Un centre éducatif renforcé devrait ouvrir à Mayotte en 2018

La ministre de la Justice, Nicole Belloubet, annonce que le gouvernement prévoit d'ici 2018 l'ouverture d'un centre éducatif renforcé à Mayotte. Il devra accueillir les mineurs primo-délinquants. Cette annonce était très attendue dans l'île.
Un centre éducatif renforcé ouvrira à Mayotte en 2018 pour accueillir des mineurs primo-délinquants, une annonce très attendue de la ministre de la Justice Nicole Belloubet révélée vendredi par le journal de Mayotte. 

Les mineurs isolés

Au cours d'un débat au Sénat sur la prise en charge des mineurs isolés, qui sont plusieurs milliers à Mayotte, Nicole Belloubet a indiqué mercredi au sénateur de Mayotte Thani Mohamed Soilihi (LREM) et à la sénatrice Nassima Dindar (UDI) que le gouvernement avait "prévu pour 2018 l'ouverture d'un centre éducatif renforcé (CER)" à Mayotte.

Dans l'échelle des réponses pénales à la délinquance des mineurs, les CER viennent en amont des Centres éducatifs fermés (CEF), eux-mêmes derniers recours avant la prison. Les jeunes y sont placés en session unique de quelques mois, conçue comme un séjour de rupture destinée à les soustraire à leur milieu naturel.

Annonce très attendue

Mayotte, dont la population compte 50% de mineurs, ne disposait pas encore d'un tel centre. Cette annonce était très attendue, car le plan gouvernemental "Sécurité Mayotte" présenté en 2016 soulignait déjà "l'augmentation sensible et persistante de la 
délinquance"
dans l'île, et les "moyens disponibles nettement insuffisants pour répondre aux besoins d'accompagnement social et éducatif". "L'absence sur le territoire de structures d'accueil suffisantes pour répondre aux besoins de placement dans le cadre pénal, notamment de centre éducatif renforcé ou fermé, conduit les magistrats à solliciter les autres départements et notamment
La Réunion",
ajoutait-il.

Entre 3.000 et 6.000 mineurs non accompagnés

Nicole Belloubet a souligné que Mayotte comptait entre 3.000 et 6.000 mineurs non accompagnés, dont seulement "une infime partie" est prise en charge par l'Aide sociale à l'enfance (ASE). "La protection de l'enfance est un enjeu majeur et primordial" à Mayotte, a-t-elle reconnu, mais elle a souligné qu'au vu de la situation, "une application stricto sensu de la loi sur la protection de l'enfance serait très difficilement réalisable" et qu'il fallait "traiter singulièrement le sujet".

"La délinquance pénale est également extrêmement importante et liée très souvent aux mineurs isolés", a-t-elle ajouté. "Nous avons prévu pour 2018 l'ouverture d'un centre éducatif renforcé, mais ce n'est pas l'ouverture de ce centre qui fera une politique d'accueil pour les mineurs isolés", a-t-elle reconnu, évoquant "un sujet sur lequel il faut retravailler".