Coupe de France: affronter Bordeaux, crève-cœur pour l'amoureux mahorais des Girondins

La joie des footballeurs de Mzouasia après leur victoire en finale de la Coupe de Mayotte.
Vice-capitaine des Jumeaux de Mzouazia, club phare de Mayotte (6e division), Sidi Djidji rêvait d'atteindre un jour les 32e de finale de la Coupe de France, mais surement pas d'affronter les Girondins, son club métropolitain de cœur.

À l'origine, c'est une simple histoire de couleur. "Ma préférée, c'est le bleu et à la fin des années 1990, les Girondins étaient les seuls qui jouaient en bleu. Donc je les ai choisis", explique Djidji, agent administratif à la Chambre de commerce
et d'industrie de Mayotte. "J'étais pris par le jeu qu'ils proposaient, les joueurs qu'ils avaient, leur palmarès", énumère le milieu offensif, conforté dans son choix "par le titre de 2009 avec les Chamakh, Gourcuff... C'est vraiment mon club de cœur, après les Jumeaux bien sûr."

Et cette passion pour le club au scapulaire est loin d'être unique dans les rangs mahorais. "Dans l'équipe, il y a des supporters de Marseille, Lyon, Paris, mais on doit être une douzaine à supporter Bordeaux et chacun a sa raison", avec un ressenti différent à l'annonce du tirage au sort de ce 32e de finale, le premier de l'histoire des Jumeaux.

"On aime vraiment les Girondins"


"Quand on a découvert notre adversaire, la difficulté pour nous a été de nous ancrer dans la tête qu'il fallait les prendre comme des adversaires sérieux juste pour deux semaines. Ça a fait débat, un joueur ne voulait pas venir, juste pour ne pas affronter les Girondins, car on les aime vraiment", sourit-il. Il a fallu quelques réunions, des prises de parole pour passer outre l'aspect sentimental de l'opposition "mais dimanche soir, après le match, ils redeviendront notre club préféré", précise-t-il.

Après le stade de Saint-Brieuc au 7e tour face au CS Plédran (5-1), puis le Roudourou au tour suivant face à Plancoët-Arguenon (3-1), deux équipes amateurs des Côtes-d'Armor, les Jumeaux vont monter en gamme en découvrant le stade Matmut Atlantique. "C'est le rêve de tout footballeur amateur, surtout pour nous qui venons de loin. On a fait 10.000 km pour être là et aujourd'hui, on a tout : une Ligue 1, les Girondins et le Matmut", se félicite Djidji. Et une préparation digne de la Coupe du monde.


"Comme des ambassadeurs" de Mayotte

Car dans cette aventure qui a réveillé Mayotte, "tout le monde a joué le jeu", rappelle le vice-capitaine des Jumeaux, notamment "nos employeurs par rapport à nos congés et la Fédération qui a mis les moyens en nous permettant d'arriver en France dix jours avant le match""Car vous n'imaginez pas l'accueil que l'on a reçu après nos victoires en Bretagne : on était comme des ambassadeurs, raconte Djidji. Tout le monde nous attendait et on n'a pas pu s'entraîner ne serait-ce qu'une fois pendant deux semaines, car il y a eu des réceptions partout. Chaque commune, chaque élu voulait nous avoir chez lui pour nous féliciter. On a fait que ça et finalement cela nous a avantagés de partir plus tôt pour avoir ce temps de préparation"

Logés dans un hôtel situé près de l'aéroport de Mérignac où ils vivent comme dans une bulle, leur moral semble au beau fixe à quelques heures de vivre le match de leur vie. "On est venu pour gagner et même s'il se peut qu'on prenne une valise par rapport
à la différence de niveau, on préfère rester positifs
, affirme-t-il. On va jouer ce match à fond pour ne pas avoir de regrets à la fin, le plus important est de sortir du Matmut la tête haute. Et quelque part, en tant que supporter de Bordeaux, je sais que les Girondins vont se retenir, qu'ils ne vont pas nous faire trop mal, du moins je l'espère."