C'est la troisième fois que le Conseil scientifique rend un avis sur l'épidémie de Covid-19 dans les Outre-mer depuis l'apparition du virus. Un an après l'apparition de la maladie, il préconise une accélération de la vaccination dans les Outre-mer pour lutter contre la propagation des variants.
C'est la troisième fois depuis sa création que le Conseil scientifique présidé par le professeur Jean-François Delfraissy rend un avis sur la situation des Outre-mer face à l'épidémie de Covid-19. Cet avis (consultable ici) a été communiqué au gouvernement le 26 février, actualisé le 8 mars, et il est publié sur le site du ministère des Solidarités et de la Santé ce mardi 16 mars.
Une situation hétérogène
Le Conseil scientifique dresse d'abord un état des lieux de la Covid-19 dans les Outre-mer :
Les situations épidémiques sont fortement contrastées entre les départements et collectivités d’outre-mer et évoluent différemment de celle observée en métropole".
"La situation reste très préoccupante, bien que s’améliorant, à Mayotte (taux d’incidence à 391 après avoir dépassé 800/100 000 habitants en février, taux d’occupation des lits en réanimation 77%), en dégradation à La Réunion (taux d’incidence à 125/100 000 habitants), en Guadeloupe (121) à Saint-Martin (71), à Saint Barthelemy (602), et en Nouvelle Calédonie et Wallis et Futuna (cas locaux détectés il y a quelques jours). La situation est plutôt stable sur les autres territoires (37 en Martinique, 21 en Guyane, 0 à Saint Pierre et Miquelon mais avec des risques important d’introduction en Guyane du fait de la situation non maitrisée au Brésil".
Les variants très présents
Dans son avis, le Conseil scientifique fait le constat suivant concernant les variants : "La pénétration des variants est très hétérogène avec un variant sud-africain très présent à Mayotte (45%) et à La Réunion (63%) et un variant britannique qui y est très minoritaire (inférieur à 5%), un variant britannique très majoritaire aux Antilles (entre 76 et 100%) et en Guyane sont observés des cas de variants britannique et brésilien. Il est intéressant de noter que le variant sud-africain, initialement seul et dominant à Mayotte en février, diminue doucement alors même qu’il n’est pas en compétition avec du variant britannique". Regardez les explications de Thierry Lefrançois, membre du Conseil scientifique et co-auteur de cet Avis, interviewé par Thierry Belmont, journaliste à Outre-mer la 1ère :
Accélérer la vaccination
Dans cet avis, le Conseil scientifique constate d'abord que la campagne de vaccination dans les Outre-mer connait du retard par rapport à l'Hexagone.
La campagne de vaccination a commencé et continue avec retard par rapport à la métropole avec entre 0.7 et 3.1% de couverture vaccinale 1 dose au 6 mars 2021 contre 5.5% en moyenne en France métropolitaine
Dans son avis, le Conseil estime que face aux variants qui sont présents dans de nombreux territoires d'Outre-mer, notamment le variant sud-africain, trois scénarios se présentent et que le choix final revient au gouvernement. Toutefois, le Conseil précise que sa préférence va au troisième scénario : une accélération de la vaccination.
Scénario 3 : Accélération des différentes phases de vaccination contre le COVID-19 sur tous les territoires ultramarins compte tenu de leur vulnérabilité sanitaire, sociale et économique, et de la dynamique de pénétration des variants. Une attention particulière à Mayotte, la Réunion et en Guyane en raison des variants.
Si ce scénario 3 est retenu, comme le souhaite le Conseil scientifique, dans tous les département et collectivités d’outre-mer laisser la possibilité de vacciner l’ensemble de la population adulte rapidement et sans phasage sur certaines zones difficiles d’accès pour tenir compte des contraintes logistique et de ressources humaines.
Pour le Conseil, la solution à privilégier est donc d'accélérer la vaccination, actuellement moins avancée dans les Outre-mer que dans l'Hexagone. Regardez les explications de Thierry Lefrançois :
Où en est la vaccination ?
Dans un tweet publié ce mercredi, le ministère des Outre-mer fait le point sur l'avancée de la campagne vaccinale dans les Outre-mer. "A ce jour, explique le ministère, 193.440 doses de vaccin ont été livrées. 43,74% des doses ont déjà été utilisées".
💉 #Vaccination | Retrouvez les chiffres des doses de vaccin livrées par l’État dans chaque territoire et le nombre de vaccinations effectuées.
— Ministère des Outre-mer (@lesoutremer) March 10, 2021
À date, ce sont 193 440 doses qui ont été livrées : 43,74 % ont déjà été utilisées. pic.twitter.com/wpdr25ZCcp
Cet avis du conseil scientique a été rédigé avant l'annonce par Sébastien Lecornu jeudi 11 mars de l'envoi de 18.000 vaccins à Wallis et Futuna : "La semaine prochaine, le ministère de la Santé fera arriver à Wallis et Futuna pas moins de 18.000 doses de vaccins, une quantité suffisante pour vacciner toutes les personnes majeures qui le souhaiteront à Wallis et à Futuna. C'est une action de masse. Nous allons pouvoir vacciner tout le territoire pour casser la propagation du virus dans les meilleurs délais." Lundi 15 mars, 72 personnels ainsi que des doses de vaccins ont quitté Paris pour Wallis et Futuna.
Un grand merci aux 72 réservistes de la réserve sanitaire @EPRUS qui embarquent ce soir pour partir prêter main forte aux soignants de Wallis-et-Futuna. Ils partent avec des stocks importants de matériel médical, notamment des vaccins pour l’ensemble de la population. pic.twitter.com/lAzha7IYJL
— Sébastien Lecornu (@SebLecornu) March 15, 2021
Par ailleurs, lundi 15 mars, la préfecture de Saint-Pierre et Miquelon a annoncé l'arrivée d'ici le 19 mars de 9.600 doses de vaccin Moderna.
#VaccinationCovid
— Préfet de Saint-Pierre et Miquelon (@Prefet975) March 15, 2021
9.600 doses du vaccin MODERNA seront livrées ce 19 mars à SPM par vol militaire.
La campagne de vaccination débutera dès le 20 mars pour les personnels de santé, et se poursuivra le 22 mars pour les publics fragiles, puis se poursuivra avec le grand public.
Deux spécialistes auteurs de l'avis
L'avis du Conseil scientifique a été préparé par deux experts : Thierry Lefrançois, qui a intégré le 17 février 2021 le Conseil scientfique. Vétérinaire de formation, il est "spécialiste des approches intégrées et des réseaux de santé au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad)". Le Conseil scientifique a bénéficié de l’aide de Christophe Longuet, médecin spécialiste des maladies infectieuses à Lyon, qui avait déjà contribué aux deux avis précédents concernant le Covid dans les Outre-mer.
Deux avis précédents
C'est la troisième fois que le Conseil scientifique rend un avis dédié spécialement aux Outre-mer. Le 8 avril 2020, quelques semaines après l'apparition du virus, le Conseil faisait un point détaillé sur la progression du Covid-19 dans les Outre-mer. Le 12 mai 2020, l'avis portait sur les modalités du déconfinement dans les Outre-mer, préconisant des mesures différenciées en fonction de l'évolution de l'épidémie dans les différents territoires.