Chlordécone : les trois conseils de l'Anses pour réduire les risques de contamination

Ce mardi était publié sur le site de l’Anses un rapport sur les risques liés à l’exposition de la population antillaise au chlordécone. Les malades se comptent par milliers, et plus uniquement les ouvriers de la banane. L’étude révèle de nouveaux conseils pour éviter l’exposition au pesticide.

Largement utilisé de 1972 à 1993 dans les bananeraies de la Martinique et la Guadeloupe pour lutter contre les charançons (espèce d’insecte ravageur, ndlr.), le chlordécone, interdit depuis, perdure et s’est installé dans les sols antillais. Une étude de l'Anses rappelle que, du fait de sa persistance, le chlordécone se trouve dans certaines denrées végétales et animales. 

Selon l’Anses, "une partie de la population antillaise présente un risque de surexposition au chlordécone". Mais bonne nouvelle, l’agence confirme que ces risques peuvent être fortement réduits en respectant l’ensemble des recommandations de consommation de certains aliments issus de circuits informels.

Les nouvelles recommandations de l’Anses

Dans un avis de 2007, l’Agence avait d’ores et déjà formulé trois recommandations de limitation de consommation de certains aliments issus des circuits informels. Premièrement, il faut limiter à quatre fois par semaine la consommation de produits de la pêche en provenance des circuits courts. Ensuite, d'arrêter de consommer des produits de pêche d'eau douce issues des zones d'interdiction. Enfin, l'Anses conseille de limiter à deux fois par semaine la consommation de racines et de tubercules issus des jardins familiaux en zone contaminée.

Trois recommandations de limitation de consommation de certains aliments issus des circuits informels contre le chlordécone.

Contrairement à 2007, les experts insistent sur le fait de prendre en compte les trois conseils, et de ne pas se limiter à un voire deux. L’expertise révèle que "le respect de l’ensemble de ces trois recommandations permet aux populations exposées de réduire fortement le risque de dépasser la valeur sanitaire".

"Il faut diminuer les apports d’origine alimentaire"

Pour l’expert de l'Anses, Julien Jean, la contamination au chlordécone n'est pas une fatalité. La raison ? Des études de plus en plus poussées et précises permettent d'obtenir de nouvelles données : "l’organisme peut éliminer le chlordécone, quand on diminue les apports par l’alimentation, on diminue la concentration de chlordécone dans le sang, et ça, c'est visible dès les premiers mois". Rassurant lorsque l’on sait que 14% de la population adulte en Guadeloupe et 25% en Martinique se trouvent au-dessus du seuil de risque.

L’expertise détaille deux valeurs afin de préciser ces analyses : la valeur toxicologique de référence (VTR) chronique interne, qui correspond à la concentration de chlordécone dans le sang, et chronique externe, qui concerne l’exposition par voie alimentaire. Résultat, "les individus résidant en zone réputée contaminée présentent des taux de dépassement des VTR supérieurs à ceux résidant en zone réputée non contaminée".

Une contamination dorénavant contrôlable

Toujours selon l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, la consommation d’œufs autoproduits en zone réputée contaminée contribue fortement à l’exposition au chlordécone. C’est pourquoi l’Agence recommande de suivre les programmes jardins familiaux JAFA : ils permettent un accompagnement gratuit pour la gestion du potager, des analyses de sol, des conseils sur la pratique de l'élevage, de cultures et proposent même des programmes de suivi.

L’Anses insiste également sur l’importance d’isoler les animaux des sols pollués et de les nourrir avec des aliments non contaminés.