Les résultats du premier tour de l'élection présidentielle se faisaient toujours attendre mardi aux Comores dans un climat de vives tensions entre le camp du sortant Azali Assoumani, déterminé à l'emporter, et ses adversaires qui crient à la fraude généralisée.
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Le décompte des suffrages était toujours en cours dans la matinée au siège de l'Assemblée nationale à Moroni, transformée en centre de dépouillement, a déclaré à l'AFP un responsable de la Commission électorale (Ceni), deux jours après la présidentielle de dimanche. Selon le ministre de l'Intérieur Mohamed Daoudou dit "Kiki", l'annonce du verdict pourrait intervenir dès mardi.
"Nous avons un pouvoir qui est devenu fou (et) tire sur les candidats qui ont gagné dans les urnes", s'est offusqué auprès de l'AFP le candidat du parti Juwa, l'avocat Mahamoudou Ahamada. Le ministre de l'Intérieur a justifié le recours à la force par la nécessité de maintenir l'ordre public. "Ces gens veulent installer le désordre dans Moroni, il n'est pas question de les laisser faire", a-t-il tonné auprès de l'AFP, "nous ferons tout ce qui est nécessaire pour garantir la stabilité et la paix du pays".
Le camp présidentiel a balayé toutes ces critiques. "Les incidents relevés ne sont pas de nature à entacher la sincérité du scrutin",
a assuré M. Daoudou. "Je n'ai jamais vu élections plus transparentes dans notre pays", a poursuivi très sérieusement le ministre, "nous sommes un pays souverain, personne ne viendra nous imposer quoi que ce soit de l'étranger..." Tout au long d'une campagne qu'il a écrasée de tous les moyens de l'Etat, Azali Assoumani, 60 ans, a répété qu'il comptait bien l'emporter dès le premier tour. A la tête du pays de 1999 à 2006, réélu en 2016, l'ancien putschiste est accusé depuis des mois de multiplier les coups de force pour s'accrocher au pouvoir.
L'opposition a dénoncé sa dérive autoritaire, la corruption de son régime et son incapacité à réduire la pauvreté extrême des 800.000 habitants du pays. Mais, divisée et décimée par la répression, elle dispose de peu de moyens pour contrer la "machine Azali".
"Hold up" électoral
Lundi, la gendarmerie a dispersé sans ménagement une manifestation de plusieurs candidats au scrutin et d'une centaine de leurs partisans qui défilaient dans les rues de la capitale pour dénoncer un "hold-up" électoral. L'intervention a fait 12 blessés légers dans les rangs de l'opposition, dont trois candidats."Nous avons un pouvoir qui est devenu fou (et) tire sur les candidats qui ont gagné dans les urnes", s'est offusqué auprès de l'AFP le candidat du parti Juwa, l'avocat Mahamoudou Ahamada. Le ministre de l'Intérieur a justifié le recours à la force par la nécessité de maintenir l'ordre public. "Ces gens veulent installer le désordre dans Moroni, il n'est pas question de les laisser faire", a-t-il tonné auprès de l'AFP, "nous ferons tout ce qui est nécessaire pour garantir la stabilité et la paix du pays".
"Mascarade"
Quelques heures avant la clôture du vote, les douze candidats qui affrontaient le colonel Azali ont dénoncé dimanche une "mascarade" et appelé à la "résistance". Comme le leur, le bilan du scrutin dressé par la société civile comorienne est accablant. Bureaux saccagés et fermés avant l'heure officielle de clôture, urnes bourrées ou confisquées par la gendarmerie, assesseurs de l'opposition empêchés, toute la palette de la fraude électorale y est passée."Aucune crédibilité"
"Quels que soient les résultats annoncés, ils n'auront aucune crédibilité", a résumé Samir Soulaïmane, de la Plateforme citoyenne, un collectif d'ONG. Le ton est plus diplomatique mais les observateurs de l'Union africaine (UA), du Marché commun de l'Afrique orientale et australe (Comesa) et des Forces en attente de l'Afrique de l'Est (EASF) ont livré le même verdict. Ils "déplorent les incidents observés qui n'ont pas permis aux électeurs de sortir massivement pour exercer leur droit civique dans la sérénité", ont-ils écrit, "la situation (...) empêche de se prononcer de façon objective sur la transparence et la crédibilité du scrutin".Le camp présidentiel a balayé toutes ces critiques. "Les incidents relevés ne sont pas de nature à entacher la sincérité du scrutin",
a assuré M. Daoudou. "Je n'ai jamais vu élections plus transparentes dans notre pays", a poursuivi très sérieusement le ministre, "nous sommes un pays souverain, personne ne viendra nous imposer quoi que ce soit de l'étranger..." Tout au long d'une campagne qu'il a écrasée de tous les moyens de l'Etat, Azali Assoumani, 60 ans, a répété qu'il comptait bien l'emporter dès le premier tour. A la tête du pays de 1999 à 2006, réélu en 2016, l'ancien putschiste est accusé depuis des mois de multiplier les coups de force pour s'accrocher au pouvoir.
Azali : une dérive autoritaire ?
Il y a un an, il a fait adopter par référendum une réforme constitutionnelle qui a remis en cause le système mis en place en 2002 pour mettre fin aux crises séparatistes qui agitaient le petit archipel de l'océan Indien. Ce texte a étendu de un à deux mandats de cinq ans la durée de la présidence attribuée par rotation à un natif de chacune de ses îles (Grande-Comore, Mohéli, Anjouan). Par la grâce du nouveau calendrier électoral, le chef de l'Etat sortant pourrait désormais rester, en cas de victoire, au pouvoir jusqu'en 2029.L'opposition a dénoncé sa dérive autoritaire, la corruption de son régime et son incapacité à réduire la pauvreté extrême des 800.000 habitants du pays. Mais, divisée et décimée par la répression, elle dispose de peu de moyens pour contrer la "machine Azali".