Cinéma : Queen & Slim, un road movie afro-américain haletant, dans les salles

Sorti cette semaine dans l’Hexagone et aux Antilles, le film Queen & Slim raconte la cavale d’un couple de jeunes Noirs Américains à travers les Etats-Unis, à la suite d’un incident sanglant avec la police. Un road trip percutant sur l’Amérique d’aujourd’hui.
Cela commence par un banal rendez-vous entre deux jeunes gens, Queen et Slim, après un échange sur un réseau social de rencontres, mais qui va se transformer en cauchemar. Un contrôle de police plus tard, abusif et violent, dégénère et un policier est tué. C’est de l’autodéfense, mais pour deux Noirs aux Etats-Unis ce serait considéré comme un meurtre de sang-froid. S’ensuit une fuite éperdue de Cleveland (Ohio) vers la Floride, en passant par le Kentucky, le Sud profond et la Louisiane.

Au cours de ce périple quasiment initiatique, ce couple improbable, qui ne cesse de se chamailler au début, va se découvrir et s’aimer dans l’adversité. Dans ce road trip haletant, on découvre aussi le Sud des Etats-Unis, sa culture afro-américaine, sa solidarité intrinsèque mais aussi sa complexité. L’intensité dramatique du film n’empêche pas des épisodes rocambolesques et quelquefois hilarants.
  
 
Queen & Slim a été réalisé par la cinéaste Melina Matsoukas, et c’est son premier long métrage. Issue du courant de la pop culture et récompensée à de nombreuses reprises pour ses créations (Grammy, Emmy Awards), elle était jusqu’à présent connue pour ses célèbres clips de Rihanna ou Beyoncé. Travail d’orfèvre, son film est superbement porté par les acteurs Daniel Kaluuya - "Slim", (remarqué notamment pour son rôle dans "Get Out" en 2017), et par l’envoûtante Jodie Turner-Smith - "Queen", dont c’est le premier grand rôle et dont on entendra encore sûrement parler.

Le film est émaillé de nombreuses références à l’histoire afro-américaine. En filigrane, les questions de l’esclavage, du racisme, des violences policières, des conditions carcérales et des mouvements de protestation, comme Black Lives Matter. Références culturelles également avec une riche bande son où l’on retrouve des morceaux de Lauryn Hill, Duke Ellington et John Coltrane, du bluesman Little Freddie King, de Luther Vandross et de Solange, entre autres.