“Dès qu’il fait 35 degrés on est en alerte canicule et on dramatise la situation”, s’indigne Laurent Messer, originaire de Saint-Louis, à La Réunion, et qui a habité pendant 25 ans à Nice.
Je suis à la Réunion et il fait 35 durant 9 mois de l’année alors 10j de canicule cela me fait légèrement rire..
— Laurent Messer (@dakatin) 24 juin 2019
Cette surmédiatisation de la canicule, Maëva Brofferio, originaire du Lamentin, en Martinique, préfère s'en moquer. Selon la jeune fille de 19 ans, qui habite à Paris, “aller jusqu’à des températures de 35 ou 40°C, c’est presque normal en Outre-mer”.
“On en fait tout un plat pour quelques jours alors que ces phénomènes touchent les territoires ultramarins parfois pendant des semaines et des semaines."
- Eliette Golitin, originaire de Guyane
Des chaleurs difficiles à supporter
Depuis des années, à chaque période de grandes chaleurs, au moindre épisode de canicule en métropole, des milliers de messages apparaissent sur Twitter. Le phénomène climatique, qui semble difficile à supporter pour beaucoup d’internautes, ne manque pas de faire sourire ou de provoquer des réactions de la part d’Ultramarins.
"La chaleur est moins supportable en Hexagone par rapport à chez nous. L'humidité de la plupart des territoires d'Outre-mer permet de plus facilement tenir le coup."
- Maëva Brofferio, originaire de Martinique
“En Outre-mer, il fait chaud toute l’année”, rapporte Éliette Golitin. Il est vrai que, Saint-Pierre et Miquelon mis de côté, les moyennes des températures sont plus élevées qu’en métropole, et ce toute l’année. “Ici, l’air chaud pique la gorge, c’est ce qui rend la canicule plus désagréable pour nous”, explique Maryse Desplas. Arrivée avec son compagnon et son fils de deux ans du Tampon à Paris pour une intervention médicale, cette Réunionnaise regrette le climat de son île d’origine. “Chez nous, l’air marin apporte de la fraîcheur. On est entouré par l’océan, c’est beaucoup moins sec qu’à Paris.”
Le brevet des collèges reporté
Lundi 24 juin, l’annonce du report des examens écrits du brevet des collèges a là aussi provoqué un flot de réactions sur les réseaux sociaux. “Traitement de faveur”, “inégalités” entre les territoires : beaucoup d’internautes pointent du doigt une décision de Jean-Michel Blanquer qui, selon eux, n’aurait jamais été prise pour les Outre-mer.
Les élèves à Mayotte quand tu leur dis que le brevet est reporté pour cause de canicule ... pic.twitter.com/dRVfhyIm9L
— Grégoire (@gregnakachdjian) 25 juin 2019
Aucune mesure n’est prise dans les territoires ultramarins en cas de fortes chaleurs. Dernier exemple en date, l’été à La Réunion cette année (décembre, janvier et février) a été particulièrement chaud. Les établissements de l’île ont demandé à de nombreuses reprises des climatiseurs, pour continuer à étudier dans des conditions acceptables. Mais ces appels sont restés sans réponse. Finalement, le ministère a annoncé que La Réunion et Mayotte composeront en décalé, comme dans l'Hexagone. En revanche, pas de changement pour la Guyane et les Antilles.
Une députée en appelle à une réaction de l'État
La députée de La Réunion Nadia Ramassamy a interpellé la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, par le biais d’une lettre publiée sur les réseaux sociaux. Dans cette missive, l’élue pointe l’inadaptation du plan de gestion de la canicule aux territoires ultramarins.
"En raison de la situation géographique de ces derniers, un thermomètre durablement plus élevé qu’en Hexagone est normal, cependant, certaines activités, en particulier scolaires, pâtissent des fortes vagues de chaleur, sans la moindre activation au niveau départemental d’un plan de gestion de la canicule.”
- Nadia Ramassamy, députée de La Réunion
Les ultramarins attendent de l’État la même réactivité qu’il a en métropole face à la #canicule. Cela passe par une adaptation dans les #Outremer du Plan canicule et par une mise à niveau des infrastructures publiques. pic.twitter.com/inQ1k7TnfY
— Nadia Ramassamy 🏳️🌈🇫🇷 (@NadiaRamassamy) 24 juin 2019
Évoquant les fortes températures dont a souffert son île d’origine, la députée a insisté sur la non-activation des plans de prévention, en mars dernier, par exemple. Également présidente de l’Intergroupe parlementaire des Outre-mer, l’élue a terminé son courrier en rappelant que “les régions françaises les plus frappées et les premières atteintes par les effets du réchauffement climatique sont et seront ultramarines.”