Jean-François Carenco compte obtenir "un accord global" avec les fournisseurs "fin septembre, début octobre". Il a accordé cet entretien à l'AFP à Mamoudzou, pendant une visite à Mayotte où il accompagnait le ministre de l'Intérieur et des Outre-Mer Gérald Darmanin, de dimanche à mardi.
A Mayotte où 77% de la population vit sous le seuil de pauvreté, comment permettre une baisse du coût de la vie ?
"Le problème de vie chère que l'on retrouve ici et sur toutes les îles est accentué (à Mayotte, NDLR) par la pauvreté, par une population qui grandit à toute vitesse. C'est un problème de coûts mais aussi un problème de revenus. Il nous faut travailler sur le problème des revenus qui est une problématique globale. Il faut que cette île vive mieux. Parler de vie chère sans dire ça, c'est régler le problème pour cinq minutes. Je m'interdis de dire 'réglons le problème de vie chère juste par des actions sur les prix'. Le problème est que cette île n'est pas suffisamment capable de produire ce qu'elle mange. C'est l'activité. Le problème vient aussi de la trop faible création de valeur. C'est mon leitmotiv ici. Création de valeur veut dire responsabilisation, veut dire infrastructures, veut dire formation. Après, une fois que l'on a cette vision d'ensemble, que l'on sait ce qu'il y a faire et comment, on peut intervenir coup par coup".
Existe-t-il des outils pour permettre aux Mahorais comme aux autres Ultramarins de ne pas trop souffrir de l'inflation?
"J'ai découvert à La Réunion le bouclier qualité-prix. Ça consiste à faire exister une sorte de panier familial de consommation dans lequel on a un certain nombre de produits et sur lesquels il y a des engagements des uns et des autres pour peser sur les prix. Quel est le panier ? Ce ne (sont) évidemment pas les mêmes produits ici (à Mayotte) ou à Saint-Pierre-et-Miquelon. Il nous faut redéfinir un panier qui soit plus large, plus profond, qui regroupe vraiment ce qui représente la réalité de la vie des gens. À partir de là, on regarde quelle est la chaîne de production du prix. Soit la production locale qu'il faut développer, développer, développer.
Ensuite, les transporteurs. C'est un débat que j'ai entamé avec M. (Rodolphe) Saadé (PDG de CMA-CGM) qui est le principal transporteur ici. J'ai eu un débat constructif avec lui qui est très attaché à la France d'Outre-mer. Le président l'a également reçu. Il s'agit de bloquer les prix avec l'idée très compliquée que transporter un conteneur de pommes de terre a le même prix que transporter un conteneur de bijoux en or. Il faut donc arriver à faire en sorte que le prix dépende de ce qui est transporté".
Quelle sera votre méthode pour arriver à faire baisser les prix des produits de ce panier ?
"J'ai demandé au préfet de déterminer le panier et de rencontrer les acteurs locaux à ce sujet. Et de mon côté, à Paris, j'ai des rendez-vous successifs avec les grands fournisseurs. C'est comme ça que j'ai réussi à faire baisser le prix de l'essence ici de manière très forte. Ça compte. Je rencontre donc les acteurs nationaux voire internationaux et à la fin on va essayer de rassembler tout ça pour, fin septembre, début octobre, sortir un accord global".