Des dizaines de dossiers épais posés dans la salle d'audience du tribunal d'Évry et autant de parties civiles pour un procès très attendu par les victimes et leurs proches. Parmi elles, la famille de Brandon Bondot, venue en nombre à l'ouverture des débats le 25 avril 2022, près de neuf ans après la catastrophe qui a coûté la vie au jeune homme d'origine guadeloupéenne. Le 12 juillet 2013, aux alentours de 17 heures, il se trouvait sur le quai du RER C à la gare de Brétigny-sur-Orge lorsque le train Intercités n°3657, en direction de Limoges, a déraillé.
Brandon et cinq autres personnes sont tuées sur le coup. Une septième, grièvement blessée, décédera quelques jours plus tard.
Le temps de la justice
"Neuf ans après, il ne se passe pas un jour sans que cette famille pense et repense à ce drame", raconte, au micro d'Outre-mer la 1ère, Me Bertrand Burman, l'avocat de la famille du jeune homme originaire de Sainte-Anne, qui vivait dans l'Hexagone depuis l'âge de cinq ans. Il décrit une famille "tétanisée", "angoissée", dans l'attente d'une décision de justice afin que "la SNCF puisse être déclarée responsable de ce drame".
Cela a été difficile pour chacun d'entre eux d'imaginer se présenter devant un tribunal pour raconter le calvaire et la peine qu'ils endurent depuis bientôt neuf ans.
Me Bertrand Burman, avocat de la famille Bondot
Tous espèrent que le "préjudice incontestable mais difficilement descriptible" sera entendu au cours des huit semaines de débats de ce procès "capital".
Un autre Antillais se trouve parmi les victimes, le Martiniquais Géronimo Voltine. Lui aussi présent sur le quai du RER, il a été projeté sur les rails lors de l'impact et garde aujourd'hui de lourdes séquelles physiques et psychologiques. Il est retourné vivre en Martinique et suivra le procès à distance.
La responsabilité de la SCNF en cause
Après sept années d'enquêtes et d'expertises, vingt-cinq témoins et quatre experts sont attendus devant le tribunal afin d'éclaircir les circonstances de la catastrophe, l'une des pires survenues en France. Celle-ci a été provoquée par le retournement d'une éclisse en acier, sorte d'agrafe joignant deux rails, lors du passage du train lancé à 137 km/h.
La SNCF est mise en cause par l'accusation, qui lui reproche "des fautes" et des défaillances dans l'organisation des effectifs et la maintenance des équipements. Sur le banc des prévenus, le cheminot de 24 ans ayant effectué la dernière inspection des voies, huit jours avant les faits, ainsi que SNCF Réseau et la société nationale SNCF, comparaissant pour "homicides involontaires" et "blessures involontaires".
Pour ce procès d'une ampleur exceptionnelle, 184 personnes (dont neuf personnes morales) se sont portées parties civiles, parmi les 435 victimes identifiées. Une quarantaine d'entre elles a demandé à prendre la parole, dont la mère de Brandon Bondot. Elles seront entendues à partir du 31 mai.