C’est l’un des coups de cœur 2019 de l’Association Nationale des Iconographes: un reportage photos sur la pollution du chlordécone en Martinique.
Jean-Michel MAZEROLLE •
En se rendant à Visa pour l’image à Perpignan - la Mecque du photojournalisme -, un festival qui fête cette année ses 31 bougies et se termine le 15 septembre prochain, Benoît Durand n’imaginait pas que son travail en Martinique allait susciter l’intérêt de l’Association Nationale des Iconographes. Et pour cause: Benoît démarre dans le métier de photo reporter.
Banlieusard parisien, ce jeune de 23 ans n’en est qu’à sa troisième année dans le métier. C’est au hasard de la lecture d’un papier dans la presse écrite en début d’année qu’il entend parler du poison aux Antilles. Mais ce n’est que deux mois plus tard qu’il mesure l’ampleur du scandale en visionnant un reportage sur Franceinfo.
De trois semaines initialement prévues pour réaliser son travail, il restera près d’un mois et rapportera des centaines de clichés : essentiellement des portraits des travailleurs des bananeraies, chez eux ou posant dans les champs où ils ont travaillé et ont été empoisonnés.
Ce qui me choque le plus, c’est l’attitude de l’Etat français qui fait tout pour étouffer ce scandale sanitaire.
-- Benoît Durand
Des portraits couleurs des victimes, alternant entre ceux qui ont accepté de témoigner à visage découvert, et ceux, très nombreux, qui n’ont « offert » que les stigmates de la maladie (opérations chirurgicales, déformations des membres, infirmités…). "Je n’imaginais pas l’ampleur du scandale, renchérit le jeune photo reporter qui a rejoint le collectif de photographes Hans Lucas. Ce qui me choque le plus, c’est l’attitude de l’Etat français qui fait tout pour étouffer ce scandale sanitaire. Ce qui me choque, c’est le non remboursement des médicaments et l’absence d’indemnisation. Il faut que les choses changent ! Si mon travail peut y contribuer, j’en serai ravi…"
Fort des rencontres et des soutiens au Festival Visa pour l’Image, Benoît Durand prévoit de refaire la tournée des rédactions courant septembre. En parallèle, il prépare un deuxième voyage aux Antilles, cette fois-ci en Guadeloupe afin de poursuivre son travail photographique sur l’autre terre contaminée par le chlordécone.