Dans "Jesse Owens", Alain Foix raconte le destin épique de l'athlète afro-américain, héros des Jeux Olympiques de 1936

"Jesse Owens", par Alain Foix (folio biographies).
À quelques semaines des Jeux Olympiques de Paris, l’écrivain et philosophe guadeloupéen Alain Foix signe le récit fantastique de la vie de Jesse Owens, qui mit à mal la théorie nazie de la supériorité de la race aryenne.

L’histoire de Jesse Owens, c’est un peu l’histoire, en cette première partie du vingtième siècle, du fracas du monde. En août 1936, l’athlète afro-américain ne se contente pas de remporter quatre médailles d’or (100m, 200m, saut en longueur et 4X100m) durant les Jeux de Berlin. Pointes aux pieds, il met surtout à mal la théorie de la supériorité de la race aryenne dont le Führer attendait le triomphe dans l’Olympiastadion, le stade olympique "où devait éclore l’homme nouveau".

Si Jesse Owens connait une parenthèse heureuse avec cette olympiade, il déchantera de retour chez lui aux États-Unis où sévissent racisme et ségrégation. Même Harlem l’accueille froidement : Jesse Owens s’est affiché aux côtés du champion de boxe poids lourds Jack Dempsey, raciste notoire, qui avait refusé de se battre contre des Noirs. Et sa communauté s’en souvient.

Complaire à l'idéologie nazie

En nous racontant la vie de l’athlète le plus rapide de l’entre-deux-guerres, l’auteur Alain Foix nous restitue surtout une époque au contexte idéologique chargé. Une Allemagne nazie et une Amérique où les Noirs n’ont pas encore remporté la lutte des droits civiques. Ce qui, bien sûr, n’empêche pas le miracle des simples rencontres humaines. Ainsi, à Berlin, en finale du saut en longueur, alors que l’athlète américain a déjà mordu ses deux premiers essais pour se qualifier, c’est l’Allemand Luz Long, le favori d’Hitler, qui lui prodigue les bons conseils pour qu’il se qualifie et remporte le concours. Les deux athlètes deviendront amis par la suite.

Mais que dire du comportement du staff de l’équipe américaine. Au tout dernier moment, les entraîneurs modifient la composition du relais 4X100m. Ils enlèvent les deux relayeurs de confession juive et les remplacent par Jesse Owens et un autre sprinter. Les athlètes ont bien compris que c’est une basse manœuvre pour complaire à l’idéologie nazie.

Bien avant le poing levé des sprinters Tommie Smith et John Carlos aux Jeux de Mexico 68, et ensuite l’attentat perpétré contre l’équipe israélienne aux Jeux de Munich en 72, cette biographie captivante du héros des Jeux de Berlin en 1936 (Jesse Owens finira presque ambassadeur) nous rappelle opportunément que le geste sportif est souvent un geste politique.

Jesse Owens (folio biographies), par Alain Foix.