Entre les courses qui durent toute la journée, la question du réseau téléphonique dans le désert saoudien et le décalage horaire, il est parfois difficile de joindre les pilotes.
Mais à la fin de la 4e étape de cette édition qui se déroule du 31 décembre 2022 au 15 janvier 2023, le Réunionnais Rodolphe De Palmas a réussi à nous consacrer quelques minutes pour nous donner ses premières impressions.
"On sait que le Dakar est dur, mais une fois qu’on est dedans, on se rend compte qu'on est vraiment chez les grands, reconnaît le pilote de 36 ans. On a à peine le temps de s’alimenter. On part tôt le matin, on rentre tard le soir, et j’ai du mal à prendre du plaisir pour l’instant. Le plaisir, ce sera pour après je crois." Et il l'assure : "Le Dakar porte bien son nom : c’est le plus grand et le plus dur, il n'y a rien à dire."
Des airbags pour éviter les traumas
Un rallye dur notamment à cause de la "difficulté physique" de faire de la moto toute la journée sur un sable changeant.
"J’ai fait deux chutes, une hier, une aujourd’hui [mardi 3 et mercredi 4 janvier, NDLR] avec déclenchement d’airbag. On a des airbags sur nous et pour les grosses chutes ça se déclenche pour éviter les gros traumas, explique Rodolphe. C’est une nouveauté, ça marche super bien. La preuve, c'est que je suis encore là ce soir."
Ce n’est malheureusement pas le cas de son ami d’enfance Loïs d’Abbadie avec qui il a relevé le défi du Dakar pour la première fois cette année. Ce dernier a fait une chute sur la première étape qui lui a fracturé la clavicule.
"Le buisson m'a éjecté"
Dans une vidéo réalisée par le site officiel Dakar 2023 et visionnables ci-dessous, le Réunionnais explique avoir eu de la "malchance".
"J'avais ma trajectoire, elle était bonne, mais je pense qu'il y a un caillou qui m'a légèrement dévié, raconte-t-il. À ce moment-là, j'ai pris un buisson sur la gauche. Et ici, les buissons, c'est du béton ! Le buisson m'a éjecté et m'a propulsé... J'ai atterri 20 mètres après le buisson."
Loïs a cependant tenu à terminer l’étape, recevant pour cela le prix de la combativité. S'il a hésité un temps à poursuivre la course malgré la souffrance, il a décidé finalement d'arrêter.
Il est rentré ce mardi à La Réunion où il devait rencontrer un chirurgien pour une possible opération de la clavicule. Pour Rodolphe, "c’est un peu la désillusion" : "Parce que c’est mon meilleur pote, il était très bien préparé."
Une moto en cadeau
Les deux hommes sont amis depuis l'enfance. Ils ont grandi ensemble à La Réunion et vivent aujourd’hui à Saint-Gilles les Bains au nord-ouest de l’île. Leur amitié s’est notamment nouée autour des deux-roues.
"Loïs est un peu plus âgé que moi. Sa première moto, c'était un 103 et il m’a donné son 103 qui était donc ma première moto, se souvient Rodolphe. Après, on s’est rejoint sur les pistes, on a fait pas mal d’enduro et de cross à La Réunion et on essaye de s’exiler un peu plus, à Madagascar, en métropole ou même au Maroc pour rouler de plus en plus."
Ils n’imaginaient cependant pas tenter le Dakar, jusqu’à ce que Stéphane Hamard leur prouve que rien n’était impossible. Avant cette édition 2023, le natif de la Bretagne installé à La Réunion avait déjà participé cinq fois au Dakar, deux fois en Afrique et trois fois en Amérique latine.
"C’est lui qui nous a raconté ses histoires d’année en année, et qui nous a permis de rendre ce rêve de gamin accessible", souffle Rodolphe. Il se souvient d’ailleurs qu’il regardait enfant le Paris-Dakar à la télé : "Pour moi, c'était un rêve, c’était inimaginable".
1er Réunionnais à finir le Dakar ?
S’il a donc déjà réalisé son rêve en étant sur la ligne de départ de cette mythique course, il vise maintenant "la médaille de finisher". Un exploit qu’il compte bien réussir pour lui mais aussi pour son ami Loïs : "On reste en contact tous les jours, il m’envoie des messages d’encouragement le matin, le soir… Je le fais pour lui également, on partage tellement de choses."
Si Rodolphe parvient à parcourir les près de 5.000 kilomètres du parcours répartis sur 14 étapes, il sera le premier Réunionnais à boucler un Dakar.