Libérées par leur capitaine, la Martiniquaise Wendie Renard pourtant diminuée, les Bleues ont décroché leur premier succès référence du Mondial en dominant le Brésil (2-1) au terme d'un combat mémorable qui dégage considérablement leur tableau, samedi à Brisbane.
"On a fait preuve de beaucoup de courage, de beaucoup d'abnégation et dans une compétition des fois, il y a des matches référence. Celui-là, ça doit en être un parce qu'on a battu une très belle équipe du Brésil. Merci à elle (Wendie Renard, NDLR) d'avoir serré les dents et puis à toutes les filles d'avoir fait autant d'efforts", a réagi l'entraineur des Bleues Hervé Renard, à l'issue du match contre le Brésil.
Les doutes nés du premier match contre la Jamaïque (0-0), l'incertitude sur l'état du mollet de Renard, les chants des supporters brésiliens présents dans les tribunes... L'équipe de France a tout balayé d'un revers de manche au Brisbane Stadium, grâce à la tête rageuse de la capitaine martiniquaise à la 83e minute sur un corner de Selma Bacha. Incertaine jusqu'aux derniers instants précédant la rencontre en raison d'un mollet récalcitrant, Wendie Renard a pu libérer toutes les émotions qu'elle avait enfouies en elle cette semaine : la sauveuse des Bleues, c'est elle.
J'étais très sereine. Je connais mon corps, je suis entre de bonnes mains avec le staff médical. Les examens ont été passés, à partir de là, il n'y a pas à s'affoler. J'ai joué et c'est le plus important. Tout a été géré sans douleur, sans pépin. L'aventure continue. Si j'avais eu mal, je n'aurais pas joué.
Wendie Renard, capitaine des Bleues
Bousculée par la grinta de la Seleção et par l'ambiance hostile imprimée par 49.000 spectateurs, l'équipe d'Hervé Renard a répondu par une intensité à toute épreuve qui lui permet de prendre la tête du groupe F, un point devant les Brésiliennes.
Hervé Renard a même failli en venir aux mains avec un membre du staff brésilien dans les dernières secondes, confirmation que cette affiche cinq étoiles sentait la poudre.
Première place en vue
Avant un troisième match beaucoup plus abordable face au modeste Panama mercredi (12h00) à Sydney, ce succès a déjà des airs de qualification pour les huitièmes de finale.
Les Bleues se sont même ouvert très grand la porte de la première place de poule, cruciale pour leur avenir puisqu'elle leur ferait probablement éviter un choc contre l'Allemagne dès les huitièmes de finale, un tirage redouté.
À moins d'un festival jamaïcain lors des deux prochains matches des "Reggae Girlz", une victoire face aux Panaméennes leur offrira la tête du groupe. Si insipide, crispée voire inquiétante au premier match, la France a rendu une copie opposée pour ce sommet emblématique du football international. Le "Jogo bonito" cher au Brésil a été maîtrisé avec autorité, surtout en première période, quitte à frôler la correctionnelle sur certains duels.
Mais c'est peut-être cette agressivité qu'Hervé Renard souhaitait voir, lui qui demandait la veille à ses joueuses de "se libérer" et de "vivre intensément" ce Mondial océanien.
Le Sommer décisive
Le coach avait sorti sa légendaire chemise blanche sur le banc de touche. Peut-être a-t-il aussi sorti l'une de ses causeries fétiches, car ses Bleues ont été transfigurées dès l'entame.
Après un quart d'heure d'une nette domination, la revenante Eugénie Le Sommer a conclu une superbe action collective, initiée par Sakina Karchaoui à gauche et bonifiée par la tête de Kadidiatou Diani (17e). Un 90e but en sélection pour celle qui a désormais marqué lors des trois derniers Mondiaux.
Les Brésiliennes ont retrouvé des couleurs en seconde période et Debinha a fini par convertir un ballon revenu par hasard entre ses pieds (58e).
Et quand la pression du Brésil était au maximum, quand les Bleues semblaient prêtes à flancher, Renard a surgi pour inscrire son 35e but chez les Bleues, son cinquième en Coupe du monde.
Certes, ce n'est pas l'Allemagne ou les États-Unis en face, et le Brésil féminin n'avait jamais battu la France en onze confrontations, dont le huitième de finale de l'édition précédente en France (2-1 après prolongation). Mais ni le phénomène Ary Borges après son triplé du premier match, ni la "reine" Marta, entrée en jeu en seconde période, n'ont pu décrocher le succès dont elles rêvaient. Les Bleues, elles, rêvent à nouveau.