À Mayotte, la musique et la danse sont des éléments essentiels du quotidien des habitants. Dès que la musique résonne, les Mahorais ne se privent pas pour esquisser quelques pas de danse. Enfin quelques pas… Ou une vraie chorégraphie. Eh oui, sur l’île, la danse est une telle tradition qu’on en possède tout un catalogue. À chaque danse, son rythme et son ambiance. Le wadaha est l’une d’entre elles. . Avec le comédien Yao Louis découvrez la lettre W de l'Abécédaire des Outre-mer.
La danse du pilon
Le wadaha est une danse exclusivement pratiquée par des femmes. On l’appelle aussi “la danse du pilon” en référence à l’accessoire brandi par les danseuses. Oui, un pilon. Enfin trois plus exactement. Et c’est autour d’un grand mortier que les femmes se réunissent en formant un cercle. Durant le wadaha, quelques-unes viennent faire le tour du mortier et le frapper à tour de rôle avec un pilon.
À chaque coup, le bâton est lancé en l’air pour être passé à la danseuse suivante qui le rattrape à la volée. Toutes les femmes sont vêtues du salouva, la tenue traditionnelle mahoraise. C’est une pièce de tissu nouée au niveau de la poitrine et souvent très colorée. Avec la ronde du wadaha et les salouvas, ça devient un vrai tourbillon de couleurs. Tandis que le reste de l’assemblée danse et bat des mains au son des rythmes joués par les hommes.
Des ustensiles de cuisine
Alors vous l’aurez sans doute compris, le wadaha n’est pas une simple danse. Au cœur de cette chorégraphie, on retrouve le pilon et le mortier, deux ustensiles de cuisine utilisés depuis toujours dans la préparation des aliments. À Mayotte, ils servaient autrefois à piler le riz paddy, un riz non décortiqué largement cultivé sur l’île. Lors des grandes récoltes, tous les villageois étaient conviés à battre ensemble le riz sur des nattes, puis plus tard avec les fameux mortiers. Imaginez un peu la scène. Avec le son des coups ça devenait un vrai ballet musical que l’on accompagnait de chants.
Au-delà des ustensiles de cuisine, c’est donc toute une symbolique ancestrale qui se cache derrière les danseuses virevoltantes. Mais cette symbolique est aussi le reflet de l’identité mahoraise, fruit du métissage des différentes populations qui ont émigré à Mayotte au fil de son histoire.
On pense que le wadaha aurait une origine bantoue, un terme qui rassemble des peuples répartis du Cameroun à l’Afrique du Sud. Mais il pourrait aussi avoir des influences malgaches. Dans certains pays dont le Mozambique et Madagascar, on retrouve d’ailleurs des chorégraphies similaires à celle du wadaha, simulant le pilonnement dans un mortier.
Une danse pour chaque occasion
Mariage, événement heureux, manifestation officielle ou politique, toutes les occasions sont bonnes pour se lancer dans un wadaha à Mayotte. Ou une autre danse traditionnelle. Parmi les plus populaires, il y a le m’godro qui peut être pratiqué par tous, femmes et hommes. Inspiré de la culture malgache, il est accompagné de rythmes très dynamiques et se danse en réalisant des petits piétinements.
Il y a aussi le mbiwi . Comme le wadaha, cette danse est exclusivement féminine et nécessite quelques accessoires. Il s’agit de petits bâtons de bois que les femmes doivent entrechoquer selon un rythme particulier tout en dansant et en chantant. C’est d’ailleurs de cet instrument que le mbiwi tire son nom.
Il existe aussi le deba,ou encore le shigoma . Mais le mieux est encore de vous inciter à aller voir les Mahorais danser. Car à chacun de leurs pas, c’est une fenêtre entière qui s’ouvre sur la richesse culturelle de Mayotte.
Découvrez ici toutes les lettres de : l’Abécédaire des Outre-mer.
Production : Initial Studio
Écriture et recherches : Emeline Férard
Interprétation : Yao Louis, avec la contribution de Louise Nguyen
Réalisation et musique : Victor Benhamou et Johanna Lalonde
Direction éditoriale pour Outre-mer la1ère : Fabrice Hochard et Jean-Marc Party