Le transporteur maritime français CMA CGM va lancer un fonds doté de 200 millions d'euros en partenariat avec la Banque publique d'investissement Bpifrance pour décarboner la filière maritime française, ont-ils conjointement annoncé jeudi. Ce fonds "vise à accélérer la mise en œuvre des projets de transition énergétique des acteurs de la filière", a indiqué le directeur général de Bpifrance, Nicolas Dufourcq. Il sera abondé par un autre fonds de CMA CGM, baptisé PULSE, créé en septembre 2022 et doté de 1,5 milliard d'euros afin d'accélérer la décarbonation du secteur maritime dans le monde entier.
Soutien financier et recherche
L'enveloppe de 200 millions d'euros sera divisée en trois parties : "130 millions d'euros de subventions destinées à la filière maritime", dont 20 millions pour les sociétés de pêche, 50 millions pour investir dans des entreprises françaises "de la filière maritime qui souhaitent accélérer leur décarbonation" et 20 millions pour "la recherche dans le maritime".
Un comité de pilotage composé d'acteurs du secteur et de la finance "décidera des orientations de la doctrine d'intervention du fonds de dotation", précisent Bpifrance et CMA CGM dans leur communiqué. Le département Recherche et Développement de CMA CGM "supervisera directement certaines subventions destinées à la recherche", est-il également expliqué.
Du retard à rattraper
PULSE, présenté il y a un peu plus d'un an et demi pour verdir un secteur responsable de quelque 3 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre et très en retard dans sa transition, a déjà "engagé 460 millions d'euros (hors fonds de dotation) pour une vingtaine d'investissements directs ou indirects dans des projets technologiques et énergétiques". Ces investissements concernent la méga-usine de batteries de Verkor à Dunkerque ou le fonds consacré à l'hydrogène décarboné Hy24.
En juillet 2023, l'Organisation maritime internationale a fixé au secteur des objectifs de réduction de leurs émissions de 20 % d'ici à 2030 par rapport à 2008 et de 70 % en 2040 pour atteindre zéro émission nette en 2050. Lors de la COP28 à Dubaï, cinq des sept plus gros transporteurs mondiaux, dont CMA CGM, se sont fixés des objectifs encore plus ambitieux (-30 % en 2030 et -80 % en 2040). Actuellement, près de 99 % de la flotte mondiale est propulsée au fioul lourd et les émissions du secteur ont bondi de 20 % en une décennie, d'après l'ONU.