Dimanche soir, Antoine Griezmann a provoqué une polémique en postant sur Twitter une photo de lui entièrement maquillé en noir. Le joueur de l’Atletico de Madrid posait fièrement, vêtu d’un maillot de l’équipe de basket américaine des Harlem Globetrotters et coiffé d’une perruque afro, pour se rendre à une soirée "années 80".
Face aux réactions des internautes, Antoine Griezmann a cherché à se défendre en expliquant qu’il s’agissait d’un "hommage" à l’équipe, avant de supprimer la publication et de s’excuser.
Je reconnais que c’est maladroit de ma part. Si j’ai blessé certaines personnes je m’en excuse.
— Antoine Griezmann (@AntoGriezmann) 17 décembre 2017
Dans un communiqué publié lundi, le CRAN a contesté les excuses du joueur en expliquant que "le blackface n’est pas une maladresse, c’est un acte raciste". Le Conseil rappelle notamment que cette pratique est issue de l’esclavage et que "le but est généralement d’inférioriser les Noirs par le rire et la moquerie".
Réaction de Laura Flessel
La ministre des Sports, via un communiqué, réagit ce lundi :Je sais combien ce grand joueur est attaché à des valeurs d’humanisme et d’ouverture, et engagé dans la lutte contre les discriminations. En aucune manière je ne peux imaginer que ce tweet, dont il s’est ensuite excusé, était mal intentionné. Malvenu, c’est certain. Mal intentionné, je ne crois pas.
Caricaturer les personnes noires
Non traduite en Français, le "blackface" est une pratique particulièrement choquante aux Etats-Unis. Elle tire son origine de pièces de théâtres données au XIXe siècle où des comédiens blancs incarnaient des caricatures de personnes noires.Si la pratique est moins connue en France, elle a malgré tout fait partie de son histoire, et notamment de son passé colonial. Dès le XVIIIème siècle des spectacles mettaient en scène des personnages noirs stéréotypés, selon l’anthropologue Sylvie Chalaye qui expliquait en novembre 2016 à Slate :
En France il y a eu beaucoup de spectacles comme ça, même pendant des périodes qui se voulaient “ouvertes à l’altérité” et “curieuse de l’Afrique”: comme au début du XXe siècle avec “Impressions d’Afrique” de Raymond Roussel ou “Malikoko, roi nègre”. Ce sont des spectacles dans lesquels on met en scène des Africains pour rire, ce seront des spectacles d’ailleurs très à la mode".