Hervé Renard est arrivé comme le messie, il est maintenant l’heure pour lui de conduire ses joueuses vers la lumière. Depuis sa première participation à une coupe du monde en 2003 (aux États-Unis), l’équipe de France féminine n’a jamais réussi à passer la porte des quarts de finale. À chaque fois, les bleues sont tombées sur plus fortes qu’elles. Mais cette génération de 2023, ne ressemble en rien à celle des années précédentes. Les coéquipières de la Martiniquaise Wendie Renard ont décidé de prendre leur destin en main, quitte à tout perdre, "mieux vaut des remords que des regrets".
Cette expression, Wendie Renard a dû se la répéter des centaines de fois dans sa tête avant d’officialiser sa mise en retrait de l’équipe de France courant février. À ce moment, la Martiniquaise ne pouvait ou ne voulait plus collaborer avec "l’organisation en place" selon ses dires. Sans la citer, la sélectionneuse de l’époque Corine Diacre était directement visée (quelques semaines plus tard, elle a été démise de ses fonctions et Hervé Renard intronisé à sa place).
Des retours et des choix payants
Un nouveau sélectionneur, et des anciennes qui reviennent mettre de l’ordre dans le navire. "C’est dans les vieux pots qu’on fait la meilleure confiture" parait-il, en tout cas en équipe de France, le retour des écartées comme Eugénie le Sommer à redonné de l’éclat au groupe.De son côté, la Guadeloupéenne Estelle Cascarino, a su aussi profiter de l'arrivée d'Hervé Renard pour se frayer une place dans le groupe et s'octroyer le droit de "réaliser son rêve". Dans l'ombre de sa soeur Delphine, elle va enfin avoir l'occasion de briller. En Australie, elle pourrait avec Wendie Renard former la défense centrale des bleues. D'ailleurs cette association ultramarine a été testée par le sélectionneur, lors du dernier match de préparation contre l'Australie (défaite 1 - 0).
Ajouter à ces retours, la présence des jeunes louveteaux aux dents longues comme les Guadeloupéennes Laurina Fazer ou Naomie Feller, et les bleues semblent armées pour la bataille. La première citée éclabousse de son talent la D1 Arkéma avec le Paris Saint-Germain, Laurina Fazer est un joyau à polir et ça le sélectionneur l'a bien compris. Appelée dans les dernières listes de Corine Diacre, c'est sous l'ère Hervé Renard qu'elle a connu sa première sélection. De son côté, Naomie Feller la virevoltante attaquante du Réal Madrid pourrait aussi avoir son mot à dire sur le front de l'attaque française.
Mais, l'inexpérience de cette jeunesse galopante pourrait être préjudiciable à l'équipe de france face aux grosses cylindrées qu'elle risque de rencontrer sur son parcours, comme les États-Unis ou encore l'Allemagne.
Jamaïque, Brésil, Panama, le triptyque de l’incertitude
En phase de poule, les bleues ne devraient pas avoir trop de difficultés à s’en sortir. Hormis la sélection brésilienne, qui fait office de favorite dans leur groupe F, le reste semble abordable. Enfin sur le papier. Car cette équipe française, depuis la nomination d’Hervé Renard avance à réaction. Dans le jeu, même si les bleues proposent de belles phases notamment en attaque, elles restent friables en défense. Vendredi 14 juillet, lors de leur dernier match de préparation contre l’Australie (défaite 1/0), elles ont paru sans solution. Dépassées sur tous les plans par les Australiennes, les coéquipières de la Guadeloupéenne Estelle Cascarino ont semblé user, sans doute à cet instant, elles n’étaient pas encore tout à fait remises de leur long voyage (24 h de vol depuis Paris).
Mais pas de place au doute quand on a des ambitions. Les bleus veulent tout gagner, " l’objectif, c'est d’aller le plus loin que possible, et forcément, on rêve de soulever la coupe ", disait Wendie Renard à nos confrères de Stade 2 avant le départ de l’équipe de France pour L’Australie. Oui, mais voilà, l’équipe de France avance sur la pointe des pieds et face aux nombreuses incertitudes qui l’entourent, la Martiniquaise préfère tout de même tempérer ses propos " Il y a encore beaucoup d’étapes à franchir [avant de penser à gagner la coupe du monde, NDLR], on va devoir fournir beaucoup d’efforts, va falloir être conquérantes et solidaire et marquer des buts sans en encaisser. On aura encore beaucoup de chose à améliorer", prévient la joueuse au 144 sélections.
À la fin des trois matchs de poule de l’équipe de France, on en saura un peu plus sur le niveau réel des joueuses. Toutes ne peuvent s’empêcher de rêver plus grand "Quand on a une équipe qui est cinquième mondiale, on peut légitimement viser les demi-finales et essayer de mettre la barre un peu plus haut" déclarait Hervé Renard au mois de juin, à nos confrères de France 2. En attendant d'écrire les premières lignes du palmarès de l'équipe de France féminine, les bleues devront se défaire de la Jamaïque dimanche pour leur entrée en lice.