Coupe de France: la Ligue de football de Martinique dénonce une discrimination envers les clubs ultramarins

Samuel Pereau élu pour un 3e mandat à la tête de la ligue de football de Martinique
Le président de la Ligue de football de Martinique, Samuel Péreau, dénonce, dans un courrier adressé à la Fédération française de football, les différences de traitement entre les clubs ultramarins et les clubs de métropole en Coupe de France.
Le courrier a été publié mercredi par le quotidien France-Antilles. Dans sa lettre, Samuel Péreau, le président de la Ligue martiniquaise de football, déplore "la position inégalitaire des clubs ultramarins en Coupe de France". Une missive écrite alors que le dernier club ultramarin en lice, l'Aiglon du Lamentin (R1, 6e div.), en Martinique, a été éliminé 3 à 2 lors des 32e de finales face à Orléans (L2) début janvier.

Le président de la Ligue martiniquaise sollicite "la saisine du conseil national de l'éthique" concernant "les dispositions relatives à la participation des clubs ultramarins à la Coupe de France, qui en toute logique sportive doivent être équivalentes à celles des clubs métropolitains et corses".
    
Il rappelle que "les dispositions régissant la participation de nos clubs en Coupe de France prévoient que le club ultramarin se déplace en métropole et joue sur le terrain du club métropolitain quel que soit l'ordre du tirage", ce qui constitue selon lui "une injustice souvent dénoncée".
  

"Comment le conseil fédéral, organe démocratique de gouvernance de notre fédération, a-t-il pu valider de telles dispositions contraires à la morale et à l'éthique sportive ?" Samuel Péreau

 
Il pointe également "l'absence de diffusion télévisuelle de ce match", qui "a été très mal vécue par la population martiniquaise". Le match était diffusé uniquement sur Eurosport, qui avait choisi de faire un multiplex sur l'ensemble des matchs de 32e de finale se déroulant le même jour.
    
Pour M. Péreau, "il s'agit d'un effet négatif collatéral du fait que ce match aurait dû se jouer en Martinique et dans ce cas un maximum de Martiniquais auraient pu voir physiquement cette rencontre". 
 
Le courrier de Samuel Péreau adressé à la fédération française de football
« Notre club l'Aiglon du Lamentin a été éliminé de la Coupe de France en 32e de finale samedi 5 janvier 2019, après un match très disputé contre l'US Orléans, équipe professionnelle de ligue 2 sur le terrain d'Orléans. L'Aiglon s'est incliné par 3 buts à deux en étant revenu deux fois au score et en encaissant un troisième but à six minutes de la fin des prolongations.
Malgré cette grande déception, nous sommes fiers de l'image que ce club amateur des Antilles-Guyane a pu donner à la France entière et même à l'étranger car son épopée a été signalée par la presse européenne notamment espagnole.
Ce que nous redoutions est arrivé, à savoir une courte défaite du club amateur martiniquais de Régional 1 sur le terrain de ce club professionnel de ligue 2 classé 4 niveaux au-dessus. Nous sommes partagés entre une juste colère face à cette injustice si souvent dénoncée et la satisfaction que la belle prestation de notre club fasse éclater, au grand jour, la position inégalitaire des clubs ultra marins en coupe de France.
Plusieurs médias, spécialisés ou non (L'Equipe, Canal plus, Le Monde, RMC...), ont évoqué le sujet en insistant sur l'incompréhensible anomalie du système. Le consultant polémiste Pierre Menes dans l'émission « Canal football club » s'en est ému provoquant malheureusement l'hilarité des autres journalistes du plateau qui semblaient comprendre suite à cette courageuse intervention que la solution serait d'exclure les clubs ultramarins de la compétition. Incroyable.
Les dispositions régissant la participation de nos clubs en Coupe de France prévoit que le club ultra marin se déplace en métropole et joue sur le terrain du club métropolitain quel que soit l'ordre du tirage.
Cette règle est arrêtée par les membres du conseil fédéral comme inscrit dans un article du règlement officiel de la compétition. Aujourd'hui, avec grincements de dents, je me demande comment le conseil fédéral organe démocratique de gouvernance de notre fédération a-t-il pu valider de telles dispositions contraires à la morale et à l'éthique sportive ? Comment les membres du conseil fédéral en leur âme et conscience peuvent-ils cautionner une telle situation ?
Par ailleurs, l'absence de diffusion télévisuelle de ce match a été très mal vécue par la population martiniquaise. L'opérateur Eurosport titulaire des droits a choisi de faire un multiplex sur l'ensemble des matchs de 32ème de finale se déroulant le samedi 5 janvier dernier. Les téléspectateurs martiniquais ayant la chance d'être abonnés à cette chaîne cryptée ont pu voir dans le temps réglementaire des extraits du match et semble-t-il la totalité des prolongations puisque les autres matchs étaient terminés.
France télévision et Martinique 1ère n'ont pas pu pour des raisons économiques faire l'acquisition des droits d'autant plus qu'il s'agissait d'acheter les droits de toute la compétition et pas seulement du match de l'Aiglon. En fait, il s'agit d'un effet négatif collatéral du fait que ce match aurait dû se jouer en Martinique et dans ce cas un maximum de Martiniquais auraient pu voir physiquement cette rencontre avec ou sans retransmission télévisée. Il nous apparaît indispensable qu'une attention particulière soit portée sur les questions de diffusion des matchs des clubs ultramarins évoluant en France hexagonale notamment lors des tours précédents. Comme je le disais dans ma note en date du 1er janvier dernier, le dossier Coupe de France masculine est le plus caricatural des situations d'inégalité qui touchent le football des Antilles-Guyane au sein de l'ensemble fédéral. Le moment est donc venu pour nous d'avoir des réponses et des avis circonstanciés sur nos demandes trop souvent formulées et restées sans réponses officielles.
Nous sollicitons la saisine du conseil national de l'éthique sur le sujet des dispositions relatives à la participation des clubs ultramarins à la Coupe de France qui en toute logique sportive doivent être équivalentes à celles des clubs métropolitains et Corses et intégrées dans le corpus réglementaire de la compétition.
Nous vous vous prions de recevoir, Monsieur le Président, l'expression de nos sentiments distingués. »
Le Président, Samuel PÉREAU