Gilles Biron ne fait pas partie de ces athlètes hors-sol. Déconnectés de la réalité. De l'actualité du monde. Souvent maussade. Dès l'annonce officielle de sa sélection pour les championnats d'Europe indoor à Istanbul, le Martiniquais a raconté sa joie sur son compte Instagram. Sans oublier d'évoquer le tremblement de terre dramatique qui a touché la Turquie. "Il était important pour moi d'en parler. Ça peut sembler incongru d'organiser un gros événement sportif là-bas, alors que le pays est en deuil. Je souhaitais juste apporter mon soutien moral au peuple turc."
Le titre et un chrono
Il y a dix jours à Clermont-Ferrand, Gilles Biron a vécu un week-end parfait. "Effectivement, je me sentais bien. Dès les séries." Qualifié pour la finale des championnats de France indoor, le Martiniquais a couru en patron. "En salle, un 400 mètres oblige à virer en tête aux 200. Sinon, c'est très compliqué." Stratégie respectée. Après le premier tour, Gilles Biron est bien devant. Seul. "J'étais partie un peu plus vite que d'habitude. Aux 200, je me suis dit : allez, tu relances et on verra après !"
Le public a vu. Merci. Victoire de Gilles Biron. Premier titre national en salle. Et un chrono impressionnant : 46 secondes 11. Nouveau record personnel. Troisième performance française indoor de tous les temps. "Est-ce que j'ai été surpris par mon chrono ? Pas vraiment. Content, oui. Mais pas surpris. J'ai de bonnes jambes depuis le début de la saison hivernale." En Auvergne, l'athlète de 27 ans a tout de même gagné plus qu'une médaille d'or. "Déjà, ça permet d'accumuler de la confiance. Et c'est vrai que je change un peu de dimension. Que ce soit vis-à-vis des autres athlètes. Ou même de potentiels partenaires."
Agenda chargé à Istanbul
Gilles Biron arrive en Turquie avec le neuvième chrono européen de l'hiver. "Il y a donc moyen de faire de belles choses là-bas. J'espère d'ailleurs encore descendre mon chrono." Sur le plan individuel, le Martiniquais nourrit logiquement des ambitions. "C'est très simple. Premier objectif : se qualifier pour la finale. Après quoi, une médaille !"
Vendredi 3 mars, pas moins de deux courses attendent le Martiniquais. Une série, le matin. Une demi-finale, le soir. "J'étais habitué à ce rythme quand je faisais de la natation. Mais c'est vrai, il faudra assurer." Finale du 400 en individuel, le samedi. Avant le relais 4 fois 400, le dimanche. Un week-end chargé pour Gilles Biron, le nouveau leader du 400 tricolore ? "Pas vraiment. Certains athlètes vont juste me voir comme quelqu'un d'expérimenté. Rien de plus."
Continuer sur la lancée
Les derniers exploits de Gilles ont fasciné la Martinique. "Très peu de temps après ma finale à Clermont, Laurent Roche, mon ancien coach m'a appelé pour me féliciter. Mon club Madinina Athlétisme est également très fier. Et je ne vous parle même pas de ma famille…" Ce titre national, ces chronos sont aussi le fruit d'un long travail. "J'ai mis des choses en place avec un préparateur physique et un préparateur mental. Mon travail musculaire a évolué. Et mentalement, j'ai beaucoup progressé."
Alors puisque tout sourit à l'athlète martiniquais, il a faim. Logique. Faim de grandes compétitions internationales. Gilles Biron rêve d'un été aussi brillant que son hiver. "En 2023, je vise principalement les Mondiaux à Budapest. En individuel et en relais." Pour le grand rendez-vous hongrois, les minimas masculins sur 400 sont fixés à 45 secondes. Quel est le record de Gilles en plein air ? 45 secondes 64. "Je viens d'améliorer mon record en salle de 6 dixièmes. Je me sens capable de faire pareil en plein air."