Multiplication des tests, justificatif de domicile, horaires stricts à respecter : les nouvelles mesures qui s'appliquent depuis samedi matin aux voyageurs en provenance de Guyane - et de cinq pays - ont agacé de nombreux passagers partis de Cayenne quelques heures plus tôt.
Après quatre heures passées à l'aéroport Félix Éboué de Cayenne et huit heures de vol transatlantique, il leur a encore fallu près de trois heures supplémentaires pour quitter l'aéroport de Paris-Orly. Ce samedi 24 avril, les personnes en provenance du département français d'Amérique du Sud on dû faire preuve d'une grande patience. Les 300 premiers voyageurs arrivant de Guyane - dans le cadre du nouveau protocole sanitaire lancé ce samedi par le ministère de l'Intérieur - ont eu du mal à avaler la pillule. Tous se sont soumis à un nouveau dépistage, avant d'entamer une quarantaine stricte de 10 jours.
Contrôles des justificatifs et tests en série
Ces mesures s'imposent désormais aux passagers qui arrivent de Guyane, mais aussi du Brésil, d'Inde, du Chili, d'Afrique du Sud et d'Argentine, zones où le variant brésilien se propage rapidement. Un parcours du combattant pour les voyageurs, une casse-tête d'organistaion pour les autorités. "On vient contrôler non seulement l'identité, faire un test antigénique, mais également participer à la délivrance des arrêtés notifiés par la police aux frontières", explique Kamil Belkhelladi, chargé du contrôle sanitaire aux frontières. Le document officiel est remis uniquement si l'adresse donnée a pu être confirmée, justificatif à l'appui.
Dans le hall des arrivées, l'attente est longue. "Ce qui est compliqué, c'est le process des passagers qui ont fait un nombre d'heures de vol assez important et qui, à leur arrivée, vont à nouveau passer du temps parce que ça peut prendre jusqu'à 1h-1h30", constate Kamil Belkhelladi. Après le premier contrôle de documents, et alors qu'ils ont déjà fourni la preuve d'un test PCR négatif avant d'embarquer, les passagers subissent un test antigénique.
Des mesures "trop sévères" pour les Guyanais
Olga, en transit à Orly, explique qu'il lui a fallu "faire le test PCR de moins de 72h et le jour J, venir 4h30 avant le décollage pour faire un test [antigénique] sur place à l'aéroport de Cayenne. A l'arrivée, il faut refaire le test. Je pense que c'est nécessaire, vue la situation sanitaire actuelle. Après, c'est vrai que ça demande une certaine organisation pour les passagers." Deux heures et demi après son atterrisage à Paris, Bernadette n'a pas encore pu quitter l'aérogare. "Nous avons hâte de rentrer chez nous." Malgré la lenteur du processus, elle relativise : "C'est normal on a quand même le variant brésilien qui arrive sur la Guyane. Il faut, même si c'est fatiguant."
En Guyane, ça a été très rapide. Mais ici, c'est horrible, ça fait déjà 2h30 qu'on attend!
Nombre de passagers ne sont pas aussi tolérants. Emmanuelle et sa fille sont venues dans l'Hexagone pour des soins médicaux. La mère de famille se dit "outrée" par tant de précautions. "En moins de 24h, on a fait trois tests PCR, au départ en Guyane et à l'arrivée en métropole. En Guyane, ça a été très rapide. Mais ici c'est horrible, ça fait déjà 2h30 qu'on attend. Ma fille est fatiguée, elle est malade, ça ne va pas."
Une autre passagère abonde : "Je trouve que c'est exagéré, et pour moi c'est de la discrimination, dit Armelle qui trouve les mesures "trop sévères" pour des passagers guyanais. La Guyane, c'est pas le Brésil, le variant brésilien est partout, il n'est pas qu'en Guyane." Vaccinée contre le Covid-19, elle ajoute, agacée : "Monsieur Véran, au lieu de nous confiner, de faire autant de vérifications, envoyez les gens surveiller les frontières de la Guyane pour sécuriser nos abords et ensuite prenez les mesures qu'il faut. Ne prenez pas les Guyanais pour des boucs émissaires !"
Regardez le reportage réalisé ce samedi matin à l'aéroport d'Orly par Marie Boscher et Hélène Corbie :