Coronavirus : le prix des billets d'avion va-t-il s'envoler ?

Alors que l'Etat est autorisé par l'Union Européenne à apporter une aide de 7 milliards d'euros à Air France, l'ancien PDG de la compagnie affirme que les prix des billets d'avion pourraient grimper à 50% si on oblige les compagnies à pratiquer la distance sociale à bord.
"Si on ne peut pas remplir nos avions, les prix augmenteront de 50%". C'est Alexandre de Juniac, ancien patron d'Air France et aujourd'hui président de l'Association internationale du transport aérien, qui a jeté ce pavé dans la mare le 2 mai. En cause : les mesures de distanciation sociale qui pourraient être imposées à bord des avions de toutes les compagnies pour lutter contre la crise sanitaire du coronavirus. 
 

Neutralisation des places centrales ?

Parmi les mesures qui pourraient être prises, la neutralisation des places centrales dans les avions, afin de respecter les distances entre les passagers. Alexandre de Juniac l'assure : "On ne sait pas faire voler des avions remplis seulement au deux tiers en étant profitable. Soit l'avion peut voler et on gagne un tout petit peu d'argent sur le vol, soit il ne peut pas voler... ou alors on augmente le prix des billets et c'est au minimum de 50%". Alexandre de Juniac l'a dit sur BFM :


Solutions alternatives ?

Pour éviter de faire voler des avions non-remplis, Alexandre de Juniac propose des solutions alternatives : "Si les passagers portent tous des masques, si on désinfecte la cabine, si on distribue de la nourriture pré-emballée, si on demande aux passagers de ne pas prendre trop de bagages en cabine, ça peut limiter et pratiquement éradiquer le risque de transmission à bord."
 

Aide de l'Etat et accord de l'UE

Cette menace d'une forte augmentation du prix du billet d'avion intervient alors que la Commission européenne a autorisé lundi 4 mai la France à octroyer un soutien de 7 milliards d'euros à Air France pour affronter les conséquences de la crise du coronavirus. "Cette garantie et ce prêt d'actionnaire accordés par la France, d'un montant de 7 milliards d'euros, fourniront à Air France les liquidités dont elle a un urgent besoin pour résister aux répercussions de la pandémie", a expliqué la commissaire européenne à la Concurrence, Margrethe Vestager, citée dans un communiqué.

L'exécutif européen, gardien de la concurrence dans l'UE, a assoupli mi-mars ses règles sur les aides d'Etat pour leur permettre de soutenir les entreprises dans le besoin. Pour Air France, les prêts français se décomposeront en 4 milliards de prêts bancaires garantis à 90% par l'Etat et 3 milliards de prêt direct de l'Etat, avec en contrepartie des engagements sur l'amélioration de sa rentabilité et sur la réduction de ses émissions de CO2.
    
"La France a aussi apporté la preuve que toutes les autres possibilités d'obtenir des liquidités sur les marchés avaient déjà été explorées et épuisées", explique la Commission, qui estime "qu'en l'absence du soutien public, Air France serait sans doute exposée au risque de faillite à la suite de l'érosion de ses activités".