"Force est de constater que nous ne sommes pas assez écoutées. C'était une décision difficile, mais je suis alignée avec mes valeurs, je suis en paix", argumente la joueuse Martiniquaise Wendie Renard.
Ce vendredi, la footballeuse aux 142 sélections a décidé de se retirer temporairement des Bleues. Elle a été rejointe par les attaquantes Marie-Antoinette Katoto, Kadidiatou Diani et la défenseuse Perle Morroni. Toutes dénoncent un manque d'exigence sur le plan sportif.
Je ne peux plus cautionner ce système. Il faut qu’on élève notre curseur d’exigence et qu’on travaille en conséquence, parce que les autres nations ne nous attendent pas.
Wendie Renard
Au micro d'Outre-mer la 1ère, la Martiniquaise évoque une "période difficile", qui implique beaucoup de questionnements : "C'était lourd, il y a un poids qui se libère. Quand on fait du sport de haut niveau, on oublie souvent le mental qui en prend un coup dans ce genre de moment. On se demande si on est le problème ou si c'est qu'il manque des choses pour atteindre l'objectif."
L'internationale française précise qu'elle ne ferra "malheureusement pas [la] Coupe du monde dans de telles conditions." Wendie Renard a reçu beaucoup de soutiens après sa publication. "Ça fait plaisir de se sentir aimée et comprise", a réagi la footballeuse.
"Elle a été très courageuse"
Selon l'AFP, Wendie Renard a reçu le soutien de son entraîneur de l'OL Sonia Bompastor et de celui de Bordeaux Patrice Lair, en marge de la rencontre de D1 entre les deux formations, remportée par l'OL (3-0).
"Wendie est légitime car c'est une professionnelle, compétitrice, attachée au maillot bleu. C'est une décision très difficile à prendre pour elle. Elle a été très courageuse. Cela faisait un petit moment que c'était dur à porter", a confié Bompastor à l'agence de presse.
Wendie se met en difficulté. Mais elle le fait pour le bien collectif et de l'équipe de France.
Sonia Bompastor
"On doit faire en sorte d'écouter les joueuses. Depuis le Mondial 2019 [défaite en quarts de finale des Bleues, NDLR], on n'a pas su surfer sur la bonne vague. Beaucoup de choses auraient dû être résolues avant ce coup de gueule de Wendie", a rappelé la technicienne.
Sonia Bompastor évoque aussi "des points d'insatisfactions sur le championnat". "L'an dernier, la victoire de l'OL en Ligue des champions a été l'arbre qui masquait la forêt. Depuis un moment, j'alerte sur la concurrence qui s'organise en Espagne, en Italie ou en Angleterre. À un moment, on ne pourra plus suivre. Il faut une réaction collective, clubs, fédération et ensemble", a-t-elle poursuivi.
Les joueuses "ne veulent plus perdre de temps. Il en reste encore pour voir comment s'organiser afin d'être une nation forte au Mondial", a-t-elle conclu, estimant la génération tricolore capable de "rivaliser pour aller chercher un titre".
Lair égratigne Diacre
De son côté, l'entraîneur de Bordeaux Patrice Lair, qui a dirigé Lyon et le Paris SG, a partagé le constat de Bompastor. "On n'avance plus. L'OL a fait son travail en gagnant beaucoup de trophées mais il faut être plus ambitieux au niveau de la sélection. Je comprends leur réaction car elles veulent gagner", a-t-il expliqué à l'AFP, sans épargner le management de Diacre.
"Il y a des égos, des grosses personnalités mais dans ce métier d'entraîneur c'est compliqué si on n'est pas capable de gérer cela", pique le technicien, évoquant déjà l'hypothèse d'un avenir en sélection.
"On m'en parle depuis 10 ans. Ce n'est jamais arrivé. J'arrive en fin de contrat avec Bordeaux où j'ai envie de continuer car on progresse. Mais, si on vous propose le poste, c'est difficile de refuser. Mais il y a des gens qui sont là pour prendre des décisions", a-t-il dit, à deux jours d'un comité exécutif de la Fédération qui doit se pencher sur la question. "Mais je ne souhaite qu'une chose : que l'équipe de France gagne".
Un problème Diacre ?
Même si elle n'est pas explicitement nommée, la sélectionneuse des Bleues serait dans le viseur des quatre joueuses en retrait. "Ce qui est sûr, c'est qu'il y a des choses à changer sportivement. Le haut niveau demande de l'exigence, du travail pour atteindre les objectifs qu'on se fixe", pose Wendie Renard.
La Martiniquaise n'entre pas plus dans les détails sur les méthodes qu'elle conteste, mais elle insiste sur un problème qui semble se répéter : "Ce n'est pas la première fois. Avant moi, d'autres joueuses se sont exprimées et ont relevé des choses. Elles ne sont plus là aujourd'hui." Wendie Renard fait référence à Eugénie Le Sommer et Amandine Henry, deux anciennes joueuses de l'équipe de France. La dernière avait dénoncé le "système Diacre" en novembre 2020. Amandine Henry avait perdu son brassard de capitaine et a été écartée des Bleues.
Ce mardi, le comité exécutif de la fédération de football se réunit pour prendre une décision face à cette crise. "Je cherche du respect par rapport à notre sport et des moyens en accords avec nos objectifs", souligne Wendie Renard. La Martiniquaise précise qu'elle ne souhaite pas prendre sa retraite internationale pour le moment. "Si ça venait à changer [de sélectionneur, NDLR], tout dépendra du prochain s'il a envie de me garder ou pas", conclut Wendie Renard.