Cuba : le coronavirus accélère la libération de prisonniers

Une rue de La Havane à Cuba le 17 avril.
Le coronavirus vide (un peu) les prisons cubaines. 6 158 prisonniers ont bénéficié d’une remise en liberté anticipée en avril. 420 autres ont été libérés dans l’attente, chez eux, de leur procès.
Peuplée de 11,5 millions d’habitants, Cuba compte officiellement près de 1 600 cas de Covid-19, avec 64 décès. Aucun n’aurait été diagnostiqué parmi les 57 300 détenus du pays. Les prisons cubaines seraient donc épargnées par le covid-19. Ce serait même peut-être le seul pays au Monde dans ce cas, si l’on excepte le Turkménistan, qui ne compterait officiellement aucun cas sur tout son territoire. Il est vrai que dans ce dernier pays, on peut se faire arrêter pour avoir simplement prononcé le mot « coronavirus ».
 

De nombreuses libérations anticipées

La situation de la Havane pourrait s’expliquer par des libérations massives et discrètes de détenus depuis deux mois. Elles n’ont été dévoilées que début mai. 6 158 prisonniers sur 57 300 auraient ainsi bénéficié d’une libération anticipée. En raison des contraintes liées à la crise, Otto Molina, président de la section criminelle de la Cour Suprême cubaine explique qu’ "au vu de la durée de leur détention déjà effectuée, les 6 158 prisonniers pouvaient être libérés avant la fin de leurs peines."
 
420 autres détenus, en détention  préventive, auraient été renvoyés à leur domicile dans l’attente d’un procès. Toutes ces personnes libérées subissent, de toutes façons, les restrictions imposées par les autorités à toute la population, à cause de la pandémie.
   

Il n’y a pas qu’à Cuba

Cuba n’est pas le seul pays à faire de la place dans son système carcéral, pour éviter la propagation du virus liée à la promiscuité. Des centaines de milliers de détenus ont ainsi été relâchées dans le monde, parfois de façon temporaire. Ils sont généralement en fin de peine ou âgés. On en compterait 85 000 en Iran, 30 000 au Brésil, 11 500 en France (dont plusieurs dizaines en Guadeloupe depuis la mi-mars).

Mais la Havane l’aurait fait avant que la maladie ne se répande dans les établissements pénitentiaires. Peut-être une leçon tirée de l’expérience d’autres nations, où la pandémie est plus avancée et où le surpeuplement des centres de détention y aurait fait exploser la proportion de malades. Elle pourrait dépasser 40% dans certaines prisons américaines.
   

Importante population carcérale dans l’île

À Cuba, le risque était élevé. Avec 510 prisonniers pour 100 000 habitants, le pays serait au sixième rang mondial pour son taux de détention, après les Etats Unis, la Russie, le Salvador, le Turkménistan et la Thaïlande. Une sévérité du régime castriste qui le conduit à une forme de contradiction. Il libère des détenus pour éviter la contagion carcérale, mais il en enferme d’autres, accusés de "répandre une épidémie”, pour un an de travail forcé “correctionnel”, au terme de procès expéditifs. Les accusés n’ont pas respecté les restrictions, entre autres de déplacement, imposées pour lutter contre la maladie. Heureusement, les sentences peuvent souvent se limiter à une lourde amende.