Si vous organisez un combat de coqs à Marseille, vous risquez trois ans de prison et 45 000 euros d’amende. Mais dans les Hauts-de-France, à La Réunion, aux Antilles, en Guyane et en Polynésie, la pratique est légale. Le code pénal prend en compte les "traditions locales" et prévoit des exceptions.
Gabrielle Paillot milite pour les droits des animaux. Sa pétition pour interdire les combats de coqs sur l'ensemble du territoire a déjà récolté 46 000 signatures. "On est quand même en 2022, il faut que la société évolue. Il faut qu’on ouvre les yeux sur les souffrances des animaux. Pour moi, c’est une tradition moyenâgeuse, glauque", détaille-t-elle.
Une tradition de plusieurs siècles
Une tradition que certains entendent préserver. Dolorès Belair élève des coqs à Morne-à-l'Eau en Guadeloupe. Elle a repris le Pitt à Coq -l'endroit où sont organisés les combats- de ses parents. Propriétaire d’une vingtaine de gallinacées, elle organise des combats une à deux fois par mois.
C’est une tradition, c’est un patrimoine que nous devons respecter. Celui qui aime vient, celui qui n’aime pas ne vient pas.
Dolorès Belair, coqueleuse à Morne-à-l'Eau.
"Les combats de coqs font partie de notre tradition, de notre patrimoine. Ça fait cinq siècles que les combats de coqs existent dans la Caraïbe, y compris dans les Antilles françaises, explique-t-elle. Le jour des combats, c’est toute une vie, un pan du patrimoine, les gens sont contents de se retrouver, on prépare des repas traditionnels".
Athlètes ou victimes
De vitesse, d’endurance, avec ou sans lame coupante fixée à la patte...Il existe différents types de combats, qui obéissent tous à des règles bien précises. Chez Dolorès Belair, avant de se lancer dans l'arène, les coqs sont pesés. Deux adversaires doivent coûter le même prix et faire environ le même poids : il ne peut pas y avoir plus de 40 grammes de différences entre eux. On prend ensuite les paris et les coqs sont lâchés. Le propriétaire du coq vainqueur récupère sa mise et celle de son adversaire. Si le match est nul, chacun repart avec ce qu'il a parié.
La mort de l'un des animaux, son refus de reprendre la lutte, ou l'atteinte d'une durée maximale fixée à l'avance, marquent la fin du combat. Dolorès Belair voit ses coqs comme "des sportifs de haut niveau" qu'elle prépare pour des compétitions. Un champion peut combattre pendant une dizaine d'années.
"De toute façon, en liberté, quand un coq rencontre un autre coq, ils vont se battre jusqu’à la mort", pointe la coqueleuse. Un argument que balaye la militante Gabrielle Paillot : "Tous les animaux dans la nature peuvent être belliqueux, mais ce n’est pas une raison pour utiliser ça dans un but financier et pour en faire un spectacle ! Je trouve ça très cruel."
Les militants favorables aux combats de coq ont aussi leur pétition. Un Réunionnais en a lancé une le mois dernier pour inscrire les combats de coq au patrimoine culturel de l’Unesco.