Dans l'Hexagone, plusieurs manifestations contre Wuambushu et la politique migratoire du gouvernement

Manifestation à Paris contre le projet de loi Immigration portée par le ministre de l'Intérieur Gerald Darmanin, et contre l'opération Wuambushu a Mayotte, le 29 avril 2023.
Plusieurs milliers de personnes ont défilé samedi à Paris, mais aussi dans d'autres villes de l'Hexagone, contre la loi immigration portée par le ministre de l'Intérieur et des Outre-mer Gérald Darmanin, et contre l'opération "Wuambushu" à Mayotte.

Tandis que de nombreux habitants de Mayotte se réunissaient sur la place de la République de Mamoudzou pour afficher leur soutien à la France et à l'opération Wuambushu samedi 29 avril, des milliers de personnes sont descendues dans les rues dans plusieurs villes de l'Hexagone pour dénoncer la politique de Gérald Darmanin. À Paris, environ 2.300 manifestants, selon la préfecture de police, répondant à l'appel du Collectif "UCIJ 2023" (Unis contre l'immigration jetable"), ont défilé derrière une banderole proclamant "Non à la loi Darmanin. Contre la répression, l'enfermement et les expulsions, pour une politique migratoire d'accueil, régularisez". Dans le cortège parisien se trouvait également le Collectif Stop Wuambushu à Mayotte. Ses représentants brandissaient le message : "Mayotte est comorienne et le restera à jamais".

Des manifestants à Paris le 29 avril 2023 derrière une banderole avec le message : "Stop Uwambushu, Mayotte est comorienne et le restera pour toujours".


Le projet de loi immigration, que le gouvernement vient de reporter à l'automne, "est une loi raciste, qui a pour objectif de criminaliser les étrangers" et d'aboutir à "plus d'expulsions", a dénoncé Aboubacar, 31 ans, un sans-papier malien. "Le problème ce n'est pas l'immigration, c'est l'exploitation et les patrons voyous", a ajouté ce salarié d'un sous-traitant de La Poste à Alfortville (Val-de-Marne), qui, avec ses collègues se bat depuis 17 mois pour obtenir sa régularisation.

Contre l'opération Wuambushu à Mayotte

Les participants entendaient aussi protester contre l'opération sécuritaire "Wuambushu" menée par les autorités à Mayotte pour déloger les migrants en situation irrégulière, pour la plupart comoriens. 

La façon dont sont traités les Comoriens sans papiers est indigne d'un pays comme la France.

Marie-Christine Vergiat, vice-présidente de la Ligue des droits de l'homme et ancienne eurodéputée

Le projet de loi Darmanin et l'opération à Mayotte sont liés, a expliqué à l'AFP Saïd Mhamadi de l'Appel de Marseille, organisation civile de la population comorienne dans la cité phocéenne, où 200 à 300 personnes ont manifesté. "D'un côté, une loi, certes repoussée, mais clairement inspirée des idées du Rassemblement national, et de l'autre une opération" qui amène "chaos et échec" et "veut lutter contre la violence, mais par la violence", a-t-il dénoncé.

La loi Darmanin "rentre en résonance avec l'opération déplorable, insupportable à Mayotte qui bafoue les droits fondamentaux des gens sur place", a également dénoncé le député marseillais de La France Insoumise Manuel Bompard.


À Rennes, plus de 500 personnes ont défilé aux cris de "À bas l'État policier" ou "Darmanin dans la Vilaine" (le fleuve qui traverse la capitale bretonne, NDLR). "Je suis venu par solidarité avec les Comores et pour protester contre les mesures brutales de la France à Mayotte, c'est très violent et il y a moyen de gérer ça autrement", a dit à l'AFP Théodore Sobezy, monteur-câbleur de 32 ans.

À Strasbourg, les manifestants étaient environ 110, réunis derrière deux banderoles "Ni frontière, ni nation, Liberté de circulation" et "Contre le racisme, contre le fascisme, régularisation de tous les sans-papiers". Parmi eux, Sandra Regol, députée EELV/Nupes, a dénoncé un gouvernement qui "déroule un tapis rouge au Rassemblement national" et qui "fait des choix dangereux pour la démocratie et pour la France".