Elle est considérée comme l’une des plus grandes sprinteuses françaises de tous les temps, toujours détentrice depuis 1998 du record d’Europe du 100 mètres. La carrière de Christine Arron est émaillée de médailles. Une carrière particulièrement longue aussi puisqu’elle a décidé de s’arrêter en 2012 à l’âge de 39 ans et de dire adieu aux compétitions.
1La reine Christine
Native des Abymes en Guadeloupe, des fées se sont penchées sur son berceau pour lui donner les qualités d’une championne d’athlétisme. "C’est vrai que bébé, j'avais les bras et les jambes longues. Ça étonnait tout le monde", s’amuse Christine Arron. Petite, la future athlète commence le sport en club par le karaté. Une bonne école.
Repérée par son professeur de sport, Monsieur Lambert au Raizet, elle commence l’athlétisme à l’âge de 11 ans avec un groupe de copines qui ne l’a jamais quitté jusqu’à aujourd’hui. "Quand je retourne en Guadeloupe, je les retrouve", dit-elle dans un sourire.
Son grand-père Augustin Arron, dont un lycée technique porte le nom à Baie-Mahault en Guadeloupe, est une personnalité. Ingénieur, grand sportif, il a gagné des compétitions en athlétisme. Et sans le savoir, il a probablement influé sur le parcours de sa petite fille. "Il devait me regarder de là-haut", plaisante la championne. Avec ses deux frères, elle se bagarre beaucoup et se souvient que même si elle n’avait pas le dessus, elle ne lâchait rien physiquement. Ça l'a forgé.
Deux fois par semaine, Christine Arron se rend aux entraînements. Elle n’apprécie guère le côté envahissant de son premier entraîneur. En revanche, elle aime beaucoup ses comparses de course. À l’école, elle ne rechigne pas à étudier, en particulier quand le professeur fait preuve de pédagogie. Elle se souvient de cours de mathématiques ou d’espagnol qu’elle a beaucoup aimé. Sinon globalement, elle s’ennuie souvent.
À partir de l’âge de 12 ans, elle commence à voyager, participe à des compétitions et n’a qu’un seul objectif : gagner. Un événement en Guadeloupe lui donne "des étoiles plein la tête". Elle se rappelle la venue de Carl Lewis qui lui a décerné une coupe. Un souvenir inoubliable immortalisé par la presse locale. Elle n’a que 14 ans et on la surnomme déjà la reine Christine en compagnie du roi Lewis.
À l’âge de 19 ans, Christine Arron intègre l’INSEP, l’Institut national du sport, le berceau de beaucoup de champions en France. Elle a du mal à s’adapter. L’intensité et le rythme des entraînements, la nourriture, le climat, le fait de partager sa chambre à trois lui pèsent. Au bout d’un an, elle change d’entraîneur et rejoint l’équipe de Jacques Piasenta.
2 Record d’Europe
Christine Arron a choisi de nous retracer son parcours dans #MaParole sur les bords de la Marne. Elle est désormais adjointe au maire de la ville de Champigny-sur-Marne chargée des sports. Avant cette reconversion dans la politique, elle mène une carrière d’athlète à la fois singulière et spectaculaire.
Jusqu’à maintenant, elle détient toujours le record d’Europe du 100 mètres. 10 secondes 73 centièmes remportés à Budapest en Hongrie en 1998. Elle se rappelle qu’elle n’a reçu ses pointes que la veille de la course. Dans la chambre d’appel, ce jour-là, elle ne retrouve pas son dossard. Heureusement, une dame lui en fournit un et écrit dessus à la main les informations nécessaires. Elle lui dit même qu’elle va gagner. Une bonne fée et un souvenir inoubliable pour Christine Arron.
En 1998, elle remporte également la médaille d’or en relais 4x100 mètres au terme d’une ligne droite légendaire dans laquelle elle comble cinq mètres de retard sur une coureuse russe. Après ces deux courses mémorables aux championnats d’Europe de 1998, la presse nationale la surnomme à nouveau la reine Christine. La sprinteuse devient connue et doit faire face à une célébrité pas forcément agréable pour elle.
L’année suivante, en 1999, elle est victime de nombreuses blessures. Elle arrive quatrième aux jeux olympiques de Sydney en 2000 aux 100 mètres. Une grosse déception ces JO. D’autant qu’avec le recul, elle comprend qu’elle vit une période de l'athlétisme pendant laquelle beaucoup de ses concurrentes, notamment américaines qui lui passent souvent devant, seront contrôlées positives ou soupçonnées de dopage, comme Marion Jones. Une injustice qu’elle ne digère toujours pas.
Après les JO de Sydney en 2000, Christine Arron change d’entraîneur. Elle quitte le très autoritaire Jacques Piasenta pour John Smith aux États-Unis. L’expérience ne l’emballe pas vraiment. Elle lâche l'écurie au bout de six mois. Après son retour des États-Unis, elle décide de faire une pause dans sa carrière pour cause de maternité en 2002. À l’époque, ça ne se faisait pas du tout pour une athlète. Pionnière en la matière, Christine Arron profite de sa grossesse pour prendre du recul et trente kilos. Après la naissance d’Ethan, elle parvient à perdre ses kilos superflus en trois mois. Un exploit !
En 2003, elle effectue son grand retour aux championnats du monde d’athlétisme au Stade de France à Saint-Denis où elle remporte la médaille d’or du 4X100 mètres avec Patricia Girard, Muriel Hurtis et Sylviane Félix.
3 Les jeux olympiques
La carrière de Christine Arron ne ressemble pas à un long fleuve tranquille. En 2004, aux jeux olympiques d’Athènes, elle fait partie des grandes favorites. Malheureusement, aux 100 mètres, elle n’arrive que sixième. "Je me demande si je n’ai pas la poisse avec les JO", dit-elle.
Malgré tout, elle parvient à obtenir une médaille de bronze en 4x100 mètres avec Véronique Mang, Muriel Hurtis et Sylviane Félix. C’est sa seule médaille aux jeux olympiques. Son parcours ressemble en ce sens à celui de Jackson Richardson, grand nom du hand-ball. C’est un grand champion, reconnu par tout le monde, mais aux JO, il n’a eu qu’une médaille de bronze.
En 2012, Christine Arron annonce sa retraite professionnelle. Elle donne naissance à sa fille Cassandre puis poursuit l’athlétisme à haute dose jusqu’en 2015. À 42 ans, elle décide d’arrêter vraiment. Elle se lance dans la création d’une entreprise de coaching et devient consultante sur France Télévisions.
En 2020, elle est élue conseillère municipale de la ville de Champigny-sur-Marne à l’est de Paris, adjointe, chargée des sports. Elle ne pense pas se représenter en 2026 et songe très sérieusement à repartir en Guadeloupe. Elle suit en ce moment des études de naturopathe et se verrait bien exercer cette profession sur son île natale.
Elle compte bien suivre les jeux olympiques de Paris en juillet 2024 et sera très probablement consultante pour une chaîne de télévision. Elle espère des médailles en athlétisme et compte bien suivre à distance la compétition. Mais avant les jeux, elle va savourer le plaisir de défiler ce samedi 15 juin 2024 avec la flamme olympique à Basse-Terre.
♦♦ Christine Arron en 5 dates ♦♦♦
►13 septembre 1973
Naissance aux Abymes
►1998
Record d’Europe du 100 mètres en 10 secondes 73 centièmes
►2002
Naissance de son fils Ethan
►2003
Championne du monde du relais 4x100 mètres
►Juillet 2020
Maire adjointe de Champigny-sur-Marne chargée des sports