Valérie Pécresse tend son poing fermé, le check a remplacé la poignée de mains. "On fait comme ça, désormais", dit-elle, la mâchoire un instant serrée, comme pour afficher sa détermination et sa rage de vaincre à toute épreuve. Comme Nicolas Sarkozy. Mais ce n’est pas vraiment elle.
Valérie Pécresse a prévenu, elle n’exposera pas sa vie privée. Tout juste sait-on qu’elle aime les animaux, en particulier son chien Drops, un beagle qui l’accompagne depuis 14 ans. Pour se dévoiler, les politiques préfèrent désormais le podcast enregistré en interne, sans risque, au passage sur le canapé rouge de Michel Drucker. Pour approcher la personnalité de Valérie Pécresse, il faut se pencher sur l’aménagement de son QG de campagne. Une décoration qui lui "ressemble".
Le QG est situé dans une rue calme d’un quartier huppé de l’ouest parisien, entre une pâtisserie et un cabinet de formation et coaching. L’entrée est tenue par deux hommes aux cheveux blancs, époque RPR. La première salle, aux tons bleu clair et blanc, a des allures de chambre d’enfant. Dans un savant mélange entre nostalgie et modernité, on y trouve un appareil téléphonique à cadran à proximité d’une mini-jeep de la RAF, couleur pastel. Plus loin, des répliques du robot R2D2, ou encore la copie géante d’un téléphone Nokia 3210, comme autant de madeleines adulescentes. C’est ensuite l’espace salle à manger coworking, avec un cosmonaute grandeur nature dans un coin. Un petit panneau, sur lequel est inscrit "C’est là où les gens trouvent l’inspiration – no pressure", indique la direction… des toilettes, rebaptisées thinking room. A l’intérieur, deux portes s’offrent à l’utilisateur, selon l’inspiration : Brainstorm, ou Imagine.
Virginie Ruffenach, élue loyaliste de Nouvelle-Calédonie qui lui a rendu visite, s’enthousiasme. Dans l’escalier, sont même affichées les calories perdues à chaque pas : "On voit que c’est une femme" qui s’est chargée de la déco ! Il n’y a pas l’effervescence d’une fourmilière en plein travail, ni coussins géants et babyfoot, façon start up. Juste l’idée de se sentir à l’aise. Comme chez soi. D’ailleurs, lorsque Valérie Pécresse reçoit la presse c’est dans la pièce suivante, ambiance cuisine, avec des bocaux remplis de pâtes alimentaires sur les étagères. Comme à la maison.
La "femme du faire"
La candidate à l’Elysée vient faire le compte-rendu de son rendez-vous consacré à la Nouvelle-Calédonie. Valérie Pécresse n’a jamais eu à gérer le dossier calédonien mais Virginie Ruffenach assure qu’elle est "très intéressée" et "très ouverte à la discussion". Valérie Pécresse lit son texte sans le lâcher des yeux. Son papier fait office de prompteur. Nous reviennent en tête les images de son discours du Zénith de Paris. A chaque virgule, elle baisse la tête et plonge son regard sur le texte qui semble préparé par un autre. Entre les lignes, elle affiche l’image de la "femme du faire", voulant régler la question calédonienne dans les six premiers mois de sa mandature, tout en touchant à l’épineuse question du corps électoral spécial. "Attendre n’est pas la solution", dit-elle dans une comparaison avec Emmanuel Macron.
On élargit la question : est-elle favorable à donner davantage d’autonomie aux autres départements et régions d’outre-mer, sur le modèle calédonien ? La réponse ne se trouve pas sur son papier. Elle se décide enfin à l’écarter de son champ de vision. Résultat, sa réponse est fluide, plus naturelle : "Moi, je n’ai pas peur de l’autonomie. Ce que je veux, c’est que cette autonomie se fasse évidemment dans la République et avec l’objectif d’apporter des solutions concrètes aux problèmes des populations." Elle se définit même "régionaliste, patriote et européenne".
Autour d’elle, sont inscrites sur le mur des citations feel good pour retrouver la motivation en cas de contrariété passagère. Ou se bercer d’illusions. Car comme disait Winston Churchill : "Le succès, c’est aller d’échec en échec sans perdre son enthousiasme." Sauf à être soi-même.