CAN-2019 : "Une aventure humaine" avec Madagascar, savoure Jérémy Morel

"Le décalage est réel mais je savais à quoi m'attendre", confie le défenseur réunionnais de l'Olympique Lyonnais Jérémy Morel, qui savoure cette "aventure humaine" : défendre les couleurs de Madagascar, pays d'origine de son père qualifié pour la première fois pour la Coupe d'Afrique des Nations.
 
Quel est votre lien avec Madagascar ? 
Jérémy Morel : "Mon papa qui est né à Diego-Suarez, dans le nord du pays. Avant d'être appelé en sélection, j'ai eu l'occasion de m'y rendre quatre ou cinq fois". 

Comment avez-vous été sollicité pour faire partie de cette sélection et pourquoi avoir accepté ? 
Jérémy Morel : "Dans un premier temps, c'est moi qui ai vu sur un site internet que la sélection était qualifiée pour la CAN. J'y connaissais des joueurs, dont Thomas Fontaine qui a le même profil que moi, avec des origines réunionnaise, française et malgache. Je l'ai appelé pour savoir pourquoi il était en sélection. Il m'a expliqué comment cela se passait et un de mes cousins qui vit sur l'île, à Tamatave (Toamasina), a fait le lien par la suite".

Comment s'est passée votre intégration ? 
Jérémy Morel : "J'ai été très bien accueilli. C'est vrai que connaître quelques joueurs m'a aussi aidé. Pour notre premier rassemblement, nous avons eu quelques soucis logistiques qui n'étaient pas l'idéal pour s'entraîner et préparer le match contre le Soudan. J'y allais aussi pour une aventure humaine et j'ai trouvé ce que je suis parti chercher. Le décalage est réel mais je savais à quoi m'attendre. Si je peux apporter quelque chose, je le ferais avec plaisir".

Quels sont les contours de cette équipe ? 
Jérémy Morel : "Il y a Romain Metanire qui était à Reims et joue aujourd'hui en MLS avec le Minnesota United. Il y a Thomas Fontaine d'Auxerre. Quelques-uns jouent en Ligue 2 comme notre capitaine, Faneva Andriatsima, qui est attaquant à Clermont ou encore Jérôme Monbris, le défenseur de Grenoble. Certains sont en National 2 ou évoluent à la Réunion, à Saint-Pierre, en Egypte, Bulgarie ou Arabie Saoudite. Cela fait une belle équipe".

Que connaissiez-vous du football africain et de la CAN ? 
Jérémy Morel : "Pas grand chose, si ce n'est ce que j'ai pu suivre à la TV. Il y a des matches avec beaucoup d'engagement sur des terrains pas forcément faciles. Cela fait partie des petites choses que l'on ne connaît pas en Europe et pour lesquelles il faut s'adapter".

Avec quel état d'esprit allez-vous jouer cette épreuve ? 
Jérémy Morel : "Je n'ai pas du tout d'appréhension mais c'est la première fois que Madagascar va disputer la CAN. C'est un grand pas pour cette équipe, pour le football malgache et le pays. Cela va permettre de faire parler de Madagascar et, en tant que joueur, nous nous devons de faire le meilleur parcours possible".

Quelles seront les ambitions de votre équipe qui sera dans le groupe B avec le Nigeria, la Guinée et le Burundi ? 
Jérémy Morel : "Nous sommes outsider et devrons jouer notre chance à fond. Nous avons eu des matches qualificatifs pour la CAN qui se sont très bien passés. Je suis arrivé en cours de route mais les joueurs ont montré de quoi ils étaient capables. Nous nous donnerons les moyens d'arriver en 8e de finale, même si ça sera compliqué car l'équipe n'est pas habituée aux grandes compétitions".

Quel rapports avez-vous avec le sélectionneur, le Français Nicolas Dupuis (ex-Moulins-Yzeure en CFA et National) ?
Jérémy Morel : "Je suis un joueur comme les autres mais je vais forcément apporter un peu plus avec l'expérience que j'ai pu vivre en club. J'apprends à connaître le coach et les joueurs pour me fondre au sein de l'équipe".
 
A 35 ans, vous êtes en fin de contrat avec Lyon. Avez-vous une idée de votre avenir ? 
Jérémy Morel : "Rien n'est encore défini. C'est forcément une vitrine pour moi de pouvoir jouer la CAN. Je ne me prends pas la tête. Nous verrons les propositions qui pourraient m'être faites. Nous verrons le moment venu. Tant que les jambes et la têtes répondront présent, nous tenterons d'aller le plus loin possible".