plan sécurité pour parvenir en endiguer cette situation particulièrement inquiétante en Guyane, en Guadeloupe, à Mayotte, mais aussi en Nouvelle-Calédonie. Neuf mois plus tard, Bernard Cazeneuve est venu faire le bilan de ce plan devant des élus d'Outre-mer au ministère de la rue Oudinot. 

Bilan contrasté

Le Premier ministre, qui s’est rendu en tant que ministre de l’Intérieur à La Réunion et à Mayotte ainsi qu’en Guadeloupe, en Guyane et en Martinique, connaît bien la situation. Mais depuis juin 2016, la situation a-t-elle réellement changé ? Le bilan est pour le moins contrasté. La1ère a demandé leurs réactions aux élus concernés.

Guyane, le territoire le plus violent

En 2016, la Guyane a été le territoire français le plus criminogène par nombre d'habitants : 42 homicides pour une population estimée à 280.000 personnes, un nombre d'homicides égalant celui de l'année 2005. Alors qu’un homicide a encore eu lieu ce week-end à Cayenne, le bilan du gouvernement en matière de sécurité en Guyane est-il bon ? La réponse en demi-teinte de Gabriel Serville, député de Guyane ci-dessous:
 

Gabriel Serville : "La situation de la Guyane a été prise en compte à la suite de nombreuses interpellation des parlementaires du départementmais il y a un niveau d’insécurité qui va nécessiter l’intervention du Premier ministre et du ministre de l’Intérieur, c’est une insécurité qui, comme en Guadeloupe, est liée à la consommation de cocaïne et de cannabis".

"Des jeunes qui sont souvent désœuvrés et qui malgré toutes les mesures qui pourraient être mises en place dans le cadre de la prévention risquent de nous échapper. 
C’est la raison pour laquelle, il faudrait un niveau d’accompagnement renforcé, mais aussi un niveau répressif qui puisse répondre autrement à nos problématiques".


En Guadeloupe : "nous sommes pires que Marseille"

En Guadeloupe, les vols à main armée avec une arme à feu ont progressé de 36,4% en 2016 sur l'ensemble du territoire. Pour Ary Chalus, le président de la région Guadeloupe, le bilan du gouvernement n’est pas bon.
 

Ary Chalus : "Nous demandons à ce qu’on puisse renforcer définitivement la police nationale, la gendarmerie en Guadeloupe, qu’on puisse permettre aux Ultramarins qui le souhaitent d’avoir leurs mutations. Ils connaissent le terrain, ils connaissent le travail, donc ils pourraient bien nous accompagner".

"Nous sommes pires que Marseille, il nous manque des forces de l’ordre. Nous avons une prison délabrée avec près de 300 prisonniers en surpopulation. Ce n’est pas normal. On a un manque de magistrats, de procureurs. Nous vivons en Outre-mer, c’est vrai, mais nous sommes Français et nous devons être logés à la même enseigne !
"
 

Un quart de la population au RSA en Guadeloupe

Pour Josette Borel-Lincertin, présidente du conseil départemental de la Guadeloupe, le bilan du gouvernement n’est pas si sombre. Elle souligne que près d’un quart de la population guadeloupéenne vit du RSA. "Il y a une précarité qui s’est installée, un chômage des jeunes très important, le décrochage scolaire. Le problème de la drogue accentue le phénomène".

La présidente de l'Assemblée départementale a décidé d’organiser des assises de la famille pour remettre la famille au centre des préoccupations.
Ecoutez ci-dessous la présidente du conseil départemental de la Guadeloupe :


Violences récurrentes en Nouvelle-Calédonie

Lors de cette conférence nationale sur la sécurité Outre-mer, le Premier ministre est longuement revenu sur la situation en Nouvelle-Calédonie, en particulier les violences récurrentes qui se déroulent dans la commune du Mont-Dore depuis fin octobre après la mort d’un jeune de la tribu de Saint-Louis tué par un gendarme.

Pour le maire du Mont-Dore Eric Gay, le gouvernement a bien pris en compte la situation particulière de sa commune. Il attend maintenant que les crédits promis soient honorés. Un contrat a été signé au mois de janvier, or seulement 67% des crédits ont été alloués. Le maire va plaider sa cause auprès de la ministre pour obtenir les financements promis.  

Eric Gay, maire du Mont-Dore en Nouvelle-Calédonie

Eric Gay : "La situation sur le terrain est beaucoup plus apaisée que celle que nous avons connue il y a quelques mois. Il faut continuer à être vigilants. Maintenant, il faut continuer à mettre en place l’ensemble des dispositifs de prévention que nous avons contractualisés avec l’Etat, la Province sud et le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, pour agir auprès des jeunes. Des projets qui, dans le temps, amèneront une baisse de cette oisiveté et donc de la délinquance".


Pour Philippe Michel, président de l'assemblée de la Province sud : "Il ne faut pas rester dans la statut-quo (NDLR au Mont-Dore à la tribu de Saint-Louis), c’est ce qui se passe aujourd’hui. Or on peut craindre que tôt ou tard les incidents reviennent et qu’il y ait une victime".



L'alcoolisme, problème n°1 en Nouvelle-Calédonie ?

Sonia Lagarde, députée-maire de Nouméa : "On a été entendu parce que les effectifs de police et de gendarmerie ont été augmentés. (…) Chez nous, le problème est lié à l’alcool"