Covid-19 : comment la crise sanitaire perturbe le travail des députés ultramarins

Les députés rassemblés dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale, le 12 janvier 2021.

Face aux règles sanitaires, telles que les confinements, les couvre-feux ou encore les septaines qui creusent un peu plus l'éloignement des territoires, les députés ultramarins ont dû s'adapter pour continuer leur travail législatif loin de l'hémicycle de l'Assemblée. 

Les députés n'auront pas non plus échappé aux adaptations provoquées par la crise sanitaire, et encore moins les députés ultramarins. Déjà contraints en temps normal par les allers-retours réguliers entre leurs circonscriptions à plusieurs milliers de kilomètres de Paris et leurs bureaux à l'Assemblée nationale, ils ont vu arriver de nouveaux obstacles avec la mise en place de restrictions sanitaires.

À commencer par la septaine, imposée à l'arrivée à La Réunion, à Mayotte, en Guyane, en Guadeloupe et en Martinique, voire la quatorzaine pour la Nouvelle-Calédonie. "Vous pensez bien que quand je vais à l'Assemblée, c'est pour défendre les intérêts de la Guyane et de la Nation et pas pour préparer des pots de confiture", s'agace ainsi le député guyanais Gabriel Serville qui qualifie cette mesure d'"ineptie". "Et quand je reviens en circonscription où se fait une partie du travail, il faudrait que je fasse une septaine après avoir travaillé à Paris ce qui laisse trois jours sur dix jours pour travailler.

Le député Gabriel Serville, interrogé par les équipes de Guyane la 1ère:

 

Des réponses plus lentes

De son côté, la députée polynésienne Nicole Sanquer raconte ne pas avoir pu se rendre dans l'Hexagone entre le 17 mars, date du premier confinement, et début décembre. "Avec la prise de risque à chaque fois que l'on vient à Paris, on préfère privilégier le travail par visio-conférence, par écrit, par mail". Le premier cas de Covid-19 enregistré en Polynésie était d'ailleurs celui de la députée Maina Sage, de retour de l'Hexagone où elle avait cotoyé des membres du gouvernement. 

Si les urgences et les dossiers peuvent être traités à distance, il manque néanmoins la part de relationnel nécessaire, notamment avec les interlocuteurs dans les ministères. "Les personnes que l'on a besoin de voir ne sont pas toujours disponibles car il y a l'urgence du Covid", raconte la députée. "On a des réponses, mais ça prend beaucoup plus de temps." 

Nicole Sanquer, au micro de Henri Hélie et Leïla Zellouma :

 

Décalage horaire

Serge Letchimy, député de la Martinique, raconte lui aussi avoir subi des ralentissements et même l'annulation d'un projet, faute de pouvoir se rassembler dans de bonnes conditions. Il explique avoir dû renoncer à la mise en route d'un colloque et d'une proposition de loi, porté avec la députée de Paris George Pau-Langevin, sur les conséquences du post-esclavagisme. "C'est un sujet d'actualité, il y a eu des manifestations en Martinique et ailleurs, mais on n'a pas pu y aller franchement comme on l'aurait souhaité", regrette-t-il. 

Le député explique également que recevoir du public manque "énormément", surtout "des personnes en souffrance, en difficulté". Autre difficulté pour les députés ultramarins : le décalage horaire. "Quand on a une réunion sur Zoom à 9h, il est 4h du matin en Martinique et il faut assumer ce décalage", raconte Serge Letchimy. 

Henri Hélie et Leïla Zellouma ont rencontré Serge Letchimy à Paris :

 

Une meilleure présence sur le terrain

En revanche pour le député guyanais Lénaïck Adam, cet éloignement forcé de Paris a été l'occasion de passer plus de temps dans sa circonscription. "Avant la crise sanitaire, il fallait suivre son calendrier à Paris, explique-t-il. Aujourd'hui, pas de difficultés particulières si ce n'est quand on doit être présent dans l'hémicycle pour voter les textes présentés.

Lénaïck Adam avec les équipes de Guyane la 1ère :