Climat et biodiversité : la France dans le rouge, selon un rapport officiel

Émissions de CO2 toujours trop élevées, érosion "préoccupante" des espèces, contribution à la déforestation mondiale: la France dépasse dans plusieurs secteurs les "limites planétaires" nécessaires à des conditions de vie sûres pour l'humanité, selon un rapport publié jeudi.
Cette évaluation de l'état de l'environnement, publiée tous les quatre ans par le ministère de la Transition écologique, se penche pour la première fois sur le concept des "limites planétaires", neuf variables qui régulent la stabilité de la planète et qu'il ne faut pas dépasser pour assurer un développement "sûr et juste" pour l'humanité. Appliqué à la seule France, le constat est sans appel : la majorité des neuf seuils est dans le rouge.
 

Réchauffement

Première limite dépassée, le changement climatique. Pour espérer limiter le réchauffement de la planète à +2°C par rapport à l'ère pré-industrielle, comme prévu par l'accord de Paris, il faudrait limiter au niveau mondial les émissions de CO2 entre 1,6 et 2,8 tonnes par an et par habitant sur la période 2018-2100, rappelle le rapport, citant des chiffres des experts climat de l'ONU. Un objectif que la France est loin de respecter malgré la baisse des émissions de 18% entre 1990 et 2017, note le rapport.
 
Ainsi, le CO2 émis sur le territoire représentait 4,9 t/hab en 2017 (au dessus de la moyenne mondiale de 4,8 t). Le dépassement est encore plus frappant pour l'"empreinte carbone" du pays qui inclut les émissions liées aux importations, avec 7,9 t/hab. Le rapport souligne notamment l'impact de la France sur la déforestation dans le reste du monde, avec un équivalent de 14,8 millions d'hectares "soit plus d'un quart de la superficie de la métropole et la moitié de la surface agricole française".
 

Ecosystèmes terrestres

La situation est également "préoccupante" pour les écosystèmes terrestres, aquatiques et marins français, alors que le pays héberge 10% des espèces connues de la planète, grâce à ses territoires d'outre-mer. Sur les quelque 10.000 espèces évaluées, 18% sont éteintes ou menacées d'extinction.
 
Une situation liée notamment à l'artificialisation des sols, à la perte des habitats et aux pratiques agricoles. L'évaluation est en revanche moins négative pour d'autres aspects de l'environnement. Ainsi, la qualité de l'air, enjeu majeur de santé publique avec 48.000 décès prématurés imputés chaque année à la pollution aux particules fines, "s'améliore" depuis le début des années 2000, indique le rapport, reconnaissant les progrès encore nécessaires.

Amélioration partielle en revanche pour la qualité de l'eau : bon point pour les rivières et plans d'eau, mais inquiétude pour les eaux souterraines où sont encore rejetés nitrates, pesticides ou médicaments.