Cancer de la peau : plus de risques dans les Outre-mer

À la recherche du moindre grain de beauté suspect. (18 mai 2024)
La semaine nationale de prévention et de dépistage des cancers de la peau se déroule du 10 au 16 juin 2024. À cette occasion, Outre-mer La 1ère s’est entretenu avec le professeur Claude Linassier, directeur du pôle prévention, organisation, et parcours de soins de l’Institut national du cancer, sur une maladie qui touche aussi bien les habitants de l'Outre-mer que ceux de l'Hexagone.

Chaque année, ce sont plus de 100 000 personnes qui sont touchées par le cancer de la peau. Provoqués dans plus de 80 % des cas par des expositions excessives au soleil, l'Institut national du cancer (INCa) organise chaque année des campagnes de prévention et de sensibilisation sur ce type de cancer. 

En raison d'un indice UV plus élevé, les populations ultramarines ont plus de risque de développer un cancer de la peau. Le professeur Claude Linassier, directeur du pôle prévention, organisation, et parcours de soins de l'INCa rappelle les risques des UV et gestes de protection pour s'en prémunir et éviter de développer cette maladie.

Outre-mer la 1ère : Quels sont les risques d'une exposition prolongée au soleil ?

Professeur Claude Linassier (INCa) : L’exposition aux rayonnements ultraviolets (UV), qu’ils soient naturels ou artificiels (cabines de bronzage) est le principal facteur de risque des cancers de la peau. (...) Plus de 80 % de ces cancers sont provoqués par des expositions excessives au soleil, principalement pendant l’enfance. Sa forme la plus agressive, le mélanome, a vu son nombre de cas multiplié par 5 entre 1990 et 2018 pour atteindre 17 922 cas par an en 2023. Cette augmentation que nous constatons aujourd’hui est une conséquence directe d’une exposition croissante aux rayons UV dans les années 80. (...) C’est en atteignant la peau que les doses excessives d’UV agressent les cellules cutanées et peuvent provoquer des dommages irréversibles dans les gènes des cellules exposées. Se protéger contre les rayons UV est donc indispensable.

Comment éviter de développer un cancer de la peau ?

La prévention de l’exposition aux UV est un enjeu de santé publique. Les gestes de protection doivent être adoptés dès l’enfance pour réduire le risque de développer des cancers de la peau à l’âge adulte. Il est en effet admis que les coups de soleil pendant l’enfance sont la cause des cancers de la peau de l’adulte. Il est important d’insister sur le fait que la protection de nos enfants est d’autant plus importante que leur peau est immature. Elle est plus vulnérable aux effets cancérigènes des rayonnements UV. Il est fortement recommandé de ne pas les exposer au soleil avant l’âge de trois ans. Les gestes de protection contre les rayons UV sont simples et à la portée de tous.

Rappel des règles de protection face aux cancers de la peau

Par ailleurs, il est important de rappeler qu’il n’existe aucun moyen de préparer sa peau des dégâts du soleil. L’absorption de gélules ou les séances d’UV artificiels en cabine sont tout à fait inefficaces. Celles-ci sont chaque année responsable de 380 cas de mélanomes.

Toutefois, ces gestes de protection ne signifient pas que le soleil est totalement à proscrire. En effet, les UV sont également indispensables à la synthèse de la vitamine D par l’organisme, vitamine essentielle à l’intégrité du tissu osseux et dont la carence est la cause du rachitisme.

Plus de soleil dans les Outre-mer, donc plus de risques de cancer de la peau ?

Plus l'indice UV est élevé, plus il est important de se protéger du soleil, même quand il y a des nuages et du brouillard. En Europe, l’indice UV atteint généralement des niveaux de l'ordre de 7 ou 8 en été, ce qui correspond à un indice très fort, mais il peut dépasser 10 en haute montagne ou sous les tropiques, ce qui correspond à un indice extrême. De plus, la réverbération due aux surfaces claires (sable, eau, neige) augmente l'intensité du rayonnement.

Protection face au soleil en fonction des indices UV

De ce fait, les risques sont donc plus élevés dans les territoires ultramarins. Toutefois, les risques sont à prendre en compte en fonction du phototype des personnes (c’est-à-dire les différents types de peau). L’OMS a déterminé cette classification.

Classification des phototypes selon l'OMS

Même avec un phototype élevé, il est recommandé d’adopter les gestes de protection solaire, car nul n’est à l’abri de développer un cancer de la peau.