Les Bleues auront l’honneur d’ouvrir la Coupe du monde de rugby à XV, face à l’Afrique du Sud, ce samedi à Auckland (Nouvelle-Zélande).
Le sélectionneur Thomas Darracq a dévoilé ce mercredi la composition du XV de France qui participera à ce premier match des phases de poules, parmi les 32 joueuses sélectionnées.
Un premier match "primordial"
Parmi celles qui formeront le XV de départ, une Ultramarine : la Réunionnaise Caroline Drouin. Avec 25 sélections à son actif, elle sera au poste de demie d’ouverture et formera la charnière avec Laure Sansus.
Elle sait que la France doit bien démarrer mais qu’il faudra aussi "monter crescendo pour durer" sur tout le Mondial : "La compétition est longue, je ne pense pas qu’il faille faire son meilleur match contre l’Afrique du Sud. Il faudra sortir les gros matches en phase finale donc je pense qu’on a beaucoup de secteurs sur lesquels on aura besoin de rassurer. Donc ce premier match est clairement primordial."
Les Françaises visent en effet le titre suprême, après avoir terminé 3e en 2017 et 2014. Pour réaliser de belles performances, Caroline Drouin sera un atout de poids pour les Bleues : élue meilleure joueuse de Top 8 de la saison 2017-2018, elle a été médaillée d’argent aux JO de Tokyo avec l’équipe de rugby à 7, l’an dernier.
Un statut de cadre à assumer
De son côté, elle est très heureuse de participer au Mondial : "C’était un peu mon objectif post Jeux Olympiques, j’avais vraiment la volonté de rebasculer avec le XV de France." Elle dit en effet avoir besoin de pratiquer à sept et à quinze : "Même si ça reste du rugby dans l’une ou l’autre discipline, on ne vit pas les mêmes choses sur le terrain, encore plus avec le poste que je peux avoir avec l’équipe de France à XV."
Un poste de numéro 10, mais aussi de vice-capitaine et donc de cadre. "Mine de rien, ça fait quelques années que j’ai la chance de porter ce maillot, reconnaît-elle. L’expérience Jeux Olympiques fait aussi que je ne peux plus arriver en disant ‘je suis encore la jeune joueuse de rugby’, maintenant c'est un statut à assumer, il y a une jeune génération aussi qui arrive derrière nous."
Un "retour aux sources"
Parmi ces jeunes, il y a la Futunienne Manae Feleu, 22 ans, qui sera pour sa part sur le banc lors de ce premier match. Celle qui évolue au poste de deuxième ou troisième ligne a été sélectionnée pour la première fois en novembre dernier.
Elle a du mal à réaliser qu’elle participe à un Mondial : "Je suis trop contente d’être là. C’est l’aboutissement de beaucoup de travail et c’est vraiment un objectif personnel depuis assez longtemps."
Cette compétition a pour la Futunienne une saveur toute particulière car elle revient près des siens après une longue absence : "ça fait longtemps que je ne suis pas revenue dans le Pacifique depuis le Covid. Avec tout ce qui s’est passé, les difficultés qu’on a eues avec les avions, je n’ai pas pu rentrer dans le Pacifique depuis très longtemps donc je pense que ça va être assez spécial pour moi."
"Un grand honneur de porter ce maillot"
D’autant plus spécial qu’elle ne sera pas du tout dépaysée à Auckland : "J’ai fait tout mon lycée en Nouvelle-Zélande. Ça va faire un petit ‘retour aux sources’ parce que je connais un peu !"
Pour couronner le tout, ses parents et sa petite sœur – pré-sélectionnée mais finalement non retenue dans les 32 joueuses - viennent de Futuna pour la voir. Une joie pour elle mais aussi pour eux : "C’est important car ils n’ont pas trop l’occasion de venir me voir jouer depuis que j’ai commencé mes sélections en équipe de France. Ils n’ont pas pu être là en vrai, ils ont toujours été devant leur télé."
"C’est incroyable de pouvoir se dire qu’on joue pour notre nation et pour notre pays. C’est un grand honneur de pouvoir porter ce maillot bleu", conclue-t-elle.
Julie Annery blessée
Une autre Ultramarine, Julie Annery, jouera aussi pour les Antilles : "J’ai vraiment à cœur de porter haut les couleurs de la Guadeloupe et de la Martinique." Mais l’Antillaise ne pourra pas le faire tout de suite : elle ne figure pas en effet dans le groupe, à cause d’une "petite alerte musculaire" ces jours-ci.
Dans une interview donnée juste avant de partir, elle déclarait en tout cas être "bien dans sa tête" et avoir "confiance en chaque fille" : "On a énormément de motivation, on a à cœur de redorer notre image, on sait de quoi on est capable, on a confiance en nous et nos entraînements nous confortent sur notre chemin."
Elle comme les autres sont en tout cas enchantées de pouvoir fouler les pelouses de Nouvelle-Zélande qui est une "terre de rugby" : "Je pense qu’étant gamine, je ne l’aurais même pas imaginé, et là d’y être, de le vivre c’est incroyable ! Quand tu vois les mecs jouer, les filles jouer, c’est du rugby magnifique, tu sais que c’est culturel dès le plus jeune âge. C’est magique, et chaque jour sera intense en émotion."
"Le Graal"
En plus du cadre, la Coupe du monde est en effet "LA compétition", "le Graal" pour les Ultramarines, et pour toutes les joueuses en général.
Pour celles et ceux qui voudront voir les Bleues, il faudra veiller tard ou se lever très tôt car elles joueront samedi à 3h15 (heure de Paris) à l'Eden Park, devant au moins 30.000 spectateurs. Un rendez-vous largement attendu puisque le Mondial féminin, prévu initialement en 2021, a été reporté d'un an en raison du Covid-19.
Après l’Afrique du Sud, les Françaises affronteront les deux équipes de la poule C, à savoir l’Angleterre (le 15 octobre) et les Fidji (le 22 octobre).