Intrants bien plus chers que dans l'Hexagone, prix en dessous du coût de production, exportation coûteuse : le monde agricole ultramarin est également touché par la crise. La1ere.fr a rencontré des éleveurs et agriculteurs au Salon de l'agriculture.
Depuis l'été 2015, les éleveurs et agriculteurs français manifestent dans toute la France métropolitaine. Des actions coup de poing pour alerter sur leurs difficultés financières et pour demander aux pouvoirs publics d'agir contre les cours très bas auxquels sont achetées leurs productions, porcs et bovins en tête. Ils dénoncent également les marges des intermédiaires qu'ils jugent abusives.
En Outre-mer, les éleveurs et agriculteurs rencontrent les mêmes difficultés auxquelles s'ajoutent le prix des intrants (engrais, produits phytosanitaires), l'éloignement ainsi que plusieurs facteurs locaux qu'ils détaillent à La1ere lors du Salon International de l'Agriculture de Paris (27 février-06 mars 2016).
Dès le début de la crise dans l'Hexagone à l'été 2015, "nous nous sommes mobilisés ici aussi. Nos revendications : un fonds d'allégement des charges sociales, annoncé seulement la semaine passée par François Hollande. Il faut aussi un prix rémunérateur, même si nous avons des aides. Par exemple, la volaille est vendue 1,20 euro le kilo aux supermarchés qui le revendent aux consommateurs à 7-8 euros le kilo. D'autres produits sont deux à trois fois plus cher. Cela est en partie dû aux intermédiaires, notamment les abatteurs et aux marges de la grande distribution De plus, la viande congelée importée est estampillée Union européenne est moins chère que la viande martiniquaise", s'exclame Corinne Calixte.
La Martiniquaise propose plusieurs solutions pour améliorer la situation : "travailler sur la baisse du prix des intrants pour permettre aux producteurs de dégager plus de marge. Mais aussi baisser les prix de la production locale au consommateur. Celui-ci achèterait plus, entraînant plus de production. Il faut mettre en valeur les produits locaux en les identifiants comme tels. Nous avons négocié en ce sens avec la grande distribution", conclut-elle.
Autre problème : "le fret est très cher. Surtout que le port de Guyane est le plus cher d'Europe sur le coût du transport", regrette François Jean-Hubert. Un frein donc à l'exportation des productions guyanaises.
"Nous sommes très dépendants du marché extérieur", ajoute Béatrice Lau, productrice d'agrumes à Iracoubo et vice-présidente de la chambre d'agriculture. "Le taux de couverture du marché local est faible, notamment dans la production animale. Notre production bovine n'assure que 30 % des besoins du marché. Pour ce qui est des petits ruminants, on arrive à 6 %. Pour la volaille, c'est presque 0 %", détaille Jérémy Le Caille, chargé de mission agriculture à la collectivité territoriale de Guyane.
L'agriculture guyanaise se heurte aussi à des contraintes environnementales : "des sols acides et lessivés par des précipitations constantes qui font qu'ils se dégradent facilement. Et qu'il est difficile de les mettre en valeur", poursuit-il.
Le but pour l'avenir : trouver des solutions pour développer l'agriculture locale. "Il y a un grand enjeu démographique, d'ici 2030, la population guyanaise aura doublé selon les prévisions. Il faut trouver les solutions pour lever les freins au développement", termine Jérémy Le Caille.
Autre problème : "trop de normes en France et la multiplication des contrôles. D'autres pays utilisent des produits phytosanitaires dangereux pour la santé, interdits à La Réunion. Bien sûr, ils doivent l'être, mais ce qui n'est pas acceptable, c'est que ces pays, qui ont une main d'œuvre moins chère, vendent tout de même leurs fruits et légumes en France. C'est de la concurrence déloyale", fustige-t-il.
Enfin, l'éloignement de l'île rend chère l'exportation vers l'Hexagone.
"Nous sommes beaucoup plus proches du marché australien, à trois jours de bateau. L'Australie fournit la Nouvelle-Calédonie en maïs, blé, millet ou sorgho, des céréales qui entrent dans la fabrication de nourriture pour les animaux. Les cultures céréalières sont peu développées", explique Jean-Paul Ruze.
L'homme pointe tout de même plusieurs problèmes, notamment liés à l'élevage des 300.000 cerfs que compte l'île. "Ils mangent les pâturages des bovins. On n'a pas su réguler leur nombre, ce qu'il faut faire aujourd'hui", juge-t-il. "Il y a aussi les sécheresses qui nous affectent. Les réserves de foin avaient été faites, mais elles ont été vite épuisées".
En Outre-mer, les éleveurs et agriculteurs rencontrent les mêmes difficultés auxquelles s'ajoutent le prix des intrants (engrais, produits phytosanitaires), l'éloignement ainsi que plusieurs facteurs locaux qu'ils détaillent à La1ere lors du Salon International de l'Agriculture de Paris (27 février-06 mars 2016).
