Comment les Ultramarins perçoivent la canicule dans l'Hexagone ?

Les Parisiens au parc André-Citroën en août 2018
Depuis le début de la semaine, une vague de fortes chaleurs s’est installée sur l’Hexagone. Le sujet est sur toutes les lèvres. S’il est tout aussi concernant pour les Ultramarins qui vivent en métropole, certains dans les Outre-mer hésitent entre humour et agacement.
Alors que la France hexagonale suffoque depuis lundi, que les médias nationaux sont en boucle sur la canicule, devenue sujet numéro 1 dans les journaux télévisés, que 65 départements ont été placés en alerte orange par Météo France, les internautes sont nombreux à commenter cet épisode climatique et sa médiatisation. En première ligne : les Ultramarins. Pour beaucoup installés dans l’Hexagone, ils ne comprennent pas pourquoi de tels phénomènes météo ne sont pas mis à la Une quand ils surviennent Outre-mer.

Dès qu’il fait 35 degrés on est en alerte canicule et on dramatise la situation”, s’indigne Laurent Messer, originaire de Saint-Louis, à La Réunion, et qui a habité pendant 25 ans à Nice.
Cette surmédiatisation de la canicule, Maëva Brofferio, originaire du Lamentin, en Martinique, préfère s'en moquer. Selon la jeune fille de 19 ans, qui habite à Paris, “aller jusqu’à des températures de 35 ou 40°C, c’est presque normal en Outre-mer”.

“On en fait tout un plat pour quelques jours alors que ces phénomènes touchent les territoires ultramarins parfois pendant des semaines et des semaines."

Eliette Golitin, originaire de Guyane

 

Des chaleurs difficiles à supporter


Depuis des années, à chaque période de grandes chaleurs, au moindre épisode de canicule en métropole, des milliers de messages apparaissent sur Twitter. Le phénomène climatique, qui semble difficile à supporter pour beaucoup d’internautes, ne manque pas de faire sourire ou de provoquer des réactions de la part d’Ultramarins. 

"La chaleur est moins supportable en Hexagone par rapport à chez nous. L'humidité de la plupart des territoires d'Outre-mer permet de plus facilement tenir le coup."

- Maëva Brofferio, originaire de Martinique


En Outre-mer, il fait chaud toute l’année”, rapporte Éliette Golitin. Il est vrai que, Saint-Pierre et Miquelon mis de côté, les moyennes des températures sont plus élevées qu’en métropole, et ce toute l’année. “Ici, l’air chaud pique la gorge, c’est ce qui rend la canicule plus désagréable pour nous”, explique Maryse Desplas. Arrivée avec son compagnon et son fils de deux ans du Tampon à Paris pour une intervention médicale, cette Réunionnaise regrette le climat de son île d’origine. “Chez nous, l’air marin apporte de la fraîcheur. On est entouré par l’océan, c’est beaucoup moins sec qu’à Paris.” 
 

Le brevet des collèges reporté


Lundi 24 juin, l’annonce du report des examens écrits du brevet des collèges a là aussi provoqué un flot de réactions sur les réseaux sociaux. “Traitement de faveur”, “inégalités” entre les territoires : beaucoup d’internautes pointent du doigt une décision de Jean-Michel Blanquer qui, selon eux, n’aurait jamais été prise pour les Outre-mer. 
 
Aucune mesure n’est prise dans les territoires ultramarins en cas de fortes chaleurs. Dernier exemple en date, l’été à La Réunion cette année (décembre, janvier et février) a été particulièrement chaud. Les établissements de l’île ont demandé à de nombreuses reprises des climatiseurs, pour continuer à étudier dans des conditions acceptables. Mais ces appels sont restés sans réponse. Finalement, le ministère a annoncé que La Réunion et Mayotte composeront en décalé, comme dans l'Hexagone. En revanche, pas de changement pour la Guyane et les Antilles.
 

 

Une députée en appelle à une réaction de l'État


La députée de La Réunion Nadia Ramassamy a interpellé la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, par le biais d’une lettre publiée sur les réseaux sociaux. Dans cette missive, l’élue pointe l’inadaptation du plan de gestion de la canicule aux territoires ultramarins.

"En raison de la situation géographique de ces derniers, un thermomètre durablement plus élevé qu’en Hexagone est normal, cependant, certaines activités, en particulier scolaires, pâtissent des fortes vagues de chaleur, sans la moindre activation au niveau départemental d’un plan de gestion de la canicule.”

- Nadia Ramassamy, députée de La Réunion

 

Évoquant les fortes températures dont a souffert son île d’origine, la députée a insisté sur la non-activation des plans de prévention, en mars dernier, par exemple. Également présidente de l’Intergroupe parlementaire des Outre-mer, l’élue a terminé son courrier en rappelant que “les régions françaises les plus frappées et les premières atteintes par les effets du réchauffement climatique sont et seront ultramarines.”