Chikungunya aux Antilles : "La situation est potentiellement explosive", selon un spécialiste

Les cas d'infections par le virus du chikungunya recensés en décembre aux Antilles sont dus à un virus de "souche asiatique" et il existe un "risque extrêmement élevé" de transmission dans les Amériques, a annoncé vendredi un spécialiste français. 
"La situation est potentiellement explosive avec une souche (du virus du chikungunya, ndlr) bien adaptée" au moustique de l'espèce Aedes aegypti qui est très répandu sur le continent américain, a déclaré le professeur Xavier de Lamballerie, directeur de l'unité Emergence des pathologies virales à l'université d'Aix-Marseille.
 

"Risque extrêmement élevé"

"Il existe un risque extrêmement élevé que la souche envahisse les USA et différents pays des Amériques où ce vecteur (le moustique Aedes aegypti, ndlr) est endémique", affirme-t-il dans un échange par courriel avec l'AFP.
 
Le chikungunya est une maladie virale qui est rarement mortelle. Elle se transmet à l'homme par piqûres de moustiques infectés. Les symptômes sont une forte fièvre, des maux de tête, et des douleurs aux articulations, qui peuvent durer plusieurs semaines.

Deux premières infections par le virus de chikungunya sur l'île franco-néerlandaise de Saint-Martin, aux Antilles, ont été détectées en décembre par le Centre national de référence des arbovirus (IRBA) de Marseille.
 
Puis deux autres cas ont été recensés en Martinique et d'autres sont en attente de confirmation sur les îles de la Guadeloupe et de Saint-Barthélemy, ont annoncé dans un communiqué commun l'université d'Aix-Marseille et l'Institut de recherche pour le développement (IRD).
 

"Souche de génotype asiatique"

"C'est la première fois que ce virus est détecté dans les Amériques et sa diffusion est suivie avec beaucoup d'attention", a précisé ce communiqué. Le séquençage "très rapide" du génome du virus, obtenu à partir d'échantillons cliniques, a permis de déterminer qu'il s'agissait d'une "souche de génotype asiatique".
 
Il s'agit donc d'une souche "différente de celle qui a provoqué l'épidémie de 2006 à l'île de la Réunion et qui s'est ensuite diffusée dans l'ensemble de l'océan Indien", précise l'IRD et ​l'université d'Aix-Marseille.
 
Le professeur de Lamballerie souligne qu'on connaît nettement moins bien la souche asiatique par rapport aux souches de l'océan Indien. "Nous disposons de beaucoup moins d'informations cliniques et épidémiologiques concernant le génotype asiatique, et nous pourrions donc avoir quelques bonnes ou désagréables surprises", explique-t-il.
 
"Nous ne connaissons pas la capacité de réplication et de transmission de cette souche par le moustique tigre. Il faudra donc l'évaluer de manière urgente", ajoute l’expert.
 
La connaissance de la souche qui sévit actuellement dans les Antilles est précieuse pour les laboratoires qui pourront désormais utiliser des méthodes de diagnostic adaptés pour confirmer les cas soumis, déclare encore le spécialiste.