Le président de l'Union des Comores a décrété lundi une semaine de deuil national après le passage du cyclone Chido sur l'île française voisine de Mayotte où les autorités redoutent "plusieurs centaines" de morts, surtout dans les bidonvilles peuplés de nombreux Comoriens. "Un deuil national d'une semaine est décrété sur l'ensemble du territoire national, du lundi 16 au dimanche 22 décembre 2024 inclus, suite au passage du cyclone Chido qui a fait de nombreuses victimes et d'énormes dégâts matériels sur l'archipel des Comores, principalement à Mayotte", selon un décret du président Assoumani Azali.
Ile sœur de l'archipel, Mayotte, ravagée samedi par des rafales de vent à plus de 220 km/h, a choisi de rester en France par deux référendums en 1974 et 1976 au moment de la proclamation de l'indépendance des Comores. Séparée de seulement 70 kilomètres et devenue département français en 2011, Mayotte compte une population officielle pour moitié étrangère selon les derniers chiffres de l'institut national de statistiques français, soit 123 000 personnes en 2017 dont 95% étaient comoriennes. Cela sans compter les nombreuses personnes ralliant l'île clandestinement en "kwassa kwassa", nom des pirogues comoriennes.
Crainte des contrôles
Ancienne colonie française de tradition sunnite, les Comores ont connu une histoire tumultueuse, jalonnée de vingt coups d'État ou tentatives depuis 1975 et contrariée par la perte de Mayotte qui alimente une querelle de souveraineté de faible intensité avec Paris.
Le pays dépend largement des fonds envoyés par la diaspora, notamment de France. Marseille, où s'exilent de nombreux migrants, est parfois surnommée la cinquième île des Comores, tandis que la pauvreté pousse tous les jours des Comoriens à tenter de gagner Mayotte.
"Tous les bidonvilles sont couchés, ce qui laisse augurer un nombre considérable de victimes", à Mayotte, avait indiqué samedi à l'AFP une source proche des autorités françaises à la suite du passage de Chido. Mayotte compte officiellement 320 000 habitants, "mais on estime qu'il y a 100 000 à 200 000 personnes de plus, compte tenu de l'immigration illégale", avait ajouté cette même source, estimant que peu d'habitants en situation irrégulière ont rejoint les centres d'hébergement avant le passage du cyclone, "sans doute de peur d'être contrôlés".
Le cyclone Chido est le plus intense qu'ait connu Mayotte depuis 90 ans. Classé en catégorie 4 (sur 5), il a traversé samedi de part en part le petit archipel où environ un tiers de la population vit dans de l'habitat précaire.