Martinique : la demande d'un prix rémunérateur
Pour Corinne Calixte, éleveur de bovins au Gros-Morne et vice-présidente de la chambre d'agriculture de Martinique, "on paie tout beaucoup plus cher, surtout les intrants et certains aliments comme le soja. En France, il coûte 300 euros la tonne. En Martinique, c'est 700 euros".Dès le début de la crise dans l'Hexagone à l'été 2015, "nous nous sommes mobilisés ici aussi. Nos revendications : un fonds d'allégement des charges sociales, annoncé seulement la semaine passée par François Hollande. Il faut aussi un prix rémunérateur, même si nous avons des aides. Par exemple, la volaille est vendue 1,20 euro le kilo aux supermarchés qui le revendent aux consommateurs à 7-8 euros le kilo. D'autres produits sont deux à trois fois plus cher. Cela est en partie dû aux intermédiaires, notamment les abatteurs et aux marges de la grande distribution De plus, la viande congelée importée est estampillée Union européenne est moins chère que la viande martiniquaise", s'exclame Corinne Calixte.
La Martiniquaise propose plusieurs solutions pour améliorer la situation : "travailler sur la baisse du prix des intrants pour permettre aux producteurs de dégager plus de marge. Mais aussi baisser les prix de la production locale au consommateur. Celui-ci achèterait plus, entraînant plus de production. Il faut mettre en valeur les produits locaux en les identifiants comme tels. Nous avons négocié en ce sens avec la grande distribution", conclut-elle.
La Guyane : intrants trop chers et concurrence des pays voisins
La Guyane n'est pas touchée par la crise agricole telle qu'on la connaît dans l'Hexagone. C'est ce qu'estime François Jean-Hubert, secrétaire général de la chambre d'agriculture de Guyane. Néanmoins, la production locale a du mal à être concurrentielle par rapport aux importations. "Cela est lié aux intrants 40 % plus chers qu'en métropole, mais aussi au coût de production locale", déplore-t-il. Il pointe la compétition déloyale avec le Suriname. "Un salaire minimum deux fois moins élevé, et donc un coût de production plus bas. La pastèque et la banane sont par exemple moitié prix là-bas".Autre problème : "le fret est très cher. Surtout que le port de Guyane est le plus cher d'Europe sur le coût du transport", regrette François Jean-Hubert. Un frein donc à l'exportation des productions guyanaises.
"Nous sommes très dépendants du marché extérieur", ajoute Béatrice Lau, productrice d'agrumes à Iracoubo et vice-présidente de la chambre d'agriculture. "Le taux de couverture du marché local est faible, notamment dans la production animale. Notre production bovine n'assure que 30 % des besoins du marché. Pour ce qui est des petits ruminants, on arrive à 6 %. Pour la volaille, c'est presque 0 %", détaille Jérémy Le Caille, chargé de mission agriculture à la collectivité territoriale de Guyane.
L'agriculture guyanaise se heurte aussi à des contraintes environnementales : "des sols acides et lessivés par des précipitations constantes qui font qu'ils se dégradent facilement. Et qu'il est difficile de les mettre en valeur", poursuit-il.
Le but pour l'avenir : trouver des solutions pour développer l'agriculture locale. "Il y a un grand enjeu démographique, d'ici 2030, la population guyanaise aura doublé selon les prévisions. Il faut trouver les solutions pour lever les freins au développement", termine Jérémy Le Caille.
La Réunion : "si on enlève les aides, on est fini"
Derrière ses étals de fruits, Christian Barret est bougon. Cet agriculteur, président de la coopérative SCA Fruits de La Réunion "ne sait pas comment on va faire demain. Si on enlève les aides, on est fini. On arrivera plus à payer nos factures". En cause notamment, les difficultés liées au commerce de la canne à sucre. "Le coût de production est très élevé, les engrais sont chers, tout comme la main d'œuvre", déplore-t-il.Autre problème : "trop de normes en France et la multiplication des contrôles. D'autres pays utilisent des produits phytosanitaires dangereux pour la santé, interdits à La Réunion. Bien sûr, ils doivent l'être, mais ce qui n'est pas acceptable, c'est que ces pays, qui ont une main d'œuvre moins chère, vendent tout de même leurs fruits et légumes en France. C'est de la concurrence déloyale", fustige-t-il.
Enfin, l'éloignement de l'île rend chère l'exportation vers l'Hexagone.
Nouvelle-Calédonie : pas d'impact de la crise française
"Sur le Caillou, nous n'avons pas les problèmes que rencontrent les métropolitains", assure Jean-Paul Ruze, responsable du stand de Nouvelle-Calédonie et ancien éleveur de cerfs et de bovins. "Les seules transactions avec l'Hexagone sont celles de matériel agricole", poursuit-il. La Nouvelle-Calédonie est quasiment autosuffisante en production de viande bovine et porcine. La production laitière est faible, le lait est importé d'Australie."Nous sommes beaucoup plus proches du marché australien, à trois jours de bateau. L'Australie fournit la Nouvelle-Calédonie en maïs, blé, millet ou sorgho, des céréales qui entrent dans la fabrication de nourriture pour les animaux. Les cultures céréalières sont peu développées", explique Jean-Paul Ruze.
L'homme pointe tout de même plusieurs problèmes, notamment liés à l'élevage des 300.000 cerfs que compte l'île. "Ils mangent les pâturages des bovins. On n'a pas su réguler leur nombre, ce qu'il faut faire aujourd'hui", juge-t-il. "Il y a aussi les sécheresses qui nous affectent. Les réserves de foin avaient été faites, mais elles ont été vite épuisées".