Avec une nouvelle année exceptionnelle en termes de pluies et des records de précipitations souvent battus, les entreprises minières calédoniennes doivent guetter les accalmies pour extraire le minerai de nickel. Et la situation ne devrait pas s’améliorer, la faute au réchauffement climatique.
"La météo est importante, toujours, et la Nouvelle-Calédonie fait face à une situation pluvieuse pire que prévue, cela ne va aider l’industrie minière et d’autant que les usines indonésiennes produisent de plus en plus et à un coût moins élevé qui leur permet des rabais sur les prix" a indiqué Jim Lennon, analyste du nickel pour la banque australienne Macquarie.
La tonne de ferronickel, l'alliage de qualité prémium produit en Nouvelle-Calédonie, se négocie actuellement près de 6 000 dollars sous le cours officiel du LME à Londres (24 000 dollars),
Comme aux Philippines, où les conditions météorologiques défavorables paralysent généralement les expéditions de minerai de nickel, mais au troisième ou au quatrième trimestre en raison de la saison des pluies, la Nouvelle-Calédonie pourrait désormais subir elle aussi, une météo de plus en plus perturbatrice.
Alors que sa centrale électrique temporaire de nouvelle génération, véritable bouée de sauvetage, doit entrer prochainement en activité, la SLN n’avait pas besoin de ces nuages qui s’accumulent. Elle doit faire face à un défi contre lequel cette fois elle est désarmée, la pluie, principalement sur ses mines de la côte Est qui est la plus exposée.
La SLN va devoir utiliser son dernier droit de tirage sur le prêt de 525 millions d’euros accordé par l’Etat et Eramet en 2016. Le berceau mondial de l'industrie du nickel est une nouvelle fois sur la corde raide. Et comme si cela ne suffisait pas, il pleut.
'On espère que les "mois du mineur", sans pluie, vont arriver le plus vite possible, même si pour le moment ce n’est pas encore le cas, or il y a un impératif pour sauver la SLN, produire, produire, produire…" a indiqué une source proche de la Société Le Nickel. Quand le minerai est trempé, il est le plus souvent intransportable, et sans minerai, pas de ferronickel.
Le conseil d’administration de la SLN qui s’est tenue ce jeudi 15 septembre, a été difficile, la situation financière est particulièrement tendue, la SLN compte sur ses exportations rentables de minerai pour faire rentrer du cash.
"Les mines sont régulièrement détrempées, l’activité ralentie. Le minerai doit être sorti de la fosse et séché mais c'est souvent impossible (…) La SLN doit courir deux lièvres à la fois, exporter du minerai et alimenter l’usine de Doniambo. Et la situation est délicate aussi pour ses partenaires calédoniens de KNS et de Prony. Les engins souffrent, cassent parfois, maudite météo du nickel," a commenté un mineur calédonien, toujours sous couvert d’anonymat.
Les exportations de minerai de la SLN et la production industrielle des trois usines du territoire devraient malgré tout progresser en 2022, mais pas encore suffisamment. Le réchauffement climatique et la forte pluviosité qui en découle viennent désormais s’ajouter à la liste des contraintes auxquelles doit faire face l’industrie calédonienne : les coûts de l’électricité et l’évolution des prix du nickel au LME de Londres : "globalement ça passe encore, mais de justesse ", conclut Jim Lennon en regardant sur son écran à Londres, les données actualisées du cinquième producteur mondial de nickel.