Covid-19 : les acteurs ultramarins du tourisme attendent un “calendrier spécifique aux Outre-mer”

Un calendrier provisoire de déconfinement national a été présenté par Emmanuel Macron. Un calendrier qui prévoit le retour des touristes étrangers en France début juin. Mais pour l’heure, les acteurs du secteur installés dans les territoires ultramarins demeurent dans l’expectative.

Ce lundi 3 mai marque le début du calendrier de déconfinement annoncé en fin de semaine dernière par Emmanuel Macron. Première étape de ce plan : la levée de l’interdiction des déplacements dans une limite géographique de dix kilomètres. Et avec la fin de cette restriction, bon nombre de Français commencent à préparer les vacances des mois de juillet et d'août. Mais pour l’heure, ces voyages s'organisent dans les limites du seul territoire hexagonal. Car pour se rendre dans les Outre-mer, la nécessité de présenter un motif impérieux justifiant le voyage reste en vigueur. 


Une reprise du tourisme encore incertaine dans les Outre-mer

Avec la fin de la limitation des déplacements dans un rayon de dix kilomètres, les acteurs du tourisme de l’Hexagone se félicitent d’une reprise progressive de la fréquentation. Du côté de leurs homologues ultramarins, l'heure n'est pas encore à la fête. Les motifs impérieux pour se rendre dans les territoires ultramarins restent en vigueur jusqu'à nouvel ordre. Comme l'explique Patrick Vial-Collet, président de la chambre de commerce des îles de Guadeloupe, '“il n’y a pour l’instant aucun calendrier pour les Outre-mer”.

Nos compatriotes de France métropolitaine prospectent déjà pour choisir leurs destinations de vacances, nous devons être fixés sans plus attendre”, réclame depuis La Réunion Patrick Serveaux. Le président de l’union des métiers et des industries de l’hôtellerie de l'île attend lui aussi “un calendrier spécifique de déconfinement". Il rappelle notamment que “le maintien des motifs impérieux pour se rendre dans les Outre-mer limite toutes les possibilités de voyages”. “On sait que les touristes étrangers pourront revenir en France dès le 9 juin mais pas quand les Français de l’Hexagone pourront voyager à La Réunion, ni quand les Réunionnais pourront se rendre dans l’Hexagone sans motifs impérieux”, achève le chef d'entreprise.

"Si le gouvernement ne leur dit pas qu'ils peuvent se rendre aux Antilles, ils ne viendront pas"

Patrick Vial-Collet, président de la chambre de commerce et de l'industrie de Guadeloupe

 

En Polynésie française, la réouverture des frontières est progressive mais d’ores et déjà à l’ordre du jour. Depuis le samedi 1er mai, les touristes américains ayant été vaccinés sont autorisés à se rendre dans l’archipel

 

Vers une baisse record de la fréquentation touristique ?

L'absence d'un calendrier de planification pour organiser la sortie de crise fait aussi craindre aux acteurs ultramarins du tourisme un déficit de réservations. Comme l'explique Patrick Vial-Collet, "on est au mois de mai et les Français de la métropole commencent déjà à préparer leurs vacances. Et si le gouvernement ne leur dit pas qu'ils peuvent se rendre aux Antilles, ils ne viendront pas". S'il demande la levée des motifs impérieux pour se rendre dans les Outre-mer, c'est surtout pour éviter que "les Français prennent la décision d'aller ailleurs", affirmant qu'à cause de ces restrictions, "les territoires ultramarins risquent de disparaitre des écrans". 

En plus du risque d'une fréquentation amoindrie, les profesionnels du tourisme disent avoir besoin de visibilité pour organiser la reprise de leurs activités. À l'arrêt depuis plusieurs mois, les hôtels, s'ils peuvent à nouveau recevoir des touristes, devront être en mesure de faire face aux flux de voyageurs. "Et ça demande beaucoup de préparation. On a besoin de savoir si on doit embaucher, si on doit rappeler des prestataires", précise Patrick Vial-Collet. 

“Un été de prudence” 

Malgré cette planification encadrée, le gouvernement rappelle qu’il faut rester vigilant pour empêcher toute reprise de la pandémie. "Ça va être un été où il faudra toujours rester prudent", a déclaré le secrétaire d’Etat au tourisme Jean-Baptiste Lemoyne ce lundi. “On a la vaccination (...), les protocoles sanitaires, et c’est important, ça va garantir le succès de l’été”, a ajouté le membre du gouvernement. 

“Pour l’instant la situation est encore inquiétante dans plusieurs territoires ultramarins, notamment à cause de la forte présence des variants aux Antilles-Guyane”, explique Ziad Gebran, conseiller auprès du ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu. Comme le rappelle le ministère, la situation épidémiologique est différente d’un territoire à l’autre, ce qui empêche de prendre une décision unique pour l'ensemble des DROM-COM. “Mais on a bon espoir”, indique le conseiller.