Une condamnation symbolique du projet minier Montagne d’or par le Tribunal international des droits de la nature

Le projet minier Montagne d’or en Guyane a été condamné par le Tribunal international des droits de la nature. Ce tribunal symbolique s’est tenue en marge de la COP23, à Bonn, les 7 et 8 novembre dernier. Le juge a recommandé la suspension immédiate du projet guyanais.
Les associations France Libertés, Maiouri Nature Guyane et le mouvement Jeunesse autochtone de Guyane ont porté le cas du projet minier guyanais Montagne d’or devant le Tribunal international des droits de la nature pour dénoncer les conséquences climatiques, environnementales et sociétales. Ce tribunal symbolique s’est tenue en marge de la COP23 à Bonn les 7 et 8 novembre dernier.

Devant un jury composé de huit défenseurs de l’environnement et des droits humains, Patrick Monier, de l’association Maiouri Nature, a dénoncé le danger que constitue cette mine : "Elle augmentera de 50% l’empreinte CO2 de la Guyane et engagera la construction d’autres projets destructeurs de l’environnement pour la fournir en énergie".


Le Tribunal demande la suspension immédiate du projet

Le jugement précise que "Le Tribunal international des droits de la nature dénonce le cas de la Montagne d’or comme un cas manifeste de violations des droits de la nature dans la mesure où il menace les cycles écologiques vitaux et l’équilibre de la Terre Mère".

Le juge Fernando Solanas alias Pino Solanas – sénateur argentin –  a ainsi recommandé "La suspension immédiate du projet et tient l’État français pour responsable s’il venait à l’autoriser et, par conséquent, de tout dommage pouvant survenir si le projet voyait le jour".

"Un danger clair et spécifique" 

Ce tribunal symbolique est une instance citoyenne issue de la déclaration des droits de la Terre-Mère adoptée en Bolivie en 2010 lors de la conférence mondiale des peuples contre le changement climatique. Pour ce Tribunal, Montagne d’or représente "Un danger clair et spécifique de violations des Droits de la nature" et viole l’article 2 de la Déclaration Universelle des Droits de la Terre Mère, c’est-à-dire :
-  le droit de la nature à régénérer sa bio-capacité et son droit à la continuité de ses cycles et processus vitaux ;
- le droit à l’eau ;
- le droit à un air pur ;
- le droit d’être exempt de contamination, de pollution et de déchets toxiques ou radioactifs ;
- le droit à une entière et prompte réparation en cas de violation des droits reconnus dans la Déclaration résultant d’activités humaines.

Une violation des droits des Peuples Autochtones

Montagne d’or représente, selon le tribunal, une menace réelle pour les populations et les Peuples Autochtones implantés dans l'ouest guyanais même si les habitations sont à plus de 100 km du site. Le jugement du Tribunal international des droits de la nature est clair :" Montagne d’or impliquera une violation des droits collectifs et des droits des Peuples autochtones." Christophe Pierre, membre du mouvement Jeunesse Autochtone de Guyane, rappelle l’opposition des Peuples Autochtones de Guyane à ce projet :
 
 Montagne d’or est le résultat d’une vision dénaturée du monde. Les autorités françaises investissent dans le passé, alors qu’on aurait l’opportunité d’innover et de créer à partir de la diversité culturelle et de la biodiversité de notre territoire.


Les associations se réjouissent 


France Libertés, Maiouri Nature, Nature Rights et le mouvement Jeunesse Autochtone de Guyane saluent la décision du Tribunal international des droits de la nature.

Marion Veber chargée du programme Droits des Peuples à France Libertés :
 
Cette décision symbolique d’un tribunal citoyen montre la volonté de la société civile de protéger de manière effective la Nature et les populations des dommages causés par les grands projets extractivistes. Face à l’ampleur de la destruction de la biodiversité et de la crise climatique, il  est temps que les politiques agissent. Nous appelons le Président Emmanuel Macron à ne pas autoriser le projet Montagne d’or et plus globalement à déclarer un moratoire sur l’exploitation minière à grande échelle en Guyane.