Yoram Moefana a vu le jour à Nouméa en Nouvelle-Calédonie. Originaire de Wallis et Futuna, il est le premier international français né en 2000. Le jeune centre de 23 ans vient d’une famille de rugby. Son père Taofifenua Falatea a été, en son temps, le premier de sa fratrie à se lancer dans ce sport cher aux habitants de cet archipel éloigné. L’histoire de Yoram est belle. Il est arrivé en France hexagonale à l’âge de 13 ans en 2013, dans le sillage de son oncle Tapu Falatea alors joueur de Limoges (aujourd’hui, il évolue à Agen en Top 14). "[J’avais] décidé de l’accompagner afin de poursuivre ma scolarité. Quand je suis arrivé là-bas, on était au mois de décembre, il neigeait. Le choc thermique a été difficile à vivre au départ", disait-il dans un entretien pour le Midi Olympique.
Fils d’une institutrice, ses parents acceptent tout de suite qu’il fasse le grand saut pour poursuivre son rêve : jouer au rugby. Mais aussi qu’il grandisse en découvrant une nouvelle culture.
Après être passé par le centre de formation de Colomiers – qui pourrait être qualifié de deuxième maison pour la famille Falatea, car ses oncles y sont aussi passés – Yoram devient professionnel à 18 ans en Pro D2 avec cette équipe. Après, tout ira très vite pour ce surdoué du rugby. En 2019, il signe à l’Union Bordeaux Bègles en Top 14. Puissant, rapide et vif, celui qui a pour modèle Wesley Fofana – un ancien international français – impressionne tout son monde. Le joueur connait alors une ascension fulgurante, qu’il n’imaginait pas en quittant son territoire lointain de plus 16 000 kilomètres. "Quand je suis arrivé à Limoges, à 13 ans, jamais je n’aurais pensé vivre un tel parcours. (…) Je n’avais vraiment pas en tête de devenir rugbyman professionnel", disait-il en 2020 quelques jours avant son premier match avec les Bleus.
Un talent précoce
Considéré comme un grand timide dans la vie de tous les jours, sur le terrain, Yoram se transforme. Agressif et rugueux comme bon nombre de joueurs venus du Pacifique, il est aussi un bon manieur de ballon qui s’affirme rapidement comme une référence à son poste. À tel point qu’en 2020, il découvre le XV de France et ne le quittera plus. Au passage, Yoram Moefana devient aussi le premier joueur né dans les années 2000 à porter le maillot tricolore. Au fil du temps, il est devenu un incontournable de l’équipe de Fabien Galthié, qui ne tarit pas d’éloges à son sujet. "Il en impose naturellement sans forcer et avec timidité. (…) Son potentiel nous sautait aux yeux. Il est prêt à répondre à toutes les exigences (…) du talent, il en a beaucoup", disait de lui le sélectionneur français en février dernier.
Installé dans le XV, sa dextérité fait un bien fou à l’équipe. "Il est intéressant dans son activité défensive et offensive. C’est un joueur hyper séduisant, qui peut apporter toute sa polyvalence au centre", estime le Réunionnais et ancien international français Wenceslas Lauret. À 22 ans, il réalise le grand Chelem avec les Bleus en remportant tous les matchs lors du Tournoi des Six Nations, la compétition de rugby à XV organisée chaque année entre l’Angleterre, l’Écosse, la France, le Pays de Galles, l’Irlande et l’Italie. Cette année, il connait une saison plus compliquée, mais il garde tout de même la confiance de ses coéquipiers en sélection. "Yoram est prêt à relever le défi, il n'y a pas de soucis sur sa capacité à faire mal à l'adversaire. (…) Il est capable de gagner des duels offensivement ", déclare l'arrière Toulousain Thomas Ramos.
Une histoire de famille
Le trois quarts centre futunien est aussi connu pour son histoire singulière. Il est le neveu du pilier de l’équipe de France, Sipili Falatea. Le 18 juillet 2022, ils sont entrés dans l’histoire du XV de France contre le Japon, en jouant ensemble sous le maillot tricolore. Un fait rare dans l’histoire moderne du rugby français et un moment fort en émotions pour Yoram. "C'était un moment très fort parce qu'on a grandi ensemble. (…) On ne l’a pas montré, mais moi, j'étais vraiment très content d’avoir pu jouer avec lui en équipe de France, de réaliser notre rêve", confiait-il dans le journal L’Équipe en 2020
Son destin est en partie lié à celui de son oncle. Car en plus de jouer ensemble en équipe de France et disputer leur première Coupe du monde ensemble, les deux Futuniens évoluent aussi dans le même club, l’Union Bordeaux_Bègles.
Talent brut, Yoram Moefana reste un jeune diamant à polir. En constante progression, il incarne le présent et le futur du XV de France. À lui désormais d'écrire son histoire.