Plus de 3 000 personnes ont reçu une dose du vaccin Moderna dans l'archipel, où l'épidémie a fait 4 morts.
Près de 40% de la population adulte a été vaccinée à Wallis et Futuna, où l'épidémie de Covid-19 a fait quatre morts depuis le 6 mars, a indiqué mardi 30 mars l'Administration supérieure.
"Au dixième jour de la campagne, nous en sommes exactement à 38,5% de la population majeure (3 190 personnes), qui a reçu la première injection de vaccin [Moderna]", a déclaré à l'AFP Hervé Jonathan, l'administrateur supérieur, l'équivalent du préfet.
Une campagne massive de vaccination de toute la population majeure a été lancée le 20 mars à Wallis et Futuna, où 18 000 doses de vaccin ont été acheminées.
Flambée épidémique depuis quelques semaines
A la faveur d'une protection drastique de ses frontières, le territoire était parvenu à rester exempt de Covid-19 pendant un an, avant la détection le 6 mars dernier d'un premier cas, qui n'a pas été considéré comme le patient zéro.
L'épidémie s'est ensuite très rapidement propagée, particulièrement sur l'île de Wallis où 375 cas positifs ont jusqu'alors été recensés contre seulement 10 à Futuna.
Depuis le début de la crise, quatre patientes, âgées de 35 à 83 ans, sont décédées, et sept autres malades, gravement atteints, ont été évacués vers la Nouvelle-Calédonie, distante de 1 800 kilomètres.
"Désormais à Wallis, nous sommes sur un plateau de six à huit cas par jour dans le cadre d'un dépistage massif. A Futuna, le virus circule pas ou très peu"
En plus des vaccins, d'importants renforts sanitaires dont 72 soignants et plusieurs tonnes de matériel médical ont été dépêchés de l'Hexagone, auxquels se sont ajoutés des moyens envoyés par la Nouvelle-Calédonie. La réserve sanitaire sera relevée la semaine prochaine par une équipe à l'effectif équivalent.
Un confinement "strict et contrôlé" est en vigueur à Wallis et Futuna jusqu'au 6 avril, tandis que le trafic aérien entre les deux îles et avec la Nouvelle-Calédonie a été suspendu.
Moderniser les équipements de santé
Cette crise intervient alors qu'une enveloppe de 45 millions d'euros a été débloquée l'an dernier, dans le cadre du "Ségur de la santé", pour rénover et moderniser les équipements de santé de Wallis et Futuna, dont la population est touchée par des niveaux records d'obésité, de diabète et d'hypertension.
Un rapport de la commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale d'octobre 2020 avait pointé "des besoins considérables en investissement" et "des enjeux de santé publique largement délaissés" par l'Etat.
Le rapport juge qu'un engagement financier est "indispensable" et dresse un constat accablant de la situation à Wallis et Futuna où "la dépense courante de santé par habitant est, avec Mayotte, la plus basse des outre-mer français".
"Les bâtiments et locaux sont vétustes, les règles de sécurité élémentaires ne sont pas respectées, le bloc opératoire ne remplit aucune norme ISO. Deux dispensaires sont situés en zone inondable (...) et l'hôpital de Futuna est entièrement amianté"
Avec 70% de la population adulte obèse, 20% de diabétiques diagnostiqués et 34% d'hypertendus, les effets en termes de santé publique sont qualifiés "d'une gravité extrême". A Wallis et Futuna, l'espérance de vie plafonne à 76,9 ans contre 83,4 ans dans l'Hexagone, tandis que chaque mois environ 70 personnes font l'objet d'une évacuation sanitaire vers la Nouvelle-Calédonie, l'Australie ou l'Hexagone.
Si la mauvaise hygiène de vie (tabac, alcool, alimentation riche et transformée) est la cause principale, l'Agence de santé, établissement d'Etat, "ne s'est jamais réellement emparée de sa mission de prévention". Lors du "Ségur de la santé", 49 millions d'euros ont été débloqués.
"Pour le moment, ces récents crédits ne sont pas mis en oeuvre car on a été impacté par la crise du Covid mais on en a vraiment besoin"
Ces sommes vont permettre au cours des prochaines années une rénovation profonde au travers notamment de la construction d'un nouvel hôpital à Futuna, de la création de postes, du développement de la télémédecine et d'un service de soins infirmiers à domicile et de l'élaboration d'une politique de santé publique.
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