Brésil : le dauphin rose d'Amazonie, emblème de cette région, menacé de disparition

Le dauphin rose d'Amazonie
Le dauphin rose d'Amazonie est de plus en plus menacé. Il a déjà été remis dans la liste rouge de l'UICN, l'Union internationale pour la conservation de la nature. L'animal subit également de plein fouet la pollution au mercure liée à l'orpaillage clandestin.
C'est le plus grand dauphin d'eau douce du monde. Il peut atteindre 2m80 pour 150kg. D'abord gris, le boto, ou dauphin rose d'Amazonie, prend cette dernière couleur avec le temps. Sa présence, après évolution, date de plusieurs millions d'années, quand la région était recouverte par l'Océan. Une légende amérindienne dit que la nuit, le dauphin rose se transforme en femme, pour attirer les hommes dans le fleuve. Et en jeune homme, pour attirer les femmes restées à la maison. Un mammifère captivant à en croire Vera da Silva biologiste à l’INPA (Institut National de Recherche d'Amazonie) qui l’étudie depuis 25 ans : « Je tombe amoureuse de ces animaux tous les jours. Ils sont fascinants. »
 

Une espèce menacée

Mais l'espèce est menacée. Présent des bassins de l’Orénoque jusqu’à ceux de l’Amazone (Brésil, Venezuela, Pérou, Equateur, Bolivie, Colombie), il a déjà été remis dans la liste rouge de l'UICN, l'Union Internationale pour la conservation de la nature. L'animal subit de plein fouet la pollution au mercure liée à l'orpaillage clandestin. Sa chair sert en outre d'appât pour la pêche d’une variété de poisson-chat dont l'interdiction de capture vient de prendre fin. Au Brésil, les spécialistes tirent donc la sonnette d’alarme protéger ce mammifère historique et légendaire, symbole emblématique de l'Amazonie.

En images, les explications de Bruno Sat (Montage: O. Letort. Mixage: O. Canneval)
©la1ere

Souvent victimes des hélices des bateaux, ces mammifères sont, pour la plupart, contaminés entre autres par le mercure, à cause notamment de l'orpaillage clandestin. En outre, on les chasse illégalement. Leur chair sert d'appât pour la capture du piracatinga. Et le moratoire sur la pêche de ce poisson-chat a pris fin récemment, faisant craindre le pire : avant 2015, environ 2.500 dauphins roses étaient tués chaque année. Dans la réserve de Mamiraua, (Etat d’Amazonas, Brésil), on étudie la santé de ces animaux qui ne se reproduisent que tous les trois à cinq ans. Les chercheurs, comme Vera da Silva, lancent un cri d'alarme :
 

Nous avons le devoir et l'obligation, non seulement en tant que biologistes, mais en tant que société, de préserver et de maintenir les espèces. Principalement les espèces menacées d'extinction, dont nous savons qu'elles disparaîtront de l'Amazonie et du monde. Chaque fois qu'une espèce animale disparaît, l'humanité est perdante à coup sûr.


Les spécialistes ont en tête la disparition du dauphin du Yangtzé, en Chine, à cause de la surpêche et de la pollution. Or, il ne resterait plus en tout que 20 à 50.000 dauphins roses dans les bassins de l'Amazone et de l'Orénoque. Il y aurait donc urgence à le protéger si l'on veut éviter que ce mammifère ne demeure plus qu'une simple légende.