Il s'agit de "récompenser" les agents qui ont exercé leurs fonctions "dans des conditions de travail fortement dégradées, permettant de maintenir la continuité du service public pénitentiaire au prix d'efforts considérables", selon la circulaire du 21 septembre dont l'AFP a obtenu copie. Ce mouvement de protestation, qui avait démarré après l'agression de trois surveillants par un détenu radicalisé, était le plus long depuis 25 ans. Il a duré près de trois semaines.
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"Diviser pour mieux régner"
"Il ne s'agit pas d'une prime aux non-grévistes. L'objectif est de valoriser 1.600 agents (il y a au total 27.000 surveillants, ndlr) qui ont travaillé dans une grande tension, qui ont fait des journées à rallonge, qui se sont investi au-delà de leurs compétences", a expliqué la DAP. "La DAP avait fait exactement la même chose il y a 25 ans lors du précédent mouvement de cette ampleur", a ajouté cette source.
Mais pour Wilfried Fonck, secrétaire national de l'UFAP-Unsa, cette prime vise à "entretenir la division des personnels, à quelques semaines des élections professionnelles du 6 décembre". "Avec cette prime totalement scandaleuse, la DAP a pour objectif de diviser les agents pour mieux régner", a renchéri auprès de l'AFP Emmanuel Baudin, secrétaire général de FO-pénitentiaire. Pour ces deux syndicalistes, ce sont en majorité des personnels de direction qui vont percevoir la prime.
Des agents sanctionnés
"L'argent récupéré sur les sanctions prononcées pour les uns récompense les autres", s'est ému Christopher Dorangeville, secrétaire général de la CGT-Pénitentiaire. "L'Administration pénitentiaire ne s'est pas empêchée de sanctionner assez durement les agents qui ont participé au mouvement social, avec soit un trentième du salaire enlevé par jour de mobilisation, soit des mises à pied allant de cinq jours avec sursis à dix jours ferme", a-t-il critiqué.
Environ 2.000 agents ont été sanctionnés après le mouvement de janvier, a indiqué la DAP, qui rappelle que les agents pénitentiaires ont "un statut spécial, qui ne leur donne pas le droit de grève, en vertu de leur mission de service public pénitentiaire". Pour manifester, ils doivent donc être soit en repos, soit en congé. Ces sanctions peuvent être une retenue de salaire comme une procédure disciplinaire.