La chorégraphe guadeloupéenne Chantal Loïal mélange les styles au festival de danse de Suresnes

La chorégraphe Chantal Loïal mélange sur scène danses traditionnelles et danses urbaines
La chorégraphe guadeloupéenne Chantal Loïal présentait sa dernière création "Cercle égal demi cercle au carré" au festival de danse de Suresnes. Une rencontre sur scène entre danses urbaines et danses traditionnelles des Antilles.
"Cavaliers, aux dames !" Sur la scène du théâtre de Suresnes (Hauts-de-Seine), les danseurs exécutent les ordres de Nita Alphonso. Saluer, avancer, virevolter… Tous suivent ses indications scrupuleusement.

Les cheveux relevés dans un foulard rouge, Nita est, du haut de ses 69 ans, la doyenne de la troupe Difé Kako. Ce n’est pourtant pas son âge qui lui vaut son autorité, mais plutôt son statut particulier. La Guadeloupéenne est commandeur de quadrille : à elle de guider les artistes dans l'exécution des pas de cette danse traditionnelle antillaise.
 
Bien vite les couples enlacés cèdent la place à un groupe de danseurs plus jeunes. Hip-hop et voguing remplacent le quadrille. Poses et figures s’enchainent. Pendant une heure, danses traditionnelles et danses urbaines se croisent et se mélangent.


Dépoussiérer les danses traditionnelles

L’artisan de ce cocktail étonnant ? Chantal Loïal, chorégraphe guadeloupéenne venue présenter sa dernière pièce "Cercle égal demi cercle au carré" au festival de danse de Suresnes. "C’est un travail autour des danses sociales d’hier et d’aujourd’hui, détaille-t-elle. Entre le hip hop et le quadrille il y a des codes similaires, comme le fait de danser en cercle."

La chorégraphe réunit sur les planches huit danseurs et quatre musiciens pour dépoussiérer des danses centenaires :
 

Le quadrille est toujours vivant en Guadeloupe, mais l’idée c’est de lui donner une nouvelle forme. On est resté fidèles à ces danses, et en même temps on a pu en faire ce qu’on veut et jouer avec. 

 
Le quadrille est dansé depuis le 18ème siècle aux Antilles


Un projet intergénérationnel

Plus que mélanger les danses, Chantal Loïal veut aussi créer du lien entre les générations :
 

Les danses traditionnelles sont plutôt pratiquées par des personnes âgées et les danses hip hop par des jeunes. L’idée c’était de créer une rencontre entre eux. 

 

Les jeunes danseurs ont appris le quadrille à l'occasion du spectacle


Redécouvrir ses racines par la danse

Parmi les artistes sur scène, une partie a des racines antillaises ou guyanaises. De nombreux jeunes ont appris à danser le quadrille pour le spectacle. Une occasion de découvrir une autre facette de leur culture, dont se félicite Chantal Loïal :
 

J’ai une génération de jeunes danseurs qui sont dans un processus de réappropriation culturelle. C’est important pour moi que cette nouvelle génération sache d’où elle vient. 


Côté public, ce quadrille revisité séduit les spectateurs du festival de Suresnes. La troupe doit maintenant partir présenter sa création en Martinique et en Guadeloupe.